Portraits d’étudiants en francisation: la classe de Mme Suzanne

Par Emelie Bernier 9:00 AM - 5 juin 2022
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Courtoisie

(13 de 13) Tout quitter pour rebâtir sa vie à 1000 lieux de la terre natale, le feriez-vous? Dans la classe de francisation de l’enseignante Suzanne Rhéaume, les élèves ont ce dénominateur commun. Durant 13 jours, à raison d’un portrait par jour, Le Charlevoisien vous invite à la rencontre de ces néo-Charlevoisiens qui débarquent de Finlande, du Brésil, du Japon, du Mexique  ou d’ailleurs pour écrire un  nouveau chapitre de leur vie dans le plus bel écrin qui soit, Charlevoix

Nom : Fatima Foltz

Âge : 28 ans

Arrivée dans Charlevoix:
octobre 2020

Pays d’origine : Ossétie du_Nord (Fédération russe)

Les trois dernières années de la vie de Fatima ont été pour le moins étourdissantes. Un mariage, une grossesse, plusieurs déménagements et encore davantage de vols au long cours. Sans oublier, en filigrane, une pandémie et, bien sûr, des quarantaines à répétition… Enfin, sa petite famille est posée et c’est ici, dans Charlevoix, qu’elle a fabriqué son nid.

« Nous avons vécu une période un peu folle… En janvier 2020, en Russie, je me suis marié avec Richard Foltz, un Montréalais professeur à l’Université Concordia.  Nous avons fait notre lune de miel au Sri Lanka. Mais après deux semaines la pandémie est arrivée et nous avons été confinés dans notre hôtel à Colombo pendant un mois et demi», raconte Fatima dans un français entrecoupé de mots anglais.

Évacués vers Moscou, le couple se voit imposé un second confinement.  «Je suis tombée enceinte peu de temps après et j’aurais souhaité accoucher auprès de ma famille, mais les autorités russes ont refusé un permis de séjour à Richard, nous obligeant à quitter le pays», poursuit Fatima Foltz.

Sa demande de résidence permanente au Canada était alors en traitement et le couple décide de voler vers la Turquie. La chaleur et la grossesse sont incompatibles. «Parmi les rares autres pays encore ouverts à nos deux passeports, nous avons choisi le Brésil. Mais là-bas, en tant que touristes, on n’avait pas le droit s’ouvrir un compte de banque et nos cartes ont été bloquées… »

Fatima était en possession d’un visa touristique pour le Canada, mais comme elle n’était pas encore résidente, son accouchement risquait de coûter cher. « Cependant, à ce stade-là, on n’avait pas vraiment le choix, alors on a décidé de venir ici», résume-t-elle. Après l’atterrissage à Toronto, ils ont droit à une énième quarantaine…

Chercher son nid

« Mon mari avait vendu sa maison à Montréal avant de partir en Russie et, comme tout le monde télétravaillait, il m’a proposé de visiter tout le Québec. « Après, m’a-t-il dit, on vivra là où tu voudras..» On a fait le tour!», se rappelle Fatima qui a eu un véritable coup de foudre pour Charlevoix.  «On a trouvé une maison au bord de l’eau, et ça semblait être le destin », poursuit Fatima.

Comme la grossesse arrivait bientôt à terme, la possibilité d’accoucher tout près était un gros bonus! «J’aime beaucoup la baie et marcher le long du fleuve. C’est calme, il y a les montagnes…»

Après avoir vécu toutes ces péripéties bien au chaud dans le ventre de sa maman, le petit Roger est finalement né ici, à l’Hôpital de La Malbaie. Fatima à eu sa résidence permanente, et un deuxième bébé est maintenant attendu.

Depuis, le conjoint de Fatima, Richard, a toutefois dû recommencer à travailler « en présentiel », à Montréal, mais le duo a tout de même choisi de s’ancrer dans Charlevoix. « Il va faire la navette pour l’instant », résume Fatima.

Outre la maternité, l’apprentissage du français est le principal défi de l’Ossète aux grands yeux rieurs depuis son arrivée au pays.

« Je parle le russe, l’ossète, l’italien, l’anglais… Mais le français est un peu spécial, surtout en ce qui concerne la prononciation, et avec la pandémie, je n’ai pas pu rencontrer beaucoup de monde… Pour apprendre une langue, il faut la parler! Parfois, je parle avec des gens que je vois dans la rue, mais ça va très vite! J’ai très hâte de maîtriser le français davantage. Comme je parle anglais, à Montréal, j’aurais pu me débrouiller sans le français, mais c’est une bonne chose d’être dans Charlevoix. Je suis plus motivée à pratiquer », raconte-t-elle.

Les cours de français dans la classe de Mme Suzanne sont une autre occasion de cheminer dans son apprentissage de la langue de Molière.

Et de rencontrer, bien que par écrans interposés, des êtres humains aux parcours tout aussi fascinants que le sien.

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NDLR: Les cours de francisation aux citoyens ainsi qu’au Service aux entreprises sont offerts par le Centre d’éducation des adultes et de formation professionnelle de Charlevoix (CÉAFP) au Pavillon Les Cimes à La Malbaie et au Pavillon Saint-Aubin à Baie-Saint-Paul. Les cours offerts par Suzanne Rhéaume sont destinés aux individus dans le cadre de la formation aux adultes.

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