Philippe et ses hérons

Par Michel-Paul Côté 9:54 AM - 16 août 2023
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Le grand héron: En anglais on l’appelle le grand héron bleu, parfois le grand héron gris. En français, c’est le grand héron. Mais son plumage caractéristique démontre bien pourquoi les anglophones utilisent les mots couleurs dans son nom.

Dimanche dernier, c’était l’anniversaire d’un vieux copain, Philippe. Un des avantages d’avancer en âge est qu’on peut compter sur de vieilles amitiés. Philippe fait partie de ce groupe restreint. Les hasards de la vie ont fait que Philippe et sa conjointe Diane sont venus s’établir à l’Isle-aux-Coudres récemment, secteur La Baleine, avec vue sur le fleuve.

Il m’a contacté quelques jours avant son anniversaire (il n’aime pas trop en parler) : « Michel, je vois dans mon télescope 2 grands hérons, 2 grandes aigrettes et 1 héron vert. »

Évidemment, lorsque je me suis pointé chez lui dimanche, une petite tournée d’observation s’imposait. La notion de petite tournée est très vague chez les amateurs d’oiseaux. Et L’Isle-aux-Coudres est probablement le meilleur endroit dans Charlevoix pour observer les oiseaux, peu importe le moment de l’année. Bien ancrée dans le fleuve, l’île attire et retient beaucoup d’espèces qui fréquentent la rive sud mais ne traversent pas vers les montagnes de Charlevoix.

Nous devions, Philippe et moi, compléter le recensement des sites d’observation de l’île dans le cadre d’un projet proposé par la SHEC et adopté par résolution par le conseil de ville de l’île. Le potentiel ornithologique de l’île est immense et les élus municipaux veulent en faire profiter la communauté. Nous aurons l’occasion d’en parler beaucoup dans les prochains mois.

Après avoir arpenté l’île dans tous les sens, pendant quelques heures, nous avons emprunté le chemin des Coudriers pour revenir à la maison pour le souper d’anniversaire (Il n’aime pas en parler- bis)

C’était mer basse. On distinguait au loin, quelques hérons. On a décidé de se garer le long du chemin et de ressortir les jumelles, juste au cas. Pas 1 héron, pas 3 hérons, mais beaucoup de hérons… Tu en vois combien ? Après quelques secondes, Philippe me répond 20! En tout, il y avait plus d’une centaine de grands hérons le long de la batture, tous espacés d’environ 30 mètres.

Pourquoi tant de hérons à cet endroit? 

Chez l’adulte, le dessus de la tête est blanc, avec une bande noire qui s’étend du bec jaune jusqu’aux plumes noires qui se situent à l’arrière de la tête. Le dos est bleu gris, la poitrine blanche, striée de noir. Mâle et femelle sont assez semblables, la femelle étant légèrement plus petite que son compagnon. 

On le retrouve un peu partout en Amérique du Nord, partout où il y a des plans d’eau. Il mesure 1.2 mètre et peut peser jusqu’à 2.6 kilos. Ailes déployées, son envergure atteint 2,2 mètres. Son mouvement d’aile est lent et puissant. 

Il affectionne particulièrement les vasières, les zones humides, les tourbières et les zones d’estran.
Il se tient bien droit, se déplaçant par grandes enjambées. Il se nourrit surtout de poissons, parfois de
crustacés. Le spectacle d’un immense poisson capturé par le bec implacable du grand héron est impressionnant.

Il nous revient du Sud en avril. Le nid est volumineux, plus d’un mètre parfois. Le couple s’occupe de la construction du nid, partage le temps de couvaison de 4 œufs qui seront pondus, et se dédie à l’immense travail que constitue nourrir 4 héronneaux affamés pendant plusieurs semaines. Généralement, seulement 2 héronneaux survivront à cette période difficile de leur vie.

Le grand héron est un oiseau qui vit en colonie, appelée héronnière.  C’est un endroit en forêt, retiré, loin des regards et de l’activité humaine. Le héron ayant peu de prédateurs, c’est la météo qui est son principal ennemi. Les pluies abondantes et le froid printanier nuisent grandement au taux de survie des petits. 

Pourquoi tant de hérons sur l’île ? Une explication pourrait être la migration. Les hérons migrent souvent par groupes, parfois de très grands groupes. Mais il est trop tôt pour la migration… Il y a sûrement une héronnière sur l’île en quelque part. Probablement dans le coin des tourbières ? Nous ne l’avons pas encore trouvée.

Si jamais vous connaissez la présence d’une héronnière sur l’île, SVP me contacter au oiseauxcharlevoix@gmail.com. L’objectif est d’étudier et de protéger l’endroit. Et si vous croisez Philippe sur l’île, jumelles au cou, vous pouvez lui souhaiter un joyeux anniversaire, même s’ il n’aime pas en parler,  et lui confier vos observations.

Philippe Sable est un guide de chasse qui s’est établi récemment sur l’île. Grand amateur de plein air, il fait partie de l’équipe de la SHEC qui collabore avec le conseil municipal à promouvoir et développer sur l’île les activités ornithologiques.

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