Au MACBSP, Riopelle dialogue au-delà des frontières

Par Jean-Baptiste Levêque 8:00 AM - 25 juin 2023
Temps de lecture :

Des visiteurs de l’exposition « Un lieu de mémoire : Contextes d’existence » lors du vernissage. Photo René Bouchard

Le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul (MACBSP) souligne de façon inédite le 100e anniversaire de naissance de Jean Paul Riopelle. L’exposition « Un lieu de mémoire : Contextes d’existence » met en parallèle les collages du peintre avec des œuvres percutantes d’artistes contemporains sur la question du territoire.

Même s’il était Québécois, Jean Paul Riopelle a passé plus de temps à travailler en France et aux États-Unis que dans son pays d’origine. À l’origine de l’exposition, le Musée d’art de Joliette a voulu monter celle-ci en partant de l’influence des migrations sur le travail de l’artiste. L’institution a approché en ce sens la commissaire italo-danoise Irene Campolmi, qui axe principalement ses projets sur le colonialisme et les questions identitaires.

« Elle ne connaissait pas du tout le travail de Jean Paul Riopelle. Elle a trouvé ça un peu vertigineux au début de s’attaquer à quelqu’un d’aussi prestigieux, avec une carrière aussi grande. Elle a décidé de trouver un angle particulier dans son travail, qu’elle a adjoint à des œuvres d’artistes contemporains », explique Gabrielle Bouchard, directrice générale et conservatrice en chef du MACBSP.

Gabrielle Bouchard, directrice générale et conservatrice en chef du MACBSP, Irene Campolmi, commissaire de l’exposition, Manon Gauthier, directrice générale de la Fondation Riopelle, Yseult Riopelle, fille de Jean Paul Riopelle, et Jean-François Belisle, directeur général et conservateur en chef du Musée d’art de Joliette. Photo René Bouchard

L’exposition réunit donc à la fois des œuvres de Riopelle, mais aussi de cinq artistes internationaux : Jane Jin Kaisen, Linda Lamignan, Dala Nasser, Silvia Rosi et Samara Sallam. Tous sont originaires de pays non-occidentaux et personnellement touchés par les questions de migration, d’oppression, de guerre ou d’apatridie.

Dans la salle d’exposition, un mur sépare les œuvres de Riopelle de celles des artistes contemporains. Cette frontière physique n’empêche pourtant pas d’entendre des échos sonores provenant d’œuvres contemporaines troublantes, comme ces deux couvertures, objets de chaleur et de réconfort, qui ont pourri dans le sol d’une frontière entre deux pays en guerre.

Les couvertures « pourries par la guerre », œuvres contemporaines de l’exposition.

« D’où tu viens? Qu’est-ce qui crée ton identité? Elle (Irene Campolmi) est partie avec l’idée de la migration, du déplacement. Toute la base de son exposition part du fait qu’il y a ce mur entre les deux. Tout est dans la question de la frontière : est-ce que tu viens de là ou tu viens de là? », questionne la DG du MACBSP en pointant les deux côtés du mur.

Les collages de Riopelle, composés à partir de lithographies déchirées datant du dernier siècle, résonnent étrangement avec le monde d’aujourd’hui, dont des artistes témoignent des déchirures qu’il provoque. « C’est comme ça que Riopelle va perdurer, en le mettant en dialogue avec d’autres », conclut Gabrielle Bouchard.

Partager cet article