La bernache du Canada, la mal aimée qui revient de loin…

Par Michel Paul Côté 7:00 AM - 21 août 2022
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Qui ne connaît pas la bernache du Canada, communément nommée outarde ? L’oiseau est imposant, plus gros qu’un canard. En vol, il peut faire 1,75 mètre lorsque ses ailes sont déployées, et pèse 6 kilos. Il se déplace en groupe lors des migrations, adoptant le V caractéristique dans le ciel, ce qui permet au groupe de ménager de l’énergie en se relayant continuellement en tête de peloton.

Elles sont bruyantes les bernaches, et on les entend bien avant de les voir dans le ciel.


Leur fameux a-honk/ a-honk/ hink incessant ne manque jamais de nous réjouir au printemps car annonciateur de la belle saison. Fait à noter : le a-honk /a-honk est émis par le mâle, le hink est émis par la femelle, dans une harmonie parfaite qui fait penser qu’il s’agit du cri du même individu.


Depuis quelques décennies, le statut de la bernache du Canada fait l’objet de beaucoup de discussions animées dans la population. L’apparente surabondance de cette espèce indispose bien des gens qui demandent que la population de notre outarde soit contrôlée.


Comment en est-on venu là ? Comment cet oiseau symbolique pour bien des Canadiens est-il devenu la cible de tant de critiques ?


Un peu d’histoire… Nos outardes voyaient leur population baisser de façon importante et inquiétante il y a quelques décennies. Un peu comme l’oie blanche. Différentes mesures de conservation, notamment la réintroduction d’oiseaux et des restrictions importantes sur la chasse, ont permis à l’oiseau d’effectuer un retour.


Et quel retour ! En environ 25 ans, la population a augmenté de 300%. La protection accordée à cette espèce lui a permis de venir s’établir près des régions habitées, n’étant plus inquiété par la chasse. C’est ainsi que cet oiseau fort intelligent s’est établi dans nos parcs publics et sur les terrains de golf, s’accommodant fort bien de la présence humaine.


Fait important à noter: la population de bernache demeure assez stable dans le Grand Nord, et fait toujours l’objet d’une surveillance étroite. L’augmentation est le fait des zones habitées.
Un oiseau de cette taille laisse sa marque çà et là. Plusieurs centaines de bernaches font plus que laisser leur marque, elles peuvent rendre l’endroit fort peu accueillant.

Il suffit d’un parc avec un plan d’eau à proximité pour que le couple , uni pour la vie décide de s’y établir. Un nid de 35 à 50 cm est bâti sur le bord de l’eau au moyen de quenouilles, d’herbes et de plumes. La femelle va pondre son premier œuf moins d’une heure après que le nid ne soit terminé. Elle pond un œuf par jour pendant cinq jours, et ne commence à couver que lorsque le dernier œuf est pondu.


La couvaison dure 28 jours et demeure le monopole de la femelle. Cette dernière quitte le nid quotidiennement pour aller se nourrir. Elle est parfois accompagnée du mâle lors de ses sorties, mais ce dernier demeure souvent près du nid afin de le protéger. Car la bernache du Canada défend très bien son territoire, qui consiste généralement en un quart d’acre. Elle n’hésite pas à engager le combat avec d’autres bernaches lors de la période de nidification, et ne recule devant aucun prédateur, incluant le renard et l’homme. Les joueurs de golf qui s’aventurent en territoire des bernaches pour retrouver une balle égarée se ravisent rapidement et décident souvent de perdre un coup !


Après l’éclosion, il ne faut que quelques heures avant que les jeunes ne puissent se déplacer, marcher, nager. Ils suivent les parents partout. La notion de défense de territoire face aux autres bernaches disparaît alors presque totalement. Les parents intimident un autre couple qui s’approche trop des petits, sans plus.


Dans les parcs publics, l’oiseau garde parfois son esprit territorial et peut s’avérer insistant afin que vous alliez manger votre pique-nique un peu plus loin.


Mais c’est une bonne occasion pour observer d’assez près le comportement social de la bernache. Mouvements de tête, cris de toutes sortes, danses, l’interaction entre les bernaches est variée et intéressante. Nul besoin d’être à l’affût pendant des heures, le spectacle se déroule devant nous. Et cette intrusion de l’observateur dans la vie privée de la bernache peut durer jusqu’à l’automne. Les jeunes ont grandi à une vitesse phénoménale, ont effectué leurs premiers vols devant vous, et ressemblent beaucoup aux parents.


Bien sûr, vous êtes en mesure de les différencier, car vous les avez observés tout l’été, et c’est avec un léger pincement de cœur qu’un matin vous vous rendez compte qu’ils sont partis. Mais ils reviendront au printemps, annonçant leur retour avec leur a-honk/ a-honk/ hink…. Vous tournerez votre regard vers le ciel, et vous sourirez …

Nouvelles ornithologiques
La SHEC (Société d’horticulture et d’écologie de Charlevoix) organisera des visites guidées au Parcours des berges de Clermont pendant la période de migration d’automne. Ainsi, deux fois par semaine, les samedi et mardi matins, un guide sera présent au pavillon d’accueil à 8 h 30 et accompagnera les observateurs pour explorer les différents milieux du site. L’horaire des visites est disponible sur le site shecharlevoix.com. Tous sont invités, l’activité est gratuite.

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