Le grand rêve québécois d’Élia Muller

Par Emelie Bernier 6:00 AM - 13 août 2022
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Élia Muller a réalisé son rêve. Photo Héli Charlevoix

Élia Muller avait 10 ans quand elle a découvert le Québec en écoutant une émission pour enfants à la télévision dont la province était la vedette. Dès lors, ce «pays» merveilleux qu’elle imaginait coincé quelque part entre l’Allemagne et la Suisse puisqu’on y parlait français, est devenu une quête, une contrée à conquérir! Pendant des années, Élia a rêvé du Québec, de ses grands espaces, de ses baleines, de ses montagnes. Carburant aux vidéos Youtube, aux récits d’influenceurs et à tout ce que Google pouvait lui offrir sur ce «pays» qu’elle avait finalement appris à situer durant un cours de géographie, Élia est devenue une experte du Québec à sa façon, sans jamais satisfaire pleinement sa curiosité. C’est maintenant chose faite!

Alors qu’elle avait 17 ans, la maladie a fait irruption dans la vie d’Élia Muller et l’a clouée dans un lit d’hôpital durant un an.


Un an, c’est beaucoup de temps pour s’inquiéter, pour souffrir, et pour rêver, encore, de cet eldorado fabuleux: le Québec.


Si elle a vogué à bord d’un zodiac vers les baleines du Saint-Laurent, grimpé à bord d’un hélicoptère à l’invitation de la SÉPAQ pour se poser sur le sommet de l’Acropole, déambulé dans la bouillonnante Montréal, c’est grâce à l’Association des Petits princes, quelque chose comme l’équivalent français de Rêves d’enfants.


Évelyne Seban est la bénévole de l’association qui a accompagné Élia au Québec. Elle me raconte cette histoire alors que la jeune rêveuse arpente enfin son pays de cocagne!


«La spécificité de notre association est que nous suivons les enfants sur plusieurs années. Même quand on a fait le rêve, on appelle aux quelques mois, pour faire un suivi. Avec certains enfants, on peut réaliser plusieurs rêves, si la maladie s’étire, s’aggrave… Toute la fratrie est impliquée dans la réalisation du rêve. On offre des petits moments de bonheur qui peuvent faire une différence dans la vie des famille, espère-t-on», raconte Évelyne Séban.


Élia avait 16 ans lorsqu’elle est tombée malade. Son rêve devait se réaliser peu après, mais la pandémie a retardé le voyage.


«Dans le cas d’Élia, qui a maintenant 19 ans, raconte Mme Séban, le rêve se réalise lorsqu’elle est guérie, mais souvent, nous offrons à des enfants de réaliser leur rêve pour leur offrir un horizon dans la maladie. Ce sont des enfants qui ne sont pas forcément hospitalisés, mais ils font des allers-retours à l’hôpital, ils sont souvent déscolarisés, il y a quelque chose de lourd dans leur vie d’enfant malade», explique Evelyne Séban.

L’association fait connaître son offre via les services hospitaliers. C’est ainsi qu’Élia en a eu vent et qu’elle a compris qu’elle pourrait, peut-être, réaliser son rêve grâce aux Petits princes. «Elle nous a écrit une très longue lettre nous disant qu’elle rêvait depuis qu’elle avait 10 ans du Québec. Elle était fascinée par l’accent, les paysages, plein de choses… Sa lettre comprenait un itinéraire idéal de ce qu’elle voulait voir. C’était très précis!»


S’il est rare que l’Association des Petits princes amènent ses jeunes rêveurs à l’étranger, la lettre d’Élia a fait son effet. «Elle était tellement convaincante!», rigole Évelyne Séban qui doit à un tirage au sort parmi les bénévoles intéressés sa présence auprès d’Élia.


Au moment où nous avons échangé avec Élia, elle sortait tout juste du parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, éberluée. «C’est incroyable. Tout est mieux que je l’imaginais! La nature est immense! J’ai du mal à réaliser…», s’emballe l’adolescente qui a bien cru son rêve mort au feuilleton en raison de la pandémie.


«Franchement, je n’y croyais plus trop. Alors quand les gens de l’Association m’ont appelée pour me dire que ça fonctionnait, j’étais hyper heureuse!»


Ce qui l’a étonnée le plus de son séjour? Montréal! «Je ne croyais pas qu’il y avait une si grosse ville au Québec! Quand j’ai vu les buildings et tout ça, j’étais vraiment surprise!»


Le tour d’hélico au sommet de l’Acropole est un apex de son séjour. «Je croyais qu’on venait faire du canoë ou quelque chose comme ça. J’ai trouvé ça drôle, voir un hélico à l’accueil du parc. J’ai dit à Évelyne, «regarde, ils ont des hélicos!» Et finalement, c’était pour nous J’étais sans mot!»


Le Québec aura rempli ses promesses, mais Élia aura eu un coup de cœur pour ses gens. «Les Québécois sont adorables! Tout le monde a été tellement gentil!»


Évidemment, on lui a fait goûter la poutine, passage culinaire obligé qu’elle a beaucoup apprécié. Outre des tonnes de souvenirs et de photos, qu’est-ce qu’elle ramène dans ses bagages? «Du sirop d’érable! J’adore!»


Au moment où vous lirez ces lignes, Élia sera de retour à Agen, sa ville natale, son grand rêve québécois réalisé. Et une ferme intention de remettre les pieds au pays des baleines! «Je vais revenir, c’est certain, dès que je peux!» Quand un rêve remplit ses promesses… et en sème d’autres en chemin.

Élia Muller a pu prendre le lunch au sommet de l’Acropole des draveurs. Photo Héli-Charlevoix

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