Le phare de Charlevoix : L’Isle-aux-Coudres

Par Michel Paul Côté 8:00 AM - 9 juillet 2022
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Isle-aux-Coudres, Mélany Madden.

Pour les oiseaux qui arrivent dans Charlevoix, ou qui quittent à l’automne, certains reliefs géographiques guident leurs déplacements. Bien ancrée au milieu du fleuve, là où le cours d’eau tranquille devient mer, L’Isle-aux-Coudres agit comme un phare pour les oiseaux. Si cet amer traditionnel avise les navires de dangers imminents, L’Isle-aux-Coudres est plutôt rassurante et invitante pour les oiseaux.

Dans notre coin de pays, L’Isle-aux-Coudres occupe une place privilégiée.

Paradis du tourisme l’été, elle redevient un havre de paix pour les insulaires le reste de l’année.
Pour les oiseaux qui doivent traverser le fleuve au printemps à la tombée du jour, la distance d’environ 14 à 20 kilomètres selon l’endroit où on traverse entre Québec et Tadoussac demeure un défi, surtout après plusieurs heures de vol.

Le défi est d’autant plus grand lorsqu’un vent contraire se lève. Un arrêt sur l’île est attrayant. L’île est relativement plate, avec un couvert forestier important et invitant pour les passereaux.

Les oiseaux de rivage sont aussi attirés par des zones d’estran vastes qui entourent l’île, avec peu d’habitations qui viendront déranger leur repos. À l’automne, l’île constitue une halte intéressante pour faire le plein d’énergie et attendre les vents favorables pour entreprendre le périple vers la chaleur.

Une tournée d’observation des oiseaux à L’Isle-aux- Coudres se planifie.

Les horaires du traversier dictent les moments d’arrivée et de retour. Même si le tour de l’île peut paraître assez court, les nombreux points d’observation risquent fort de prendre beaucoup de temps.

Le meilleur moment pour voir le maximum d’oiseaux est probablement lorsque la marée monte, car elle pousse les oiseaux de rivage vers la rive. Eiders, macreuses, canards, goélands, mouettes, cormorans, chevaliers, bécasseaux, la liste est très longue.

Au fil des ans, on a observé près de 240 espèces d’oiseaux sur l’île. Et il y a les raretés, qu’on ne retrouve pas souvent dans Charlevoix: cygnes, eider à tête grise, râle de Virginie, grue du Canada, courlis corlieu, grand cormoran, grande aigrette, autour des palombes, harfang des neiges, même l’hirondelle à front brun, venue du Mexique, poussée par les vents de tempête.

Pour visiter, il n’y a qu’une route qui fait le tour de l’île, le chemin des Coudriers.

Il est souhaitable de faire le tour dans le sens contraire des aiguilles de la montre, car ainsi on est toujours du côté de la mer.

La rive sud permet d’arrêter partout, car l’accotement est large et la circulation très sporadique.

Le quai de Saint-Louis et le parc situé devant l’église, à la pointe sud-ouest de l’île, constituent de bons sites d’observation lorsque la mer remonte.

Le chemin du côté sud-est réserve toujours des surprises côté mer. On y observe régulièrement, au large, le fou de Bassan.

Mais il ne faut pas négliger, à chaque arrêt, d’explorer les arbres et bosquets situés de l’autre côté du chemin. Les passereaux y abondent.

En mai, on y a observé, au cours des années, deux douzaines d’espèces de parulines. Les secteurs de La Baleine et de la Roche pleureuse sont particulièrement intéressants,car assez boisés.

Des mises en garde s’imposent toutefois: il vente sur l’île, prévoir de bons vêtements. Et il y a beaucoup de cyclistes l’été, il faut rouler lentement et leur laisser beaucoup d’espace.

Le milieu de l’île fut longtemps utilisé pour exploiter des tourbières. Pendant quelques générations, on a exploité et exporté par bateau une tourbe de grande qualité. Cette industrie a cessé ses opérations il y a environ cinq ans. Mais les tourbières, maintenant en friche, demeurent un endroit de choix pour y observer de nombreux rapaces.

On accède à ce secteur par le chemin de la traverse. Quelques minutes en voiture, mais qui peuvent s’étirer dangereusement selon les observations…

La visite de L’Isle-aux- Coudres constitue probablement une drogue douce, à laquelle on devient accro assez rapidement… Il faudra consacrer beaucoup de temps pour combler le besoin.

Gérard Desgagnés, le Coudrilois qui aime les oiseaux

La semaine dernière, j’ai eu le plaisir de visiter Gérard dans son ancien musée dédié à l’histoire de l’Île aux Coudres.
Même si le musée, jadis très fréquenté par les touristes, a fermé ses portes depuis déjà bien des années, l’endroit demeure fascinant et empreint de nostalgie. Les collections ont pris le chemin de différents musées aux quatre coins du Québec. Mais le deuxième étage demeure intact. Il s’agit de la section dédiée aux oiseaux de l’île et de Charlevoix.

Gérard Desgagnés.

D’une grande richesse, ces exhibits n’attendent qu’une opportunité pour revivre. La Société d’horticulture et d’écologie de Charlevoix est présentement à la recherche d’un endroit pour faire profiter la population de Charlevoix et d’ailleurs de cet héritage précieux.

Une partie de la collection d’oiseaux naturalisés de M. Desgagnés.


Différents scénarios sont considérés. À suivre. Pour l’instant, remercions Gérard d’avoir eu la sagesse pour conserver chez nous ce témoignage concret de notre richesse aviaire.

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