Saint-Irénée, paradis des oiseaux de mer

Par Michel Paul Côté 8:00 AM - 11 juin 2022
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Avec plus de 150 espèces d’oiseaux observées à l’embouchure de la rivière Jean Noël, la difficulté principale est de ne pas être trop distrait par tout ce qui bouge autour de vous. Bonnes observations ! Photos courtoisie

Depuis un an que la chronique est publiée, j’ai écrit à maintes reprises mon admiration pour le parc du Parcours de Berges de Clermont. Ce site a le potentiel de devenir le point central de l’observation des oiseaux dans Charlevoix. Cela fera l’objet d’une autre rubrique, plus tard. Aujourd’hui, parlons de l’embouchure de la rivière Jean Noël de St-Irénée, un endroit exceptionnel, tous les jours de l’année.

Un aigle en vol.

Ce site d’observation ornithologique par excellence, reconnu par tous depuis des dizaines d’années, est situé à St-Irénée, au bout de la plage, là où la rivière Jean Noël se jette dans le fleuve. On y a observé plus de 150 espèces différentes au cours des ans. C’est beaucoup pour un bord de mer. Beaucoup….

La rencontre entre l’eau douce et l’eau salée amène plusieurs avantages pour les oiseaux. L’endroit devient un garde-manger important pour les oiseaux de rivage, une source d’alimentation infinie. Plancton, poissons, crustacés. Et le courant de la rivière est suffisant pour maintenir une zone sans glace assez importante malgré les froids les plus mordants de l’hiver.

Le cormoran.

Il n’est donc pas surprenant que les laridés affectionnent cet endroit. Les goélands, mouettes et sternes font partie de cette famille, et ils abondent à St-Irénée. Mais ils ne sont pas seuls. Les eiders à duvet, une grande variété de canards, macreuses, grèbes, bécasseaux et chevaliers, labbes, harles, fuligules , huards garrots y sont toujours présents. Pour les observer, il suffit de stationner sa voiture au bout de la route longeant la plage, près de la rivière. Vous descendez de votre véhicule, traversez avec prudence la voie ferrée située à quelques mètres, et vous levez vos jumelles. Si il pleut, ou fait -40c, vous demeurez dans votre voiture et baissez un peu la vitre du côté passager. Pas compliqué….
Les périodes de migration réservent toujours des surprises. Il y a quelques jours, on y observait 300 mouettes de Bonaparte, en route pour des territoires de nidifications situées au nord. Le garrot d’Islande, dont la population est précaire, passe ses hivers à St-Irénée, en bandes de plus de 50 individus, avant de retourner nicher dans les muskegs de la côte nord au mois de mai. Il revient toujours en novembre.

Le goéland argenté.

L’endroit est aussi reconnu pour ses raretés: eider à tête grise, cygne, fou de Bassan, macareux moine, petit pingouin, mouette pygmée, mouette atricille, goéland brun, la liste est longue, très longue. Il semble que le réchauffement climatique amène de plus en plus fréquemment des raretés. Ou simplement que nous avons plus d’observateurs, qui sait? Depuis quelque temps, la zone d’estran située au nord de la plage est de plus en plus observée par les amateurs. C’est dans cette zone qu’on verra un nombre important de cormorans à aigrettes, se faisant sécher les ailes, bien tassés sur les rochers qui émergent à mer basse. Le grand cormoran s’y observe également régulièrement. Les grands hérons bleus abondent, parfois accompagnés d’un bihoreau. Si l’observateur pointe ses jumelles vers la falaise située derrière lui, il verra probablement le corbeau. En levant les yeux, l’été, de nombreux urubus à tête rouge planent doucement, à l’affût d’une carcasse. Avec un peu de chance, le pygargue à tête blanche fera sa tournée journalière pendant votre visite. Si vous observez un mouvement de panique chez les goélands, regardez autour. L’aigle arrive. Les goélands l’ont aperçu bien avant vous.

Le garrot d’Islande.

Et si vous passez suffisamment de temps dans ce secteur, vous verrez en juillet le faucon pèlerin surprendre sa proie, plongeant de très haut dans le ciel. Ça ne dure que quelques secondes, mais le souvenir d’une telle scène est éternel.
Si vous comptez visiter la zone d’estran, de bonnes bottes seront appréciées. Encore mieux, des bottes de caoutchouc vous permettent d’aller jouer dans les flaques d’eau au lieu de les contourner, si vous avez encore un cœur d’enfant.
Après votre sortie, la cantine Chez Ginette pourra combler une rage alimentaire. Et la municipalité a un projet de toilettes publiques qui devrait se réaliser bientôt.

Donc, la prochaine fois que vous voulez observer des oiseaux sans dépenser trop d’énergie, allez faire un tour à St-Irénée. Vous y reviendrez souvent.

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