Alice au pays des merveilles… ferroviaires

Par Dave Kidd 6:00 AM - 29 septembre 2021
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Alice Belley-Grenier prouve que de croire en soi et ses rêves, ça marche. Photos Réseau Charlevoix

Récemment qualifiée mécanicienne de locomotive pour Réseau Charlevoix, Alice Belley-Grenier de La Malbaie s’est « trouvée » en mettant les pieds dans le Train de Charlevoix. Elle ne veut plus rien faire d’autre que de conduire son train!

Au premier regard, personne ne pourrait se douter que c’est elle qui est aux commandes du monstre de métal, mais dans l’univers d’Alice Belley-Grenier, il n’y a pas de place pour les «je ne suis pas capable» ou «c’est impossible».

« Je n’ai pas le physique de l’emploi », dit-elle sourire aux lèvres.

Les passagers n’en reviennent pas non plus. ‘‘Hein! C’est toi qui chauffes le train?’’, elle l’a entendu souvent.

« Ça attire les regards. Ça ne passe pas inaperçu, mais je vis bien avec ça. Enfant, je n’étais pas très fifille. Je ne jouais pas avec des poupées Barbie, mais avec des camions!», lance-t-elle en riant.

Du haut de ses 25 ans, elle assure qu’elle vit mieux «hors des sentiers battus.»

Elle confie s’emmerder rapidement si elle n’est pas stimulée intellectuellement. Rassurez-vous, passagers: être mécanicienne de locomotive prend toute sa concentration et sollicite ses réflexes bien aiguisés.

« J’ai besoin de défis. Ça me fait vibrer », précise-t-elle.

Avant de devenir la première mécanicienne qualifiée par Réseau Charlevoix le 11 septembre, Alice Belley-Grenier a occupé les emplois d’agente de bord et de cheffe de train. Ce dernier poste s’apparente à celui de co-pilote.

« C’est par hasard que j’ai postulé il y a trois ans. En montant dans le train, j’ai su que j’étais à ma place. J’ai eu un gros crush. Pour la première fois de ma vie, ça m’appelait », raconte-t-elle.

Présentement, elle effectue la liaison entre Baie-Saint-Paul et La Malbaie. Le mois prochain elle conduira son train jusqu’à Québec. Sa formation est complétée et elle est prête.

Le mécanicien de locomotive Dave Lavoie s’est assuré qu’elle pouvait répondre rapidement aux problèmes en les créant lui-même pour s’assurer que la théorie passait adéquatement en mode pratique.

Alice Belley-Grenier occupe un emploi qui était traditionnellement destiné aux hommes. Cela ne l’a surtout pas découragée. « J’ai travaillé fort. Ma copine m’a soutenue. Mes parents m’ont encouragée aussi. Ils ont toujours su que j’avais de l’ambition. 

Une autre personne avait de l’ambition pour elle.

«Nancy Belley, la directrice générale, a cru en moi. Elle me voyait dans cet emploi. C’est rare un boss comme elle ».

La patronne de Réseau Charlevoix œuvre dans le milieu ferroviaire depuis 20 ans. Elle est souvent consultée par des firmes spécialisées qui recrutent des mécaniciens de locomotive et chefs de train. Son flair ne pouvait donc pas lui mentir.

« Alice comprend tout depuis ses débuts. Dans ce travail, la concentration est primordiale. Il n’y a pas de place pour les émotions. Tout est hyper réglementé. Ça prend du caractère, du respect et de la rigueur», résume Nancy Belley.

Alice Belley-Grenier estime que les campagnes gouvernementales menées pour inciter «les hommes et les femmes » à embrasser une nouvelle profession sans se soucier des stéréotypes associés au genre sont utiles.

Son expérience personnelle ne vient pas confirmer l’efficacité des efforts faits en ce sens, mais prouve que de croire en soi et ses rêves, ça marche.

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