Nous étions quatre

Par Emelie Bernier 5:08 PM - 11 septembre 2021
Temps de lecture :

Nous étions quatre. Une famille sous le même toit. Puis le temps a passé. Et l’ensemble s’est dissous. Il n’y a plus, dans notre soudain trop grande maison, que mon homme et moi. Les petits devenus grands ont quitté le nid. Et le vide est si vaste qu’on entend notre écho.

On m’a dit que ce serait génial. Que je me retrouverais. Qu’on se retrouverait.

Pour l’instant, force est d’admettre je suis un peu perdue. Le matin, j’attends vainement les pas dans l’escalier. Nous cuisinons systématiquement trop, comme si on oubliait que notre tablée ne compte plus que deux convives et qu’il n’y a plus quatre boîtes à lunch à garnir le lendemain.

Anodin, mais symbolique: il faut faire une croix sur plusieurs jeux de société! Une partie de Rummy à deux, c’est long longtemps…Nous ne sommes plus la microsociété que nous avons été durant toutes ces années.

Je m’ennuie des traîneries dans l’escalier, de la vaisselle et des 17 verres vides entassés sur le comptoir, un pour chaque fluide ingurgité… Je m’ennuie d’insister pour que la litière ou le lave-vaisselle soit vidé…

Je m’ennuie même de m’obstiner et de me faire envoyer paître, c’est tout dire.

Je sais qu’ils ne seront pas enchantés de lire cette chronique, si elle leur tombe sous les yeux.

« C’est gênant, maman!»

Libre à moi!

Heureusement qu’il y a FaceTime. En un clic, je peux voir la binette de mes petits chéris exilés dans la ville d’à côté, placoter un peu, me rassurer sur leur état. Mangent-ils à leur faim? Font-ils leurs devoirs? Vont-ils bien? Survivent-ils sans moi? Évidemment! Survie-je sans eux? Il faudra m’y faire…

Je me souviens très bien de mes propres départs. Et ils furent nombreux. Alors que devant moi se déployait la voie pavée d’or de la liberté, de la découverte et du dépaysement, mes parents, eux, (ma mère surtout), me voyaient emprunter d’un pas décidé un parcours semé de périls inconnus, très, trop loin d’eux…

Pendant que je vagabondais, ils se faisaient du mouron, attendant avec impatience le coup de fil qui arrivait trop rarement, la petite lettre de papier léger qui mettait des semaines à parcourir à l’inverse le chemin que j’avais si guillerettement emprunté…

Mettre au monde un enfant est la première d’une longue suite de séparations, je le réalise à mon tour.

Heureusement qu’ils reviennent la fin de semaine!

Nous étions trois

Les rangs de la petite équipe du département de l’information de votre journal se gonflent! Nous accueillons ces jours-ci un petit nouveau… qui n’a rien d’un apprenti! D’ailleurs, il n’en est pas à sa première incursion chez nous, mais cette fois-ci,  espérons-le, fini les allers-retours : le transfuge est là pour rester!

Notre nouveau collègue Dave Kidd a une longue feuille de route et le « cardex » numérique bien garni. À la tête du département de l’information, il nous emmènera plus loin et vous, lecteurs, en serez les premiers bénéficiaires. Je lui lègue la direction de l’information avec le sentiment du devoir accompli. Je pourrai me consacrer à ce que je préfère : écrire, « chroniquer », concevoir des dossiers sur des sujets qui le méritent…

Nous étions trois, nous sommes quatre désormais, une très bonne nouvelle pour la nouvelle!

Alors voilà. Une nouvelle saison de chronique débute ainsi, dans les derniers soubresauts de l’été. Il y aura peut-être des coups de gueule et sans doute des coups de cœur, des histoires drôles et tristes, du vrai, du vivant. Je voudrais écrire des histoires qui vous touchent et vous concernent, vos histoires si vous le voulez bien. Envie de partager vos bons coups, vos consternations, vos épreuves comme vos grands bonheurs? Écrivez-moi. ebernier@lecharlevoisien.com.

Partager cet article