(CHRONIQUE) Le colibri à gorge rubis et le photographe

Par Michel Paul Côté 8:00 AM - 15 août 2021
Temps de lecture :

Assis confortablement sur le balcon, mon café en main, perdu dans mes pensées à contempler le fleuve, je suis ramené à la réalité par un gazouillis familier.

Ils sont de retour assez tôt ce matin, malgré une certaine fraîcheur matinale. La famille de colibris est de retour aux abreuvoirs. Ils sont quatre. Des colibris à gorge rubis. C’est la seule espèce de colibris que l’on retrouve au Québec. Je présume que ce sont les jeunes de l’année, accompagnés de la mère, mais il est difficile de les différencier.

Les mâles portent fièrement la gorge rubis, alors que les femelles sont plutôt verdâtres, sans la marque caractéristique.
Leur comportement n’est pas typique des autres espèces d’oiseaux. Le concept de famille n’existe pas chez le colibri. Le mâle va s’accoupler avec la femelle du jour, après l’avoir impressionnée avec des vols acrobatiques, puis il disparaît totalement de la bulle familiale. C’est la femelle qui fait tout, seule. Les mâles quittent même le Québec quelques semaines avant les familles. Pas nécessairement un modèle…

Au printemps, ils arrivent dans Charlevoix généralement entre le 18 et 22 mai. Chez moi, c’est toujours le 20 ou 21 mai. Chez mon ami Jean-Louis, en bas de la côte, 2 jours plus tôt. Le colibri se pointe devant la fenêtre de la cuisine, bien en vue.

Le message est clair: j’ai peu de temps pour sortir les abreuvoirs, sinon ils iront ailleurs, probablement chez Jean-Louis…. Il est probable que ce soient les membres de la famille de l’année précédente qui reviennent sur leur territoire.
Mais les abreuvoirs sont toujours prêts, nettoyés. Le mélange classique: 1 partie de sucre pour 4 parties d’eau semble les satisfaire. Le colorant rouge n’est pas requis si l’abreuvoir est rouge.

L’important est de garder les abreuvoirs très propres en les nettoyant à la brosse aux 48 à 72 heures. Surtout par temps chaud, car l’eau sucrée fermente et s’avère nocive pour l’oiseau. Ainsi les petits abreuvoirs sont à privilégier, pour éviter le gaspillage.

Le colibri ne se nourrit pas uniquement de nectar mais des insectes que l’on trouve dans les fleurs, même d’insectes attrapés en vol.

Différentes études récentes ont démontré que si un colibri ne se nourrit que de nectar, il perd du poids et s’affaiblit grandement. Les insectes sont donc une source de protéines indispensable pour la bonne santé du colibri.
Certains aiment l’idée que les colibris jouent à cache cache continuellement. La réalité en est plutôt une de protection de territoire, de chicanes d’abreuvoirs… Nul jeu mais un exercice continuel afin de repousser les intrus.

Au niveau physique, c’est une source d’émerveillement: quelques centimètres de long, il pèse l’équivalent d’une pièce de 5 sous. Les mouvements d’ailes caractérisent cet oiseau: en bougeant l’orientation des ailes, il peut faire du surplace. Et ces ailes battent très rapidement: 50 battements à la seconde.

C’est ce qui rend la tâche du photographe si difficile. Capter l’image d’un colibri avec des ailes immobiles demande un grand talent de photographe, et des équipements spécialisés.

Ces petites boules d’énergie sont capables d’exploits physiques incomparables pour leur taille. Ils passent l’hiver en Amérique centrale. Cela signifie que deux fois par année le colibri va parcourir une distance de plusieurs milliers de kilomètres, dont le survol du Golfe du Mexique, une distance de 800km. Sans arrêt.

Peu surprenant que le colibri double son poids avant d’entreprendre sa migration. Ses réserves de graisse seront totalement épuisées à son arrivée. Son séjour chez nous dure peu de temps.

Les mâles commencent à quitter vers la fin juillet, les femelles et jeunes guère plus d’un mois plus tard. Oui, on aperçoit parfois des colibris en septembre et même plus tard, mais c’est l’exception. Il y a des retardataires partout N’hésitez pas à accrocher un abreuvoir et à planter des fleurs autour de votre galerie, à portée de vue.
Ces charmants visiteurs sauront vous procurer des heures de plaisir!

Les colibris dans l’œil de Clément Roy

Lorsque j’ai débuté cette chronique sur les oiseaux avec Le Charlevoisien, je croyais que les oiseaux seraient évidemment le sujet central. Mais je me suis rapidement rendu compte qu’on ne peut parler des oiseaux sans parler des rencontres régulières avec des gens d’exception: les observateurs d’oiseaux.

Ces individus qui les aiment, les observent, les nourrissent, les photographient, les protègent et qui partagent passion et connaissances avec nous tous.

En mai dernier, la hautement recommandée Corporation Lumière Image de Charlevoix, ou CLIC, qui compte plus de 2000 membres sur Facebook, a demandé à ses membres de proposer des photos de colibris pour illustrer cette chronique. Plusieurs ont relevé le défi. Un membre en particulier m’a fait parvenir plusieurs fichiers de photos de colibris. En ouvrant ces fichiers, je fus littéralement renversé. Des photos superbes, hors du commun. Il s’agit de Clément Roy, de Saint-Aimé-des-Lacs. Évidemment, j’ai voulu le rencontrer. Clément et son épouse m’ont gentiment accueilli chez eux tout dernièrement.

Clément Roy utilise surtout une lentille de 400mm f2,8 pour saisir l’action à main levée, sans trépied. Évidemment, on constate le résultat de plusieurs décennies de métier. Il est l’auteur de la photo principale ainsi que les photos 1, 2, 3 et 4 qui accompagnent cette chronique.

Nous avons parcouru les chemins qui sillonnent son immense propriété. Un véritable refuge pour les oiseaux. Et nous avons parlé colibri. Il les observe toute la journée, de sa galerie. Ses abreuvoirs et fleurs «à colibris» sont à quelques mètres, bien en vue. Muni de son 400mm, il capte chaque mouvement avec un doigté exceptionnel.

Ce militaire retraité a toujours aimé la photographie. Père et grand-père étaient de bons photographes. C’est dans l’ADN familial. Il produit des photos exceptionnelles qui font régulièrement le tour de la planète. En 2011, il a été reconnu à Washington par la société National Geographic comme faisant partie des 20 meilleurs photographes de l’année. Il ne cesse de nous émerveiller quotidiennement sur son compte Instagram clementroy3640. Il a gracieusement accepté que nous publiions une fois quelques-unes de ses photos de colibris.

Actualité et courrier
La municipalité de Clermont a proposé dernièrement à Fleurons Québec un projet d’embellissement du parc du Parcours des Berges. Il s’agit de planter des arbres fruitiers afin de créer un environnement propice pour accueillir différentes espèces d’oiseaux et installer de nombreux nichoirs pour favoriser le retour du Merlebleu. Les résidents de Clermont et les amateurs d’oiseaux peuvent consulter la fiche du projet et voter afin qu’il soit retenu.
Il suffit de consulter le site dujardindansmavie.com et de cliquer sur le projet du Parc du Parcours des Berges. Le bouton pour voter se trouve en haut de la description du projet.

Donald Lavoie est un grand amateur de photographie. Il est le président de la CLIC, le club de photographie de Charlevoix. Il a utilisé une lentille de 200 à 220mm, des ouvertures de F/3,2 à F/6.3, avec des vitesses d’obturation variant de 1/100 à 1/4000 seconde, ISO 100 à 300. Les photos 5 et 6 ci-bas sont les siennes.

Partager cet article