Dossier Sécheresse : La Malbaie a soif

Par Karine Dufour-Cauchon 6:00 AM - 1 septembre 2021
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Au mois d’août 2021, il était interdit d’arroser sa pelouse à La Malbaie

DOSSIER SÉCHERESSE : Le mois d’août 2021 est l’un des plus secs qu’a connu la région depuis que les statistiques sont comptabilisées. Champs bousillés, puits municipaux à des niveaux inquiétants, restrictions sur les plans d’eau: Charlevoix vit un aperçu de ce que l’avenir réserve à la planète. Aucun doute possible: les changements climatiques sont là.

La Ville de La Malbaie a annoncé très tôt en début de saison que le niveau de ses puits d’eau était inquiétant. La situation n’est pas près de s’améliorer et des restrictions d’arrosage sont toujours en vigueur.

Comment expliquer ce manque d’eau? Marie-Catherine Bégin-Drolet, directrice des infrastructures urbaines et de l’environnement, soutient d’abord que la saison hivernale n’a pas permis de remplir les réserves.

La Malbaie compte six réseaux de puits pour alimenter son territoire vaste et éclaté. L’eau qui y est entreposée n’est pas de l’eau de surface. Des puits souterrains naturels, alimentés par la nappe phréatique, remplissent les réserves municipales. L’eau y est puisée puis traitée au chlore pour la rendre consommable.D’habitude, la fonte des neiges aide à entreposer de l’eau.

«Cet hiver, il n’y a pas eu beaucoup d’accumulations de neige. Il y a eu plusieurs épisodes de pluie, mais comme le sol était gelé à ce moment-là, l’eau n’a pas pu rentrer dans le sol et rejoindre la nappe phréatique. Lors de la fonte des neiges, il n’y en avait pas beaucoup. Ça n’a pas généré beaucoup d’infiltration là non plus», indique-t-elle

En ajoutant la rareté de pluie de cet été, La Malbaie se retrouve avec tout un cocktail de conditions pour manquer d’eau. Le manque de précipitations sur de longues périodes comme en août 2021 ne sera pas chose rare dans l’avenir.

La porte-parole aux infrastructures souligne que la littérature pointe du doigt les changements climatiques.

Quel est le plan B?

L’administration municipale a dans les plans de creuser pour dénicher de nouvelles sources souterraines naturelles dans les prochaines années ou à tout le moins prévoir un budget d’urgence à cet effet.
Au moment d’écrire ses lignes, des précipitations importantes n’étaient pas prévues à court terme. Mme Bégin-Drolet indique que la présence touristique devrait être moins soutenue dans les semaines à venir, ce qui réduira la pression sur les puits municipaux.

En attendant un retour à la normale, il est formellement interdit de nettoyer son véhicule, sa maison, d’arroser la pelouse, ou de faire toute utilisation non essentielle de l’eau du réseau municipal. La surveillance des inspecteurs municipaux est accrue.

Au moment d’écrire ces lignes, aucun constat d’infraction n’aurait été émis. On précise que des avertissements ont toutefois été remis à des citoyens. Les restrictions sont en vigueur depuis juin.

D’autres villes s’en tirent mieux

Les puits municipaux ne sont pas tous à des niveaux critiques. À Baie-Saint-Paul, par exemple, les niveaux des réservoirs sont comme à l’habitude.

«Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Il n’y a pas d’avis d’interdiction d’arrosage en vigueur; on doit cependant respecter la politique d’arrosage de la municipalité. En temps normal, la Ville invite la population à ne pas gaspiller et à faire une utilisation judicieuse de l’eau potable. Même si les niveaux d’eau des réservoirs ne sont pas problématiques, la Ville invite la population à continuer vers la réduction de la consommation de l’eau potable», indique Luce-Ann Tremblay, directrice des communications à la Ville de Baie-Saint-Paul.

Du côté de Clermont, les niveaux ne sont pas non plus alarmants, mais les quantités d’eau semblent réduire rapidement. La Ville demande la collaboration de ses citoyens afin de réduire l’utilisation de l’eau potable, mais n’est pas rendu à l’interdire.

«Il y a quand même une diminution rapide et importante de la ressource à un niveau préoccupant. Nous demandons aux citoyens de limiter l’utilisation non essentielle de l’eau potable afin d’éviter d’en venir à un épisode d’interdiction ou de restriction de l’usage de l’eau. Nous demandons leur coopération afin de protéger cette ressource si importante», complète France D’Amour, directrice générale.

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