Les compagnies de tabac écrasées par… un p’tit gars de Charlevoix

Par Gilles Fiset 8:36 AM - 13 mars 2019
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Philippe Trudel. Photo graciueseté

 

On sait déjà que les grandes compagnies de tabac sont condamnées à payer plus de 15 milliards en dommage à près de 100 000 québécois. Ce que l’on sait moins par contre, c’est que Philippe Trudel, originaire de Saint-Irénée et nouveau propriétaire du Domaine Belle Plage, est à la tête du bureau d’avocats qui a vaincu ces géants, une véritable bande de robins de bois en toge.

Depuis deux semaines déjà que la Cour d’appel du Québec a entériné le jugement de la Cour supérieure du Québec rendu en 2015 et qui obligera trois grandes compagnies de tabac, soit Imperial Tobacco, Rothmans Benson & Hedges, et JTI-MacDonald à payer plus de 15 milliards en dédommagement.

Ce jugement que plusieurs qualifient d’« historique » tombe après une véritable saga judiciaire qui a duré près d’une vingtaine d’années.

C’est le bureau d’avocats Trudel Johnston et L’Espérance de Montréal qui a mené cette guerre. Un bureau cofondé par Philippe Trudel. Ce dernier a vécu à Saint-Iréné, jusqu’à l’âge de dix ans pour ensuite suivre sa famille à Québec et faire ses études droit à Montréal. « Toute ma famille est originaire de Saint-Irénée. Je me rappelle quand j’étais tout jeune, on allait souvent sur la plage et même qu’à la Saint-Jean, on allait ramasser les bouteilles vides laissées sur place pour se faire de l’argent de poche », se remémore le grand avocat, un petit sourire aux lèvres.

Mais ayant beaucoup de parenté dans la région et appréciant particulièrement le coin, l’avocat de renom vient s’y ressourcer chaque année. D’ailleurs, il y a moins d’un an, il a fait l’acquisition du Domaine Belle Plage de Baie-Saint-Paul, question d’avoir un pied à terre dans Charlevoix.

Robins des bois en toge

Philippe Trudel et ses deux associées sont désormais à la tête d’un bureau d’une douzaine d’avocats qui se spécialisent en recours collectifs et défendent des causes sociales, par choix. « On est des gens idéalistes, mais on a les deux pieds sur terre. La politique est une façon de changer les choses, mais le droit aussi en est une et il nous permet d’agir », explique M. Trudel. « D’ailleurs note plus belle réalisation est de réussir à s’entourer de jeunes avocats plus talentueux que nous qui pourraient travailler n’importe où, mais qui viennent travailler avec nous parce que pour eux ce sont les idéaux qui compte »

Ce dernier a commencé sa carrière à pratiquer dans les grands bureaux d’avocats à défendre les intérêts des grandes institutions. « Mais j’avais beaucoup plus de satisfaction personnelle à faire une différence pour quelqu’un qui a besoin. Les grandes compagnies s’en foutent de ce que l’on fait pour elles », ajoute M. Trudel, un avocat épris de justice et d’équité. « Je voyais le déséquilibre des forces entre les grandes institutions défendues par des batteries d’avocats très intelligents, très bien formés contre la pauvre victime qui n’est souvent même pas représenté et je trouvais cela inacceptable ».

Empêcher l’installation d’un port pétrolier à Cacouna pour protéger les bélugas, permettre aux femmes d’avoir accès gratuitement à l’avortement ou encore empêcher certaines fouilles à nu humiliantes pour les prévenus ne sont que quelques-uns des dizaines de procès que Philippe Trudel et ses associés ont menés de main de maître pour changer les choses.

Bien que le bureau d’avocat doit prendre des causes traditionnelles pour payer les factures, « on essaie d’avoir un modèle d’affaires dans lequel la moitié de nos dossiers sont des causes pro bono, pour lesquelles on ne charge rien, mais ce sont des causes sociales, qui nous tiennent à cœur », explique le nouvel aubergiste en terminant.

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