Au revoir M. Choquette

Par Brigitte Lavoie 11:05 AM - 23 janvier 2019
Temps de lecture :

M. Auguste Choquette est décédé le 21 décembre à l’âge de 86 ans.

Aujourd’hui, j’use de cet espace pour faire exister quelqu’un encore un peu. La mort a ce privilège de faire fleurir les souvenirs chez ceux qui ne veulent pas oublier.

Le 21 décembre dernier, Auguste Choquette a tiré sa révérence de la vie discrètement, sans que beaucoup d’entre nous n’en ait connaissance. Ancien député libéral, M. Choquette avait un charisme et une verve enviable. Mais surtout, c’était un citoyen de La Malbaie extrêmement sympathique qui avait ses habitudes, faisait partie d’un quotidien routinier fait de livres, de bonne nourriture, de rencontres et de matchs de tennis.

Il combattait un cancer depuis quelques mois déjà. Dans les derniers temps, l’homme était moins vif, tanguait un peu. Le joueur de tennis qui se baladait l’été en short blanc avec sa veste rouge aux couleurs du Canada était rattrapé par ses 86 ans. Nous avons été plusieurs sans doute à nous inquiéter pour lui.

Né en 1932, M. Choquette était issu d’une famille historique si l’on peut dire, dans laquelle s’étaient succédé les politiciens. Il avait pour sa part été député de Lotbinière pour le Parti libéral du Canada de 1963 à 1968. Il parlait avec enthousiasme de ce passage à Ottawa où il participa, en 1965, à l’adoption du drapeau du Canada, tel qu’on le connait aujourd’hui. Il siégeait alors notamment avec un jeune député libéral prénommé Jean Chrétien, sous la gouverne de Lester Bowles Pearson…

Fidèle libéral, M. Choquette était un participant régulier des rendez-vous partisans fédéraux et provinciaux. Il fallait le voir s’animer dans ces rencontres, lui qui connaissait tout un chacun. Sa mémoire des noms, des dates, des événements était étonnante. Lorsqu’une personnalité libérale débarquait dans Charlevoix, M. Choquette apparaissait nécessairement dans le décor et finissait par faire les présentations, ou informer les collaborateurs sur l’identité des personnalités locales à qui il serait bon de serrer la main. Les acteurs du parti semblaient avoir pour lui un très grand respect.

Après une carrière en droit et dans les communications, M. Choquette est devenu résident de La Malbaie pour l’air pur, la proximité du fleuve. Il adorait sa région d’adoption. Il était un visiteur régulier de la bibliothèque Laure-Conan où il a conquis le cœur du personnel. Plus tôt en décembre, l’équipe de la bibliothèque lui avait d’ailleurs fait parvenir un petit mot, le remerciant « d’avoir su si bien partager sa culture avec sa verve et son érudition, toujours avec une politesse raffinée. M. Choquette a assurément laissé une empreinte dans l’histoire de notre lieu de savoir. »

Au Domaine Forget, son départ laisse aussi une ondée de tendresse. Abonné depuis plusieurs années au Festival international, M. Choquette était de tous les spectacles de musique classique, ou presque. « Il appelait dès l’ouverture de la billetterie pour son abonnement. Il avait toujours le même siège, à l’avant. C’était le siège de M. Choquette. C’était un mélomane. Après chaque concert, il avait son opinion. Il repartait exalté par ce qu’il avait entendu, d’autre fois, il était plus critique. C’était un homme coloré », se souvient Ginette Gauthier, directrice générale de l’institution qui perd ces années-ci certains de ses plus fidèles et anciens spectateurs.

À la boulangerie Pains d’exclamation, M. Choquette avait ses habitudes. « C’était une présence constante et rassurante », relate avec chaleur la propriétaire, Josée Gervais. « Depuis l’annonce de son décès, on parle de lui avec plein de clients. Tout le monde l’aimait beaucoup. Par sa délicatesse, sa bonne humeur et ses discussions toujours intelligentes avec tout un chacun, il était un bonheur pour nous tous, les employés de la boulangerie et la clientèle. » Et je laisse à Josée le mot de la fin, puisque je ne saurais si bien dire : « M. Choquette nous a marqués à jamais. »

Partager cet article