Ma gang de malades

Par Émélie Bernier 10:02 AM - 17 janvier 2019
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Vingt-cinq pour cent. Un quart. Une personne sur quatre.

Dans les hautes sphères des « marketeurs » de ce monde, ceux qui nous vendent du rêve en petit pot, des laveuses programmées à l’obsolescence qui ne plient pas le linge, mais presque, des bagnoles qui feront de nous de jubilantes « soccer mom » ou tout autre concept destiné à changer le cours de nos vies de simples mortels (et à remplir au passage les comptes en banque de leurs patrons), ce chiffre est magique.

C’est le point de bascule, ce moment où c’est dans la poche. Celui où dans les officines, on entend Bernard Deromeprononcer de sa belle voix grave « si la tendance se maintient… »
À 25%, la tendance fait plus que se maintenir, elle se confirme. Champagne!

J’ai cueilli cette information dans une entrevue avec Christian Bourque, vice-président à la direction et associé chez Léger, en marge du dévoilement des résultats d’un sondage de sa firme sur les habitudes de consommation des ménages canadiens durant les Fêtes.

Grosso modo, 46 % des quelque 1 500 Canadiens sondés y affirmaient avoir modifié leur comportement d’acheteur que ce soit enréduisant le nombre ou la nature des cadeaux offerts ou en modifiant les menus festifs pour s’adapter à leurs convictions et à leurs valeurs ou celles de leurs convives carnophobes.

« Quand 25 % des gens ont eu la télévision, ç’a pris quelques années pour que tout le monde ait une télévision. Quand 25 % des Canadiens ont eu un téléphone sans fil, après ça, c’est devenu exponentiel. Donc, est-ce qu’on est à ce moment de notre histoire, au Canada, où la consommation responsable va devenir exponentielle en ce qui concerne la croissance dans l’avenir? », lançait-il, comme un heureux pavé dans la mare.

Quarante-six pour cent, c’est bien au-delà du chiffre magique de 25%, non? Presque trop beau pour être vrai…

Parce que je voulais vraiment y croire, j’ai fouillé un peu le grand méchant «ouèbe» pour en apprendre plus sur ce fameux point de bascule et je suis tombée sur un bouquin de Malcolm Gladwell qui porte justement ce titre, The tipping point.

Malcolm Gladwell compare les mouvements sociaux à des épidémies, empruntant à celles-ci un certain vocabulaire. Les agents infectieux, par exemple, sont ceux qui vont jouer un rôle moteur dans le phénomène. Gladwell parle de « loi des rares ».

Ces rares, ce sont des gens comme vous et moi qui se distinguent par leur capacité d’initier le mouvement, les influenceurs, mais pas nécessairement au sens vainement Instagram du terme. Ces agents infectieux s’appellent ici David Suzuki, Hubert Reeves, Al Gore (mais visiblement pas MarieChantal Chassé…) et dispersent autre chose que des spores de vacuité!

La seconde étape, le facteur d’attachement, comme l’explique l’auteur, est l’intensité avec laquelle le message, ou le virus, s’insinue dans le public, car sans cible à laquelle s’accrocher, pas d’épidémie possible.

Finalement, si une pandémie peut s’enclencher à partir de presque rien, le contexte déterminera sa durée de vie, voire sa permanence. Plus les personnes atteintes sont nombreuses et deviennent à leur tour des vecteurs de la « maladie », plus les chances sont grandes, disons-le comme ça, que l’épidémie devienne la norme. Le virus efficace est celui qui s’imprègne.
Je nous souhaite la contagion. Je nous souhaite de devenir tous porteurs et propagateurs du virus de l’écologite aigüe. Je nous souhaite de faire des pieds de nez aux mille et un lobbys qui tentent de nous inoculer (pour ne pas dire « enc… ») et de nous éloigner de cette nécessaire peste qui est indubitablement notre salut à tous. Alors, ma gang de malades, vous êtes donc où?

 

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