Il était une fois, puis deux, puis trois…

Par Emelie Bernier 11:22 AM - 17 octobre 2018
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Prière de noter que ceci n’est pas une apologie de la consommation de THC, mais bien un petit conte rigolo qui rappelle que Justin Trudeau n’a rien inventé, surtout pas la marijuana. L’avenir dira si ce choix, la légalisation, était le bon. Espérons seulement que Justin ne soit pas en train d’essayer de nous abrutir en nous faisant fumer un gros spliff collectif!
“Et parlant d’herbe, roules-en donc un/Qu’on redevienne l’instant d’un spliff/ Des souverains improductifs”
-Dédé Fortin

Il y a très longtemps dans un petit village de bord de mer vivait dans son château à tourelles une jeune fille sage. Dans sa bande, il n’y avait que des garçons, des petits, des grands, des moyens, des ronds. De châteaux de neige en guerre de pommes, la petite bande vivait heureuse, faisant des goélettes échouées son terrain de jeux préféré. Le temps passait doucement, lentement, très très lentement, surtout l’hiver. L’hiver, cette saison aux nuits si longues qu’elles s’attardaient encore quand ils quittaient pour l’école le matin et étaient déjà bien installées quand ils en revenaient le soir.
Si les nuits d’hiver frôlaient l’éternité, l’été, elles étaient courtes et folles! Comme il n’y avait pas assez d’heures pour faire tous les mauvais coups que jeunesse commande, alors la petite bande dormait peu et festoyait beaucoup.
La jeune fille sage veillait sur ses copains qui, bien plus tôt qu’elle, avaient découvert les joies des dives bouteilles. C’est par la bière que tout avait commencé, bien sûr. Elle avait fait son arrivée dans le décor de façon toute naturelle. Les garçons avaient un faible pour la 50 que la jeune fille sage lapait sans grand intérêt, son allégeance frayant plutôt du côté des boissons aux couleurs vives et aux noms exotiques, (ancêtres buvables des « poppers » d’aujourd’hui): mojito, kamikaze, tequila sunrise!
Les garçons, eux, buvaient leur fort comme des hommes : pur et dur, directement au goulot et sans faire de grimace! Dans l’histoire, il n’y avait nulle méchante sorcière ou vieux bouc barbu acariâtre pour venir gâcher le plaisir des post-gamins en vadrouille. Sauf peut-être la nuit quand tout ce beau monde à peine pubères se baignait où il n’avait pas d’affaires…
Parce que jeunesse rime avec hardiesse, les petits mecs de la bande eurent bientôt envie de visiter d’autres paradis artificiels un brin moins licites. Pas que du bio, disons, pour épargner les réputations.
La jeune fille sage n’était pas très chaude à l’idée d’accueillir ces intrus psychotropes imprévisibles dans sa petite meute de gentils louloups, alors elle fit le vœu d’en rester distante.
Aux premières loges, elle vivait l’euphorie et les dérapes par procuration, parcourue de quelques inquiétudes parfois. Avec les folles folies qui ponctuaient leurs veillées aux belles étoiles, mieux valait qu’un d’eux, visiblement elle, garde la tête froide. Froide, mais pas gelée, tsé. Au cas où.
Puis un jour, ce fut son tour. Dans une bagnole en revenant de Baie-Saint-Paul, avec un groupe de musique klezmer psychédélique débarqué de Boston avec un nom de mollusque prédestiné, les Hypnotic Clambake pour ne pas les nommer, la jeune fille sage a tâté du THC. Dire que sa vie en a été changé serait exagéré et voilà, en substance, la morale de cette histoire qui est la sienne, mais pas celle de tous.
Elle eut au fil des ans quelques petites pertes de mémoire par-ci, par-là, mais elle vécut heureuse et relativement saine d’esprit.
(NDLR : Toute ressemblance avec des personnages ou des lieux existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Ou presque.)
*
Ce que ce conte un peu bidon et franchement inspiré de faits vécus, avouons-le, raconte, c’est la vie! Vos ados aussi boivent ou boiront de la bière. De la Sour french Kiss ou de la Double IPA, de la Drav ou de la Castor, s’ils sont futés. Et un jour, peut-être, ils auront envie d’essayer cette herbe folle qui fait rire et déblatérer, qui brouille les inhibitions et invite à danser, qui donne une faim de loup et plonge dans un sommeil profond.
Que vous le vouliez ou non ne change pas grand’chose à ça.
La toute fraîche légalisation du cannabis non plus.
Est-ce que vous devez vous en inquiéter? Les avis divergent. Mona Nemer, scientifique en chef du Canada, qualifie même de « gouffre de connaissances immense» notre maîtrise des sujets relatifs aux cannabis tels ses effets sur la santé physique et mentale, sur le développement des adolescents ou sur nos capacités à travailler et conduire sous son influence.
Que dire sinon que la vigilance et l’ouverture d’esprit sont de mise. Il y a plein de judicieux conseils sur le site de Tel-Jeunes notamment (où vous avez accès à une ligne « parents »!), mais le plus important, peut-être, est de maintenir un lien significatif avec votre progéniture aventureuse, de signifier votre désaccord si telle est votre position et de garder le canal de communications ouvert. Peut-être ne fumerez-vous jamais de pétard avec votre gamin, cette limite vous appartient. Mais ne laissez pas le THC vous en éloigner.
Sachez que quoi que vous tentiez, vous ne réussirez probablement pas à empêcher votre ado de fumer un joint quand son heure sera venue, si elle vient! Avant de l’embarrer dans sa chambre, de lui couper les vivres ou de l’envoyer en désintox manu militari, prenez donc le temps d’en jaser avec lui ou elle, de lui rappeler gentiment que la Société québécoise du cannabis pourrait faire sienne le slogan de la SAQ parce qu’avec le pot comme avec la bouésson, la modération a bien meilleur goût.

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