Festif! un jour, Festif! toujours

Par Emelie Bernier 21 juillet 2011
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Il était une fois une gang de post-ados allumés. Passionnés de musique vivante, d’ambiance  et de joyeuses noubas, ils ne pouvaient que constater à quel point leur petite ville était en pénurie de grandes fêtes rassembleuses. Plutôt que de s’affliger et de subir ce vide en s’apitoyant sur leur sort, ils se dirent en chœur : « Pourquoi ne pas créer l’événement?» Ainsi naissait le Festif! qui connaîtra son an 2 le samedi 23 juillet prochain.

La genèse

Le noyau dur des fondateurs est un amalgame de forces copines et engagées. « On se connaît depuis un bout! Plusieurs d’entre nous étions impliqués dans le Woodspunx (ndlr : festival de musique plutôt trash-punk-alterno-métal réservé à un public averti aux oreilles… endurcies), mais on souhaitait faire quelque chose de plus accessible», confie Clément Turgeon, président-coordonnateur du Festif!

L’Éveil du géant et son grand party en forme d’apogée au Boisé du quai ont inspiré cette jeunesse proactive. « On a vu l’engouement, l’ambiance, la foule et on s’est dit : on veut un festival comme ça! C’est aussi pour ça qu’on a intégré un volet « cirque » dans l’événement, pour faire un clin d’œil aux débuts du Cirque du Soleil ici et pour nous distinguer, car il y a beaucoup de festivals de musique.»

Déjà vu

Leur enthousiasme a été rapidement mis à l’épreuve. Comment accorder de la crédibilité à une poignée de crinqués dans la jeune vingtaine, sans moyens, mais rêvant grand?

«On les a entendus, les préjugés, et on les entend encore, mais ça nous motive à montrer qu’on est sérieux! On peut être « trippeux », mais avoir des projets et les mener à terme.» On peut affirmer sans se tromper que le succès de la première édition ¾ avec les Cowboys fringants en tête d’affiche et plus de 2000 personnes ayant répondu fébrilement à l’appel ¾ a donné un bon coup de barre à la réputation de l’événement et de ses instigateurs. « Disons que c’est plus facile d’aborder les commanditaires. On nous prend au sérieux! »

La bande de copains ne compte pas les heures consacrées à la cause commune. Tout au long de l’année, les fins de semaine sont accaparées par diverses activités de collecte de fonds : bal des bonshommes de neige, soirée karaoke à Québec, service au party de homards du Club Lions, course des traîneux, clairs de lune au salon de quilles… On est loin de la léthargie supputée! « On a même emballé  au IGA et vendu des citrouilles de porte en porte. Vraiment, c’est une question de passion! Quand on explique tout ce qu’on fait, les gens n’en reviennent souvent pas », s’amuse Clément Turgeon. Le  budget de l’an dernier frôlait les 80 000 $. Cette année, il atteindra 120 000 $, notamment grâce à l’ajout d’une nouvelle scène au parc du Gouffre. Et les ambitions du noyau dur ne s’arrêtent pas là…

Un peu plus haut

Avec l’ajout cette année d’un volet concours avec le Cabaret Festif ! de la relève, la bande à Clément atteint quelques-uns de ses objectifs d’expansion : donner plus de place aux artistes d’ici, mailler avec les institutions en place  (en l’occurrence, le Cabaret du Café des artistes et la Ville de Baie-Saint-Paul) et créer des événements en toute saison. « David Cimon, qui a décroché la première place, jouera avant Robert Charlebois et les Trois accords. Les finalistes font des premières parties à Animation Baie-Saint-Paul. On aimerait bonifier les prix, offrir des spectacles ailleurs pour les gagnants, peut-être des enregistrements », confie-t-il.

L’ambition, ce n’est pas ce qui manque aux créateurs du Festif!  «Le fait d’être bénévoles nous impose d’y aller un pas à la fois pour que nos projets aient une bonne base. En ce qui a trait au festival, on ne veut pas pour l’instant s’éparpiller sur quelques jours, sur plusieurs sites, mais dans l’avenir, c’est ce qu’on vise. Un festival sur plusieurs sites, un centre-ville mis en valeur, de l’animation de rue et de la place pour la relève locale!» Le parc du Gouffre ne perdra toutefois pas son titre de chef-lieu. «C’est un bon site, il reste de la job à faire, mais c’est un bon départ. Le défi, c’est de changer la mentalité. Pendant q
uelques années, il y avait des sécheuses, des couches, c’était une « dompe »… On est content de contribuer à la revitalisation de cet espace », de poursuivre Turgeon.

Coup de cœur et moments de grâce

Pour la première fois cette année, le Festif ! proposera un spectacle en kayak.  « Le concept est clairement inspiré du festival de la chanson de Tadoussac.  On avait envie d’exploiter le site de la murale et on a abordé Katabatik pour voir si c’était possible. » Les gens pourront assister au spectacle de Buddy Sam Walker de leur kayak ou du pont Leclerc.

Une performance assurément déjantée des Trois Accords et le spectacle des grands succès de Robert Charlebois sont aussi des incontournables, selon M. le président lui-même, pas peu fier de présenter un des trois spectacles de l’été 2011 du roi des bougalous.

Côté circassien, les Tourisk et Throw 2 catch sont des valeurs plus que sûres! « Ce sont des spectacles exceptionnels, de calibre international. Vraiment à voir! » La fête débute à 15 h et s’étire jusqu’au jour suivant…

Planter ses racines

Pour Clément Turgeon, l’heure demeure à la consolidation. « On veut grandir, mais prendre notre temps! On ne veut pas s’éparpiller, s’essouffler. Présenter un spectacle devant une salle vide, c’est notre cauchemar! On aimerait que le festival dure une semaine, qu’il y ait plusieurs scènes, des vitrines lors d’autres événements, être de connivence avec ce qui se fait déjà, faire notre place, mais sans empiéter sur les plates-bandes des autres. Ce qu’on veut surtout, c’est que le Festif ! soit un grand party rassembleur, une fête populaire pour toutes les générations!»

Avec une attitude pareille, il y a fort à parier que le Festif! est là pour rester.

Qui s’en plaindra?

www.lefestif.ca

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