Les fous des Halles au CÉCC: L’enfer, c’est les autres

Par Emelie Bernier 3 mai 2011
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Difficile de résumer cette œuvre collective gigogne où des représentants de l’enfer et de l’Olympe côtoient une royauté déjantée, où la débauche fraie allégrement avec la pureté, où les rites sacrificiels s’effilochent, remis en question par les bourreaux eux-mêmes. Quoi qu’il en soit, si le théâtre doit être une expérience, mission accomplie pour la troupe des Ô parleurs.

 

 

Un roi incontinent, une conscience hurlante, un Germain diabolique, des escortes en sari, la candeur incarnée et un chœur polymorphe se partagent notamment les scènes de cette œuvre créée à partir de séances d’improvisation et d’ateliers sur le personnage.

 

«L’an dernier, on s’était dit qu’on ne referait pas de création collective, puisque ça représente énormément de travail, mais c’est tellement stimulant qu’on s’est encore laissé embarquer. L’an prochain, on ne nous y reprendra pas! », commente en riant Isabelle-Anne Messier. Elle partage avec Patrice Gagnon le rôle de metteur en scène et d’auteur de la pièce. « Le but de l’exercice est de permettre aux jeunes de s’impliquer sur le plan même de

la création.  Ils

ont l’âge idéal pour remettre en question les concepts et les réinventer », commente quant à lui Patrice Gagnon. 

 

Les deux metteurs en scène ont consacré entre 200 et 300 heures à mettre sur papier les répliques des 16 comédiens de la pièce. « Les jeunes donnent des idées sur leurs personnages, c’est inspiré par eux. Pour le choix des thèmes, on est retombés dans quelque chose d’assez absurde, mais avec un côté inspiré des tragédies grecques », de poursuivre Mme Messier.

 

 

 

Même le rapport du public à la scène est bouleversé. Le public est ainsi assis des deux côtés d’un couloir perpendiculaire aux deux scènes principales. Le couloir agit comme un canal entre les deux lieux, tout en servant lui-même de scène.  « L’approche  de la scénographie était d’utiliser tout l’espace et par le fait même de déstabiliser le spectateur. C’est une façon d’accentuer l’éclatement du texte et de s’amuser autour de cette création », explique le metteur en scène. Il salue au passage l’ingénieux travail d’Antoine Michaud aux commandes de la scénographie.

 

 

De cette pièce étrange où la téléréalité côtoie la mythologie, nous retiendrons surtout l’audace des jeunes comédiens et leur indubitable plaisir de jouer.

 

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