Le Symposium international d'art contemporain de Baie-Saint-Paul dans l'oeil des guides

Par Emelie Bernier 16 août 2009
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Le Symposium vous fait peur? Guillaume Adjutor Provost et Stéphane Bernard, guides devant l’éternel, sont là pour vous aider à apprivoiser la bête à 12 têtes qui triture activement la matière dans les entrailles de l’aréna de Baie-Saint-Paul.

 

 

Guillaume Adjutor Provost

Étudiant à la maîtrise en arts visuels à l’Université Laval, Adjutor, (appelons-le ainsi pour la rareté du nom) en est à son deuxième mois d’août à l’aréna de Baie-Saint-Paul. Selon lui, le travail de guide oscille entre le formel et l’informel. «Notre travail, c’est de proposer au public des pistes de lecture. L’art contemporain, ce n’est pas un paquet d’oeuvres toutes dans le même panier! Il y a différents langages, différentes approches. C’est une priorité de désamorcer l’idée générale qu’on ne «comprend rien». Tout s’apprend!»

Chaque jour, de 12h à 17h, il enchaîne les tours commentés en alternance avec son comparse Stéphane. Pourtant, il ne se lasse pas de cette routine singulière. «L’oeuvre est vivante et évolue sur le mois. On verbalise, les gens ont des questions. Il se crée un triumvirat entre l’artiste, le guide et le visiteur et tous ont une attitude d’ouverture.» Passionné, quoi!

Coups de coeur

«Adjutor » connaissait la moitié des artistes présents cette année au symposium avant d’y poser ses pénates. Il avoue apprécier particulièrement la sélection de cette année. «Cette année, l’entièreté est facile à approcher! C’est bien balancé dans le choix des thèmes. C’est assez accessible, sans tomber dans la facilité.

Deux artistes m’interpellent particulièrement. D’abord, Shary Boyle, car elle ne travaille pas sur un medium fixe.  J’aime l’exploration, le dialogue entre les médias. J’apprécie son l’approche low-tech. C’est du multimédia, mais sans grosses machines. C’est la preuve qu’avec de bonnes idées et des moyens simples, on peut faire de belles choses. (En passant, ne pas manquer la représentation, vendredi le 21 août au Cabaret du café des artistes, d’une performance de Shary avec Christine Fellows. Prometteur!)

 

 

Dans le même ordre d’idée, j’ai un coup de coeur pour le travail de Luc Paradis. Parce que je trouve qu’il représente bien un rapport plus alternatif à l’art maintenant. C’est possible de faire un art excellent et assumé mais en dehors des réseaux établis. Dans ce cas-ci, il touche à plusieurs domaines. Il fait des pochettes d’album. Sans se détourner de l’art pour l’art, c’est un travail parallèle. Son travail implique un symbolisme assumé, un petit peu impertinent. Et il a cette qualité dans sa pratique d’amener un rapport humoristique. Je trouve ça charmant.»

Point de vue de l’artiste?

Luc Paradis ne renie pas le commentaire de Guillaume. «Mon travail a deux côtés, un côté humoristique et en même temps, un côté sérieux, sombre. Le mélange donne un résultat un peu tordu. Les oeuvres représentent un monde imaginaire, où l’histoire se développe pendant que je travaille. Je ne connais pas l’histoire avant de commencer le tableau, mais dans plusieurs de mes pièces, il y a une tension entre les personnages et ce, même si c’est un monde fixe, solide, gelé dans l’espace…»

 

 

Stéphane Bernard

Étudiant au baccalauréat en enseignement des arts à l’Université Laval, Stéphane est en quelque sorte «guide professionnel». «Ça fait longtemps que je suis guide! J’ai travaillé comme guide au Musée du Québec, au Musée royal de l’Ontario, au Centre des sciences à Ottawa… C’est ce qui m’a fait adorer ce genre d’enseignement informel!» Au symposium, le métier de guide prend une autre dimension. «Évidemment, ici, on travaille avec les artistes! On ne transmet pas une information factuelle sur un objet ou une histoire! De un, on fait des liens entre les artistes et l’art contemporain. De deux, on parle un peu de l’artiste. C’est vital de sensibiliser les visiteurs au fait que les arts d’aujourd’hui sont faits par des gens d’aujourd’hui!»

Certes, certaines personnes questionneront toujours le pourquoi de ces néons qui transpercent une oeuvre d’art populaire, ou cette chaise Louis XIV défoncée.

«L’oeuvre faite en direct ici fait partie du cheminement artistique de l’artiste. C’est important de saisir l’entièreté de la démarche, l’évolution. Moi, je fais un travail de démocratisation dans le but de rendre l’art contemporain accessible à tout le monde en créant des liens entre le travail de l’artiste et le grand public. Faire un tour guidé, c’est se rapprocher des oeuvres et des artistes. C’est quelque chose d’absolument nécessaire pour quelqu’un qui visite le symposium.»  Convaincus?

 

Coups de coeur?

«Je suis peintre, donc j’apprécie beaucoup le travail de Max Wyse. C’est un artistes autodidacte, ce qui démontre qu’en faisant de l’art, on peut avoir un parcours cohérent et même faire progresser la recherche en peinture actuelle. C’est peut-être justement grâce à une certaine absence d’influence ou de contrainte de plaire à un «maître». C’est une approche qui est moins académique, plus organique.

 

Mon deuxième choix, ce serait Susy Oliveira. Je trouve son travail de photo vraiment intéressant. J’aime voir l’évolution de son travail! Elle profite du symposium pour explorer une nouvelle piste ici. C’est quelque chose que les artistes peuvent se permettre ici, se concentrer uniquement sur la recherche.»

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