La Couronne réclame de 18 à 20 ans d’emprisonnement pour Éric Levasseur

Par Dave Kidd 4:31 PM - 5 avril 2024
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Le palais de justice de La Malbaie

La Couronne fixe entre 18 et 20 ans la période d’inéligibilité pour une libération conditionnelle à Éric Levasseur, reconnu coupable du meurtre au second degré de Carolyne Labonté au terme d’un procès tenu en février.

« Déraisonnable », a lancé Me Marie-Hélène Giroux. « C’est de la vengeance et non de la dissuasion », a-t-elle poursuivi après avoir écouté Mes Jean-Sébastien Lebel et Anne-Laurence Brown pour la Couronne faire leurs représentations sur la peine. La défense croit que 13 ans de détention est la peine appropriée.

Le juge Carl Thibault de la Cour supérieure du Québec entendait les parties ce 5 avril sur la détermination de la peine. C’est lui qui doit déterminer la durée de l’emprisonnement qui se situera entre 10 et 25 ans.

Cette audience était particulièrement émotive alors que des déclarations des membres des deux familles ont été lues en la salle 1.03 du palais de justice de La Malbaie.

Les parents de la victime ont relaté la douleur qui les habite depuis les événements de mars 2021. « Depuis 3 ans, chaque seconde je ressens l’agonie de sa perte. Elle était la lumière de ma vie. Il a commis l’impensable », écrit Yves Labonté dans la lettre lue par Me Lebel.

« C’est un gouffre béant dans ma vie. Le temps cruel s’étire à l’infini et rappelle la cruauté de sa perte. Il aurait dû protéger sa famille. Il lui a enlevé la vie a celle qu’il avait promis d’aimer », a témoigné la mère de Carolyne Labonté, Carole Belley, par l’entremise du procureur de la Couronne.

Les deux frères de la victime et une de ses grandes amies ont aussi rédigé des lettres. « On essaie de comprendre comment un tel acte a pu être commis », a demandé Martin Labonté dans son message. « C’est difficile de décrire la déchirure intérieure subie », ajoute son frère François-Carl Labonté.

Dans une lettre qui s’adressait au juge, les enfants du couple Labonté-Levasseur déclarent qu’ils n’acceptent pas le verdict. « Si l’enquête avait été bien fait nous pourrions vivre notre deuil. Maman nous manque beaucoup. On n’a pas parlé parce qu’on ne voulait pas choisir entre les deux. Papa nous t’aimons beaucoup », dit la lettre qui demande aussi le minimum de détention soit 10 ans.

Ils mentionnent également « qu’ils veulent rebâtir leur famille avec leur père et qu’ils gardent de bons souvenirs de leurs parents qui les aimaient profondément ».

Me Marie-Hélène Giroux a fait remarquer à son confrère que « les enfants sont les grands oubliés dans toute cette affaire » et qu’il aurait dû en tenir compte dans son exposé. « C’est par délicatesse que je n’en ai pas parlé », a répondu Me Lebel.

Elle a poursuivi en indiquant que son client n’a jamais admis avoir posé le geste. « Le coroner a dit au départ que c’était un geste volontaire. On n’est pas dans du camouflage », a aussi déclaré Me Giroux en réponse aux jurisprudences citées par la Couronne pour explique sa suggestion de 18 à 20 ans.

Les enfants du couple auraient aimé faire un câlin à leur père après l’audience. Le juge a dû refuser la demande parce que les agents du Service correctionnel n’étaient en nombre suffisant pour faire respecter les enjeux de sécurité, a expliqué l’un d’eux au magistrat.

Le juge Carl Thibault rendra sa décision sur la peine le 6 juin prochain.

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