Denis Lavoie a travaillé pour Brian Mulroney pendant 5 ans

Par Dave Kidd 7:00 AM - 5 mars 2024
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Brian Mulroney et Denis Lavoie. Photos courtoisie

Denis Lavoie a été ébranlé par la mort de son ancien grand patron. Celui qui a dirigé le bureau de circonscription de l’ancien premier ministre du Canada, alors qu’il était député de Charlevoix, garde le souvenir d’un homme « humain ».

« C’était important pour lui, ce qui se passait ici. Dans le temps des fêtes, il me demandait une liste de personnes à appeler. Quand j’ai appris son décès, ça a fait bizarre. C’est un pan de ma vie important. Ça m’a façonné. Ma famille et moi avons rencontré plein de têtes couronnées. Jamais cela ne serait arrivé sans lui », s’est rappelé celui qui fait carrière dans l’immobilier depuis 30 ans.

Avant de travailler pour le « chef », Denis Lavoie était l’adjoint du député Charles Hamelin. Un jour, il reçoit un appel de Keith Morgan, le chef de cabinet de Brian Mulroney, qui lui dit « Brian Mulroney va se présenter dans le comté. Ça prend des dossiers pour faire des annonces », s’est-il rappelé.

Parmi les dossiers majeurs réglés dans les années Mulroney (1988-1993), notons le Musée de Charlevoix, le Centre d’exposition de Baie-Saint-Paul et le Massif de Charlevoix. « Ramasse-moi 1 M$ et je vais t’en donner 5 M$, m’avait dit Brian Mulroney », s’est souvenu Jean-Baptiste Bouchard, alors président de l’Association touristique et coprésident d’Action Massif 92, qui allait paver la voie à ce qu’est la station aujourd’hui.

« Un député extraordinaire qui nous a donné un sacré coup de main », continue-t-il. « Ode à Charlevoix avait été organisé au Château Champlain. Un événement réunissant l’élite pour lui rendre un hommage. J’avais livré un vibrant discours pour la réalisation du Massif et Brian Mulroney m’avait dit : je vais voter pour toi », a rappelé Jean-Baptiste Bouchard.

Une des meilleures anecdotes concernant les années Mulroney revient à la conjointe de Denis Lavoie. Brigitte Warren répond au téléphone. « Je voudrais parler à Denis. C’est Brian. Arrête de faire simple Hubert, lui dit-elle. Le PM finit par lui dire qu’il me rappelle au 613… C’est à ce moment qu’elle réalise que c’était vraiment lui. À l’autre bout du fil, Brian Mulroney éclate de rire », raconte Denis Lavoie, qui précise que plusieurs avaient tenté de se faire passer pour son patron au téléphone.

Brian Mulroney, Denis Lavoie et Jean Lajoie, ancien préfet au Manoir Richelieu

Selon l’estimation de Denis Lavoie, la présence de l’ancien premier ministre s’est soldée par une injection de 150 à 200 millions en dollars des années 90. « On a aidé. Je n’avais pas à me demander le matin si j’allais avoir des fonds. Toutes mes demandes ont été acceptées. Je n’ai pas toujours reçu 100 %, mais j’en recevais », dit-il.

Le seul dossier que les conservateurs du temps ont échappé est le complexe environnemental qui devait voir le jour sur le site du Centre écologique de Port-au-Saumon. « Ça a passé à deux cheveux. On l’a commencé tard », admet Denis Lavoie.

Une autre anecdote qui démontre que le premier ministre du pays ne possède pas une baguette magique est la chapelle de Sagard. Quand M. Mulroney allait au Domaine Laforest, Richard Foster, employé de la famille Desmarais et un des responsables de la chapelle, lui demande de l’aide pour la restaurer. « Appelle Denis, on a des programmes pour ça… Le dossier a traîné pendant trois ans, j’ai cherché et je n’ai pas été capable de le régler », admet l’ancien attaché politique.

« Je ne conserve que de bons souvenirs. Je n’ai jamais rien demandé. J’ai travaillé pour les gens d’ici. Je ne pensais pas à moi. En 1993, j’arrêtais, peu importe le résultat de l’élection », exprime Denis Lavoie, qui était un acteur influent dans le milieu, pour ne pas dire le plus puissant lorsqu’il était au bureau de l’ancien premier ministre du Canada.

Denis Lavoie a baigné dans la politique à un niveau que plusieurs aimeraient atteindre. Il aurait bien aimé poursuivre son implication en se présentant au municipal et au provincial. Ses tentatives n’ont pas été concluantes, ce qui s’est traduit par des railleries de la part de l’auteur de ces lignes pendant des années. Son sens de l’humour lui aura permis de passer par-dessus tout, comme son sens politique lui a permis de faire la différence dans la circonscription.