Moins d’appels et de pompiers présents dans la MRC de Charlevoix en 2023

Par Dave Kidd 5:00 AM - 5 mars 2024
Temps de lecture :

Cette année encore, une lumière jaune s’allume dans le Rapport d’opération en matière de protection incendie de la MRC de Charlevoix 2023 : le taux de présence des pompiers diminue à la fois sur les interventions et aux entraînements. Cela démontre dans une certaine mesure que le volontariat a des limites. 

Le taux de présence aux 190 heures d’entraînement dans la dernière année s’est élevé à 49 % pour l’ensemble des services. La moyenne de pompiers présents aux pratiques varie. Elle est de 74 % à Baie-Saint-Paul, 62 % aux Éboulements, 43 % à Saint-Urbain, 42 % à L’Isle-aux-Coudres, 38 % à Petite-Rivière-Saint-François et 35 % à Saint-Hilarion. 

« Un mur s’en vient. C’est une évidence », avance Sébastien Davis, qui a produit le rapport. Il ne vise personne, mais croit que le manque de disponibilité arrive en tête de liste pour expliquer la diminution des pompiers aux combats et aux pratiques. « C’est un enjeu important, le maintien des acquis et des compétences. Ça devient une question de santé et sécurité. Il faut clairement se prendre en main pour la suite. La clé, c’est le temps mis dans le service par les pompiers et aussi par les élus », analyse-t-il.

Dans son rapport, il demande aux élus de ne pas prendre cette situation à la légère. Le taux de présence des pompiers est en légère diminution depuis quelques années du côté des interventions, mais encore plus remarqué au niveau des entraînements. La coordination recommande au comité de gestion incendie et aux municipalités de surveiller de près ce phénomène et d’envisager des pistes de solutions potentielles. 

La firme récemment embauchée par la MRC pour lui formuler des recommandations concernant l’optimisation et la coopération intermunicipale des services de sécurité incendie va très certainement tenir compte de cet élément dans son rapport. 

Baisse de 10 % 

En 2023, les pompiers ont été appelés 426 fois sur le territoire de la MRC. C’est 46 de moins que durant l’année précédente (472). Sans grande surprise, c’est pour les alarmes incendie que les pompiers sont sortis le plus souvent avec 140, représentant 32,86 % de tous les appels. 52 appels pour des vérifications ont aussi été reçus, alors que 15 appels concernaient des feux de résidences et six des commerces.

Autre évidence, c’est à Baie-Saint-Paul que ça sonne le plus avec 246 appels (58 %). Petite-Rivière-Saint-François suit avec 60 appels (14 %), Les Éboulements avec 55 (13 %), Saint-Urbain en a reçu 32 (8 %), Saint-Hilarion 17 (4 %) et L’Isle-aux-Coudres 16 (4 %).

On ne rapporte aucun décès dans les incendies qui ont causé des pertes matérielles pour environ 673 650 $. Un montant est évalué de façon approximative par le directeur du service, basé en partie sur la valeur foncière et la valeur du marché.

Le capitaine Sébastien Davis, également coordonnateur en sécurité incendie, a rédigé le rapport annuel.

Force de frappe avec nuances

Un des éléments majeurs du schéma de couverture de risques en sécurité incendie est la force de frappe. « Le déploiement, dans 90 % des cas, de la force de frappe complète à l’intérieur du temps de réponse prévu au schéma pourra, rétrospectivement, être considéré comme acceptable », note l’auteur du rapport.

Voici les moyennes obtenues par les services pour les interventions à l’intérieur du périmètre urbain et hors périmètre urbain. Les temps sont calculés différemment selon la localisation. Sur les 28 appels nécessitant l’atteinte de la force de frappe, le service de Baie-Saint-Paul affiche une moyenne de 82 % (23 en 28), celui de L’Isle-aux-Coudres obtient 43 % avec trois en sept. Les Éboulements et Petite-Rivière-Saint-François ont obtenu 25 % avec une seule atteinte en quatre feux. Saint-Urbain n’a pas rencontré l’objectif sur ses deux appels et finalement Saint-Hilarion n’a pas eu d’appel assujetti à la force de frappe.

Le temps de réponse moyen se situe à 14m54s. Le temps de réponse est calculé entre l’appel donné aux services et l’arrivée du premier camion sur les lieux. Trois services, Petite-Rivière-Saint-François (19m54), Saint-Hilarion (19m23) et Saint-Urbain (16m03) ont fini l’année avec des temps supérieurs à la moyenne. Baie-Saint-Paul demeure le service le plus rapide avec un temps de 9m45, suivi des Éboulements (10m42) et de L’Isle-aux-Coudres (13m37).

Autre donnée, le temps de mobilisation. Il s’agit du temps que les pompiers mettent à arriver à la caserne et à partir pour l’intervention. C’est le service des Éboulements qui arrive premier dans cette catégorie avec un temps de 4m47. Baie-Saint-Paul est second en 7m01, suivi de L’Isle-aux-Coudres (8m16), Saint-Urbain (8m36), Petite-Rivière-Saint-François (9m38) et Saint-Hilarion (10m21).

« Il faut apporter des nuances à ces données », prévient Sébastien Davis. En fait, il s’agit des temps moyens compilés par le Centre d’appels d’urgence Chaudière-Appalaches (CAUCA). « L’utilisation des codes radio influence les données. Un officier qui oublie ou qui donne son 10-17 (arrivé sur les lieux) avec du retard voit les temps de mobilisation et de réponse s’allonger », précise-t-il.

Ce n’est pas la première fois qu’il insiste sur l’importance des codes. Dans son rapport 2023, il répète que « chaque SSI devrait travailler à améliorer son délai de mobilisation et s’assurer de la déclaration du 10-16 (en route) et du 10-17 (arrivé) à la centrale en plus de rapporter le nombre de pompiers dans le véhicule », écrit-il.

La capitaine Dominique Maltais en communication

« Certains SSI éprouvent encore de la difficulté avec l’utilisation adéquate des codes radio. C’est pourquoi, dans le but de mesurer convenablement l’atteinte de la force de frappe, les SSI devront mettre en pratique le code radio 10-11 sur les interventions visées par la force de frappe. De plus, ils devront également mettre en application les autres codes comme intervention annulée ou feu maitrisé lorsque nécessaire. De l’entraînement doit être prévu dans les services pour cela », ajoute-t-il.

Rattrapage en prévention

Les objectifs de prévention dans les municipalités n’ont pas été atteints. Au courant de l’année 2023, 676 visites ont été effectuées par les pompiers sur une cible de 1 550. La principale cause retenue : le manque de personnel pour réaliser les visites. La situation devrait se résorber avec l’embauche de deux pompiers pour effectuer les visites de prévention résidentielle ou risque faible, comme on dit dans le milieu. Sur les 676 résidences visitées en 2023, 427 résidences ne présentaient aucune anomalie. En revanche, 249 résidences en présentaient au moins une. 144 concernaient l’avertisseur de fumée.

Les visites dans les bâtiments à risques moyens, élevés et très élevés sont effectuées par un préventionniste. Pour l’année 2023, 56,54 % des visites prévues ont été faites avec 108 visites complétées sur un objectif de 191. Sur les 108 risques visités en 2023, 13 risques ne présentaient aucune anomalie concernant la règlementation incendie. Cependant, au moins une a été notée dans 95 risques, lit-on dans le rapport. Un risque ne correspond pas à un bâtiment. Il peut y avoir plusieurs risques au même endroit.

Le 1er mai

« Les événements du 1er mai 2023 resteront à jamais gravés dans les mémoires des citoyens de Charlevoix et surtout pour ceux de Baie-Saint-Paul et de Saint-Urbain. La totalité des cartes d’appels reçues lors de cette journée n’a pas été incluse dans les tableaux pour ne pas biaiser le reste des statistiques annuelles », indique le rapport. « En cette seule journée, le service de Baie-Saint-Paul a reçu 32 cartes d’appels de la part du 911 et plus d’une centaine d’appels de citoyens par la ligne administrative. Celui de Saint-Urbain, deux cartes d’appels de la part du 911 en plus de multiples demandes citoyennes. Du côté des Éboulements, ils ont reçu deux cartes d’appels en plus d’assurer un support non négligeable en personnel au SSI de Baie-Saint-Paul durant la journée du 1er mai et également dans les jours qui ont suivi », rappelle-t-on dans le document.

Partager cet article