Un capitaine de Port-au-Persil devient centenaire

Par Jean-Baptiste Levêque 5:00 AM - 28 juillet 2023
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Marcel Carré fête ses 100 ans le 28 juillet 2023. Photo courtoisie

Marcel Carré, natif de Port-au-Persil, en a long à dire sur sa vie. Le capitaine de navires à la retraite fête ses 100 ans aujourd’hui.

Le Charlevoisien est le petit-fils d’Onésime Carré, un des premiers arrivants à Port-au-Persil. Les Carré sont des bâtisseurs de l’ancienne municipalité. « L’un construisait des goélettes, un autre pêchait, un autre encore faisait tourner le moulin à scie et deux d’entre eux avaient une ferme d’auto-suffisance », énumère la fille de Marcel Carré, Brigitte.

Des descendants des Carré sont encore installés dans le village, dont le conseiller municipal Michel Kowalew, petit-fils de Marcel Carré. Le centenaire était l’ainé d’une famille de neuf enfants. Depuis, il a eu quatre enfants, trois petits-enfants et deux arrière-petits-enfants.

L’homme a encore toute sa tête pour raconter ses nombreux souvenirs, notamment sa longue carrière dans la marine marchande. « J’ai commencé en 1940 sur la goélette Le JCT. Puis j’ai voulu passer le certificat d’officier en 1949 », raconte l’homme qui n’a jamais su nager!

Comme le jeune Marcel avait fait une petite école de campagne, il craignait de ne pas pouvoir passer son examen. Le capitaine en charge lui demande alors de calculer 2 + 2. Fournissant évidemment la bonne réponse, le marin se fait dire « tu vas passer! ».

En 1952, Marcel Carré quitte Port-au-Persil pour Montréal et y rencontre sa future épouse. Ils décident de s’y établir. Il devient capitaine de navires en 1954.

Marcel Carré lorsqu’il était capitaine dans la marine marchande. Photo courtoisie

De 1967 aux années 80, il transporte des rouleaux de papier journal jusque sur les Grands Lacs, notamment vers Chicago. Il voyage aussi dans les Caraïbes, en Amérique latine, en Europe.

« Il amenait sa famille. Ses grandes filles travaillaient en cuisine. Puis on passait nos étés à Port-au-Persil, chez nos grands-parents », se souvient Brigitte Carré. Son père y achète finalement une maison en 1980 afin de poursuivre la tradition estivale.

En 1985, après 45 ans passés sur les bateaux, Marcel Carré se sent fatigué. Il arrive à obtenir une pension de son employeur. « Quand j’ai pris ma retraite, je n’étais pas en santé », affirme-t-il.

Il rencontre un naturopathe, commence à suivre une meilleure alimentation et fait du sport. Tels sont les ingrédients qui l’ont maintenu en forme jusqu’à aujourd’hui. Le sympathique bonhomme faisait encore du ski alpin à 92 ans. Il a commencé à jouer au golf à 70 ans et n’a arrêté que l’automne dernier, à cause d’une fracture de la hanche causée par une chute.

Marcel Carré au golf avec sa petite-fille. Photo courtoisie

Il y a quelques années, la famille de Marcel Carré décide de rénover la maison de Port-au-Persil pour la louer aux touristes et la nomme La Maison du Capitaine. Les premiers locataires en profitent à l’été 2022. Mais quelques mois plus tard, le 2 octobre, un incendie ravage la demeure.

Marcel Carré, qui vit maintenant en résidence à Laval, se rend à Port-au-Persil le Noël suivant et constate les dégâts. « J’ai trouvé ça dur », se rappelle-t-il.

Les pompiers en train d’éteindre les flammes qui ont ravagé la résidence des Carré.

La maison a été rebâtie ce printemps et est de nouveau ouverte aux touristes depuis deux semaines. Mais Marcel Carré soutient qu’il n’y retournera pas à cause de son âge. « Ce n’est pas drôle de vieillir », conclut-il avec un léger sourire.

Si le poids des ans se fait sentir après une aussi longue vie, on ne peut qu’admirer Marcel Carré d’avoir aussi bien vécu.

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