La crécerelle d’Amérique fait le bonheur des observateurs

Par Michel Paul Côté 1:18 PM - 28 mars 2023
Temps de lecture :

La crécerelle est spectaculaire. Son plumage très coloré et contrasté, sa prédilection pour les espaces dégagés et son abondance en font un faucon que l’on observe fréquemment et facilement. Elle sera de retour parmi nous dans quelques semaines.

J’ai toujours été fasciné par cet oiseau que je trouve exceptionnel à plusieurs points de vue. Il est très beau, abondant, et bien visible un peu partout au Canada. C’est un chasseur redoutable, un faucon, que l’on observe fréquemment, perché au sommet d’un poteau, en train de dévorer une proie.

La crécerelle est avant tout un oiseau solitaire, même pendant la période de nidification. Cette solitude est le fruit d’une division très nette et stricte des tâches à accomplir entre le mâle et la femelle.
C’est le mâle qui chasse et ramène à la femelle la nourriture. La femelle ne quitte pas le nid, sauf pour recevoir la nourriture. Elle aménage la cavité qui servira de nid, couve les œufs, élève et nourrit les oisillons.


La seule interaction dans le couple se produit au moment du transfert de nourriture. Étant donné que cette étape peut s’étendre sur de nombreuses semaines, l’observateur a de bonnes chances d’observer cet échange, qui donne lieu parfois à une certaine vocalise. Le mâle s’approche du nid en criant, la femelle sort du nid, elle aussi en criant. Le couple se retrouve sur une branche pour échanger la nourriture. Le mâle retourne chasser, la femelle va nourrir ses petits. Ce qui est particulier, c’est que ce comportement débute bien avant que la femelle ne ponde ses œufs, alors qu’elle est parfaitement apte à chasser elle-même.


La crécerelle est de faible taille, un peu la même dimension qu’une tourterelle. En vol, les ailes sont pointues et la queue est presque carrée. C’est le plumage typique du faucon, permettant un vol rapide et agile. Ses couleurs, spectaculaires, rendent son identification très facile. Pour le mâle, les ailes et la tête sont bleues, la queue surtout noire avec des bandes blanches, la nuque et le dos sont de couleur rouille, presque rouge, la poitrine est pâle avec des reflets rouilles. Deux bandes noires sont bien visibles de chaque côté de la tête, de chaque côté de l’œil. Les couleurs de la femelle sont plus discrètes, le bleu étant absent. Mais les bandes noires caractéristiques demeurent présentes.


La crécerelle chasse surtout en terrain relativement découvert, au relief accidenté ou non. Le faucon se perche sur un arbre mort ou un poteau, guette ses proies et rate rarement son vol mortel pour la proie qui fut aperçue. Gros insectes, et souvent de petits rongeurs, parfois une petite couleuvre.
La crécerelle construit son nid dans une cavité naturelle, généralement creusée par un grand pic. La femelle visitera plusieurs cavités avec lesquelles elle est familière.


Le mâle prend souvent l’initiative de proposer des cavités nouvelles. Il s’en suit probablement une forme de négociation avant que le couple n’arrête son choix. Voilà un comportement qui nous ressemble pas mal…


Plusieurs amateurs bâtissent un nichoir qu’ils installent près de leur propriété. Luc Dufour, administrateur de la SHEC, en installe présentement un à Petite-Rivière-Saint-François afin de convaincre un couple régulier de crécerelles de s’installer à demeure chez lui pendant la belle saison. Étant donné le grand talent photographique de Luc, il y a fort à parier que nous aurons éventuellement des photos à partager dans une chronique future.


Notre crécerelle ne demeure pas avec nous pendant la saison froide. Elle migre aux États-Unis et établit là-bas son nouveau territoire de chasse. Ce territoire s’étend sur environ 100 acres lors de son séjour dans le Sud. Par contre, l’été, le territoire de la crécerelle s’étend sur 250 acres, car il faut nourrir une petite famille.


Cette famille sera probablement composée de quatre fauconneaux. La femelle couve pendant 30 jours, et un autre 30 jours avant que les jeunes ne prennent leur premier envol. Ils s’aventurent à proximité du nid, s’exercent à voler et se poser sur les branches. Le mâle continue de chasser et d’apporter les proies à la femelle et cette dernière nourrit les petits, souvent sur une branche. Fait à noter, les échanges de nourriture entre mâle et femelle sont maintenant silencieux. Les fauconneaux reviennent passer la nuit dans la cavité. Après 14 jours, ils deviennent autonomes.


Il arrive qu’à l’automne on puisse observer plusieurs crécerelles qui se déplacent ensemble. C’est inhabituel pour les couples, mais il s’agit ici des jeunes qui chassent ensemble et se préparent à partir pour le Sud.


Où observer la crécerelle dans Charlevoix? Elle est partout où se trouvent des espaces dégagés, avec quelques arbres. Parcs, champs, vergers, petits boisés. Mais c’est fréquemment sur un poteau ou un fil électrique qu’on va l’apercevoir, en train de déchiqueter une proie.


Bonnes observations.

Photo pixabay
Les oisillons de la crécerelle d’Amérique.
Photo Michel Paul Côté

Partager cet article