Les friperies ne sont pas vos poubelles

Par Karine Dufour-Cauchon 5:00 AM - 2 février 2022
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Annie Bouchard, directrice du centre communautaire Pro-Santé.

Il ne fait aucun doute que la générosité des Charlevoisiens est sans pareil quand vient le temps d’alimenter les friperies de la communauté. Toutefois, certains semblent les confondre avec des gestionnaires de matières résiduelles. Des vêtements souillés aux jouets sexuels en passant par des excréments de chien et même un oiseau mort: les trieurs en voient passer de toutes les couleurs!

Les friperies et autres établissements qui offrent des matériaux de seconde main reçoivent des tonnes de vêtements, chaussures, sacs à main, vaisselles et livres usagés, donnés par la population. Ils les revendent à petits prix et parfois même les redonnent à la communauté.

La Ressourcerie le SACC Vert, située sur la rue Doucet à La Malbaie, est investie de cette mission écologique et économique. Elle parvient à la remplir adéquatement jusqu’à présent. Le Service d’aide communautaire de Charlevoix-Est opère les lieux depuis près de deux ans.

La directrice du SACC, Maude Juteau-Cousineau, est d’avis qu’une minorité de dons est en mauvais état.

La gestion est toutefois alourdie par les objets troués, tachés ou par les items qui n’ont tout simplement par leur place dans un sac ou une boîte remplie d’objets donnés.

«Nous avons de très beaux dons et on en est très reconnaissant. Ça permet de redonner aux familles plus démunies, mais aussi à la population générale. Par contre, il y en a qui nous envoie des poubelles. Nous avons déjà retrouvé une perruche morte dans un sac!», partage-t-elle.

Un exemple d’événements malheureux déplorés par le SACC sur la page Facebook de la ressourcerie.

Du côté du Centre communautaire Pro-Santé de Baie-Saint-Paul, le tri des objets et vêtements donnés est aussi complexifié par des objets inutilisables.

Annie Bouchard, directrice de l’organisme, est également d’avis que de très beaux dons sont acheminés vers la friperie du sous-sol du local situé sur la rue Clarence-Gagnon. 

Par contre, il arrive que près de 65% du contenu des sacs reçus termine dans les ordures. 

Parmi les pires objets reçus, elle cite des sièges de toilette, des objets sexuels et des sous-vêtements souillés.

L’an dernier, Mme Bouchard a publié une vidéo sur les réseaux sociaux pour guider dans leur tri les citoyens qui souhaitent effectuer un don. Plus de 6 500 internautes ont vu la capsule.

«On a senti un impact après cette publication. Ça avait aidé à passer le message en partie, mais je crois qu’il faut faire des rappels continuellement. Les gens vident leurs maisons et pensent qu’ils peuvent tout envoyer chez nous. Nous ne pouvons pas faire des voyages à l’écocentre de Saint-Urbain, nous n’avons pas les ressources pour cela», a-t-elle souligné.

Le vol, un autre fardeau

Le vandalisme est le lot hebdomadaire des friperies. Annie Bouchard, du Centre communautaire Pro-Santé, constate régulièrement que les sacs laissés à l’arrière du bâtiment par les donateurs sont vidés par des individus, une situation récurrente qui la désole. Elle a d’ailleurs déjà fait appel à la Sûreté du Québec pour intervenir auprès des voleurs récurrents.

« Si vous êtes dans le besoin, venez cogner à notre porte. Sinon, on rappelle que dès qu’un sac est donné à l’organisme, son contenu appartient à l’organisme. Quand ça met le bordel parce que les sacs sont vidés dehors, ça ne devient plus gérable», décrit-elle.

Son homologue du Service d’aide communautaire de Charlevoix, Maude Juteau-Cousineau, constate la même problématique à La Malbaie. «C’est une question de respect et de qualité de ce qu’on veut offrir. Oui, c’est un marché de seconde main, mais on veut offrir un produit seconde main potable, qui est réutilisable», décrit-elle à son tour.

Les deux organisations partagent que des dons peuvent être déposés en tout temps, mais qu’il est préférable de laisser vos dons les jours de semaine, quand des membres du personnel sont présent sur place.

La ressourcerie fêtera ses deux ans cet été.

Le seconde main en plein essor

(KDC) «Nous sommes de plus en plus connus, lance la directrice du SACC vert, Maude Juteau-Cousineau. Il y a encore des gens qui apprennent notre existence, mais on a plus de demandes, les gens cognent à la porte, ils attendent l’ouverture. Il y a une tendance
de conscience écologique, une conscience de ce que l’on produit, de ce que l’on
consomme».

Elle entend bien l’effervescence du marché seconde main : après tout, aller acheter des vêtements usagers est un geste écologique, économique, et qui aide son prochain, fait-elle valoir. «L’argent amassé finance notre organisme du SACC, donc revient directement à la communauté», ajoute la directrice.

La friperie du Pro-Santé est située dans le sous-sol de l’établissement sur la rue Clarence-Gagnon

Annie Bouchard du Centre communautaire Pro-Santé aussi le constate. Le réflexe a eu le temps de se développer sur le territoire desservi par l’organisme depuis déjà 47 ans.

Les vêtements, les petits appareils de cuisine, les livres, la plupart des items sont les bienvenus. En cas de doutes, contacter l’organisme auquel vous désirez donner vos objets qui méritent une seconde vie.

Le comptoir de Clermont en pause

Le comptoir vestimentaire de Clermont, situé au sous-sol de l’église de la municipalité, prend une pause en raison de la situation sanitaire.

À défaut d’accueillir des clients, des bénévoles se déplacent encore pour faire le tri des dons reçus. Les sacs et les boîtes continuent d’affluer.

Marjolaine Gaudreault, responsable de l’organisme à but non lucratif, collabore souvent avec les organismes de La Malbaie et Baie-Saint-Paul. Sans surprise, elle comprend trop bien les
problématiques de vols de dons et de réception d’items irrécupérables.

Le comptoir clermontois reprendra du service d’ici mars 2022 selon l’état de la pandémie dans la région.

Avant de fermer ses portes cet hiver, elle remarque que sa clientèle est davantage marquée par la visite de nouveaux arrivants dans la région. À cet effet, elle collabore avec les autres friperies quand des items manquent, comme des manteaux d’hiver.

L’organisme a encore l’intention de financer des projets communautaires régionaux. «Chaque année, on redonne 10 000$ à des causes. Le projet collations dans les écoles du SACC et les Mains de l’Espoir en sont deux exemples.

Quand et où aller magasiner «usagé»?

Depuis le 1er février, la Ressourcerie le SACC Vert de La Malbaie est ouverte du mardi au vendredi de 9 h à 15 h, et les samedis 5 et 19 février de 10 h à 15 h. Au Centre communautaire Pro-Santé, la friperie est ouverte du lundi au vendredi de 13 h à 16 h. En temps normal, le comptoir vestimentaire de Clermont est ouvert les lundis de 12h30 à 15 h. À moins de changements, la réouverture devrait avoir lieu au mois de mars. La friperie de la Société Saint-Vincent-de-Paul à La Malbaie est ouverte tous les lundis de 14 h à 19 h au 367, rue Saint-Étienne. L’Ancrage de L’Isle-aux-Coudres offre également une friperie, un service qui est offert par quelques municipalités du territoire.

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