La Coop l’Affluent développe à «échelle sociale»

Par Karine Dufour-Cauchon 7:00 AM - 17 novembre 2021
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Les administrateurs Léa Landry-Massicotte et Guillaume Néron. Ci-dessous, le bâtiment d’accueil du Domaine à Liguori.

La Coopérative de solidarité l’Affluent roule sa bosse depuis déjà près de quatre ans du projet des jeunes avec une vision communautaire qui se sont installés «dans le cul-de-sac» de Petite-Rivière-Saint-François. Malgré l’arrivée d’un géant de l’industrie touristique dans leur voisinage, ils gardent le cap sur un développement écotouristique et coopératif à échelle humaine.

L’économie sociale, Guillaume Néron et Léa Landry-Massicotte s’y connaissent. En 2016, avec d’autres partenaires dans la province, ils ont souhaité lancer un projet touristique et communautaire sans trop savoir où s’installer, ni comment y parvenir.

Le modèle coopératif s’est avéré être la réponse à leurs ambitions. «On voyait qu’il y avait de l’ouverture et de l’intérêt. On était des jeunes d’un peu partout au Québec qui arrivaient avec leurs idées, mais qui étaient peut-être inexpérimentés en matière de modèle d’affaires. Notre coopérative est partie dans le sens inverse. On a créé un projet, on s’est demandé où il y avait de la volonté pour l’implanter. L’agent de développement de la municipalité à l’époque nous avait approchés pour nous dire qu’il le voulait ici», déclare Guillaume Néron, responsable des communications à la coop.

Le bâtiment d’accueil

C’est ainsi qu’en 2017, le Domaine à Liguori est passé de l’abandon à la résurrection. «Il y a beaucoup de jus de bras là-dedans, autant du côté des travailleurs que des membres. Il ne faut pas oublier que notre objectif est d’être viable financièrement. Donc oui, on a un plan d’affaires, on fait du développement. Par contre, le développement se veut durable et ancré dans la communauté. C’est comme cela qu’on va durer dans le temps», fait-il valoir.

Aujourd’hui, le domaine situé sur les terres publiques de la forêt habitée du Massif compte un camping, des unités de prêt-à-camper, une auberge, un café, un centre de plein air et même une cabane à sucre au printemps.
La vieille grange restaurée sert de salle multifonctionnelle pour les citoyens. Tout peut s’y tenir, comme des cours de yoga communautaires, par exemple.

Les visiteurs affluent de partout pour profiter des nombreux services de la coop et de l’ambiance bon enfant qui y règne!

Un gros voisin

Tout près de ce projet communautaire de 4,5 hectares s’installe un géant du tourisme, le Club Med Québec-Charlevoix. Les porte-parole de la coopérative s’accordent pour dire qu’ils défendront leur modèle, qui a fait ses preuves jusqu’à présent. Il faut dire que leurs convictions d’abordabilité contrasteront avec les chambres tout inclus à plus de 1 000$ le séjour.

«Assurément que l’on niche dans une réalité et une vision du développement différentes. Nous, on n’est pas gêné de cela, c’est quelque chose de différent. Dans notre vision des choses, on a choisi ce modèle-là, car on croit beaucoup à la transition écologique. Il faut aller dans une nouvelle direction sociale et économique. La coop nous permet de s’assurer que nos investissements reviennent à la communauté», affirme Léa Landry-Massicotte, gestionnaire.
C’est là que l’économie sociale prend tout son sens, croient les deux administrateurs.

«On y gagne, car on sait que notre projet a du sens. C’est notre milieu de vie que l’on se crée à notre image. On améliore nos conditions de travail à travers tout cela. Nous, on a choisi cette vision-là, car dans Charlevoix, on voulait offrir des alternatives pour permettre à des gens de séjourner et de voyager dans des lieux en authenticité et en simplicité. On se définit comme un centre écotouristique. Par contre, on n’est pas seulement en tourisme. Le projet veut répondre aussi à des besoins des citoyens», conclut Mme Landry-Massicotte.

Ils terminent en partageant une remarque : Petite-Rivière-Saint-François commence à être victime de son succès. La pression sur le territoire exercée par l’industrie touristique et les nouvelles constructions se fait de plus en plus sentir.

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