Mythes persistants sur l’épicerie du coin

Par Karine Dufour-Cauchon 6:00 AM - 17 novembre 2021
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Marie-Claude Girard et Francis Desbiens ont retiré leur masque le temps d’une photo.

Novembre est le mois de l’économie sociale et ce n’est pas sans raison : cette période est souvent associée à une baisse des activités économiques dans les commerces locaux. Certains mythes persistent sur les coopératives comme le Marché des montagnes de Notre-Dame-des-Monts. Et si on les défaisaient?

Marie-Claude Girard, présidente de la Coopérative de solidarité le Marché des Montagnes, est à la tête de l’entreprise collective en démarrage. Voilà maintenant cinq mois qu’avec une dizaine de bénévoles, elle administre le jeune commerce. Mme Girard et l’administrateur Francis Desbiens, lancent un appel à la population et souhaitent défaire une mentalité qui persiste envers les entreprises d’économie sociale. Voici quelques-unes des phrases qu’ils entendent.

«Ce n’est pas achetable, il n’y a rien!»

«Il y a des gens qui vont penser que, comme c’est un commerce solidaire, c’est plus cher qu’ailleurs. On entend souvent que «c’est pas achetable» dans ce genre de commerces. Au contraire, nous avons fait notre liste de prix et on est égal ou moins cher que nos concurrents», déclare la présidente.

L’offre est là aussi, assure-t-elle.

«On a vraiment beaucoup de choix sur le plancher. Il y a énormément de produits locaux, du prêt-à-manger, les produits de bases comme le pain, le beurre, les œufs, le lait. On a de la bière, de la viande, des fruits et légumes, au même prix qu’ailleurs. On est la preuve que ce n’est pas vrai que les prix sont plus élevés dans les coopératives! Nous avons une boite à suggestion à l’entrée, les gens peuvent écrire leurs recommandations». Quelle épicerie peut s’en vanter?

«Ce n’est pas viable»

«Le succès d’une coopérative, ça dépend de tout le monde. C’est sûr que si l’on dit que ça ne marchera pas et qu’on reste chez nous, il y a des chances que ça arrive. C’est pour cela qu’on a besoin d’une prise de conscience collective. Il faut avoir le goût de revitaliser notre milieu de vie, de l’aimer et de le rendre attractif. C’est l’effort collectif qui est garant du succès», affirme Marie-Claude Girard, citoyenne de Notre-Dame-des-Monts.

Les mois qui s’en viennent s’annoncent plus creux, comme pour le reste des commerces de la région. Pour Francis Desbiens, c’est un moment important pour rappeler que l’achat local est primordial.

«Le slogan de l’achat local, Achète chez vous, ce n’est pas seulement l’achat québécois ou charlevoisien. Ça va jusqu’à l’achat dans ta municipalité. On est très bien partis. Maintenant, si on veut que ça continue, on doit y acheter régulièrement. Il y a un changement de culture à faire. Ça ne nous prend pas des gros creux, nous sommes encore une entreprise en démarrage. On a besoin de l’appui de la population. Plus on achète local, plus on s’offre des services de proximité et on assure leur pérennité», termine Francis Desbiens.

Petite histoire du Marché des montagnes

Lorsque l’unique dépanneur de la municipalité a fermé ses portes après 42 ans de service en 2018, Notre-Dame-des-Monts est devenue un «désert alimentaire», cette étiquette dont sont affublés les territoires qui ne disposent pas de point d’accès à des denrées. Deux ans plus tard, cinq citoyens s’unissaient et rencontraient le conseil municipal avant de rechercher des partenaires financiers et un local. L’identité légale de la future coopérative devenait réalité en juillet 2020.

240 cartes de membres utilisateurs et corporatifs vendues plus tard, le projet démarrait dans l’ancienne caisse populaire Desjardins de la rue Principale. En juin 2021, le marché ouvrait ses portes au public. Il connaît depuis un succès inespéré. La population et les visiteurs viennent y faire leurs emplettes. Les nouveaux arrivants adhèrent également au projet.

La vie est déjà différente dans la municipalité, témoigne Marie-Claude Girard. «On sent que depuis qu’on est ouvert, ça a redynamisé le milieu. On sent qu’il y avait un besoin. L’été, on a des tables, ça fait une belle halte bouffe. On vit à Notre-Dame-des-Monts, mais on n’avait pas de lieu de rencontre. Là, on se croise ici et c’est devenu un carrefour», termine Mme Girard, fière d’être impliquée dans le mouvement.

Le Marché des Montagnes de Notre-Dame-des-Monts est affilié à la bannière indépendante Maestro.

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