La vérité sur les « vers » dans les masques jetables fournis aux élèves

Par Karine Dufour-Cauchon 9:16 AM - 20 avril 2021
Temps de lecture :

Après avoir vu plusieurs vidéos de petits «vers» noirs bougeant dans des masques de procédure, Samuel (nom fictif ) a voulu savoir si le tout était dangereux. Il n’est pas seul! Plusieurs personnes ont contacté le journal à ce sujet. Le jeune homme tient à garder l’anonymat pas peur «d’être insulté encore». Ses questionnements lui ont en effet valu des moqueries, rapporte-t-il. Les résultats des analyses en laboratoire l’ont toutefois rassuré.

Des parents se sont posés des questions quant aux mouvements que semblaient faire de petits organismes dans les masques de leurs enfants. Une famille de La Malbaie a poussé la curiosité jusqu’à faire analyser des masques fournis par le Centre de services scolaire de Charlevoix par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Cette famille, qui souhaite garder l’anonymat, n’est pas la seule à avoir été intriguée. Sur la toile, plusieurs partagent des vidéos de «petits vers noirs» se tortillant à la surface des masques. Des masques fournis par l’École secondaire du Plateau et l’école primaire Marguerite d’Youville de La Malbaie ont été acheminés à l’INPSPQ pour analyse approfondie.

La Dre Judith Fafard fait partie du Laboratoire de santé publique du Québec, une branche de l’INSPQ. Elle et son équipe ont été chargées d’analyser les masques reçus par les demandeurs Charlevoisiens. Des masques usagés et neufs ont été acheminés pour permettre à l’équipe de comparer ses observations. Des masques pour adultes et pour enfants ont été envoyés.

Sur les masques utilisés, ils ont remarqué de «rares éléments millimétriques» plus foncés sur la face intérieure du masque. On parle d’un à deux éléments par masque usagé. Ce sont les «vers» aperçus dans les vidéos en question.
En examinant ces éléments au stéréo microscope, on constate qu’il s’agit de fibres à un seul brin, qui ne bougent pas. Du moins, aucun mouvement n’est décelé lorsque le masque n’est pas dans un environnement où il y a de la perturbation.

«Aucun élément compatible avec une structure parasitaire ne peut être observé. Ces fibres ne bougent pas, bien qu’une d’entre elles ait oscillé lorsqu’une personne a marché près du microscope lors de l’examen, créant un courant d’air», explique la scientifique.


Le laboratoire a également analysé des masques non utilisés. Des fibres millimétriques noires ont été constatées sur quatre des 100 masques de format standard (pour adulte) étudiés.50 masques pédiatriques (pour enfant) neufs ont été ensuite passés au microscope. Les mêmes fibres noires sont présentes sur trois des 50 masques.


Maintenant que les objets sont clairement identifiés, comment expliquer le mouvement dans les nombreuses vidéos qui circulent sur Internet?


«Au laboratoire, nous avons l’impression que le mouvement observé sur la vidéo est causé par une perturbation environnementale (courant d’eau/d’air, chaleur qui amène un déplacement de l’air) plutôt que par un mouvement intrinsèque à l’objet examiné», résume Dre Fafard.
Conclusion : il n’y a pas de vers ou d’organismes vivants dans les masques neufs. Une fois qu’ils sont utilisés, les bactéries peuvent s’y installer dû à la proximité avec la bouche. Si on touche au masque avec nos mains non lavées, des bactéries peuvent aussi se déposer.


Les masques distribués par le Centre de services scolaire de Charlevoix sont conformes aux exigences sanitaires en vigueur. L’organisation rapporte qu’une seule famille a partagé ses inquiétudes par rapport à ces «fibres aux mouvements suspects.

Partager cet article