Lettre d’opinion : Le Club Med de Charlevoix sur une pente glissante!

Par Lisianne Tremblay 9:01 AM - 28 octobre 2020
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Le plateau de la Grande-Pointe où le stationnement serait construit.

Aujourd’hui nous allons vous raconter une histoire plate. Plate parce que trop souvent racontée.

Des promoteurs qui en prennent large, trop large, de plus en plus large. Qui outrepassent les permis et les droits qui leur ont été accordés. Qui reçoivent quelques tapes sur les doigts, quelques amendes sans conséquence. Et qui continuent. À trop déboiser, à empiéter, à détruire l’équilibre d’un milieu fragile.

Le Groupe le Massif et le Club Med sont à développer un imposant complexe récréotouristique à Petite-Rivière St-François, sur le plateau de la Grande-Pointe. La construction n’est pas terminée mais déjà les impacts se font sentir sur l’environnement. Assèchement de cours d’eau, accumulation de sédiments, glissement de terrain lors de pluies abondantes. Et pourtant, ils exigent encore plus de terrain. Encore plus de déboisement que ce qui était initialement prévu. Et ce, pour implanter un stationnement.

Le Massif est un environnement formidable et fragile. Le plateau de la Grande-Pointe, un lieu unique. Tant au niveau de l’histoire que de l’environnement. Lieu de colonisation et de culture, c’est ici que Gabrielle Roy est venue chercher l’inspiration à chaque été
pendant plus de 35 ans. Que des peintres renommés tels que Jean Palardy, Jori Smith, Berthe Simard se sont imprégnés de la beauté des lieux. C’est ici que niche la Grive de Bicknell. Une espèce menacée que le déboisement prévu priverait d’une partie de son aire de nidification.

Alors, on se demande vraiment qui peut se dire, en regardant les quelques fragments à peu près intacts qui restent de ce lieu exceptionnel, que le meilleur usage à en faire est de le transformer en stationnement? Qui en 2020, avec les connaissances qu’on possède en environnement, en écologie, en développement durable peut se dire qu’encore plus de déboisement et d’asphalte est ce qu’il faut. C’est un manque de vision et de sérieux. Pour des gains rapides, on hypothèque le futur. Pour attirer les touristes, on détruit la raison même de leur intérêt.

Les promoteurs ont l’oreille des administrations publiques. Des équipes chevronnées de lobbyistes, de relations publiques. Ils ont les moyens de leurs ambitions. En tant que citoyens ou groupes de pression, on se sent bien petits et impuissants. Mais l’image publique de ces compagnies est leur talon d’Achille. L’acceptabilité sociale de leurs projets de développement, un facteur qu’elles doivent prendre en considération.

Il est minuit moins une. La MRC de Charlevoix décidera mercredi le 28 octobre 2020 si elle émet le permis de déboisement modifié pour permettre la construction du stationnement. Nous demandons à la MRC de sursoir à sa décision. D’établir un moratoire sur le déboisement le temps d’obtenir les études environnementales nécessaires pour bien évaluer les impacts du déboisement sur le régime hydrique de la
montagne. Et si les études existent déjà, de les rendre publiques. Continuer à détruire l’environnement autour du Massif au nom du développement est tout simplement inacceptable.

Sylvie Lussier, auteure et et scénariste de 5E Rang, l’Auberge du Chien Noir, 4 et demi. Sa famille est originaire de Petite-Rivière-Saint-François et elle a un attachement profond pour ce village.

Cette lettre ouverte a été signée par 110 signataires, dont la majorité sont des résidents de Petite-Rivière-Saint-François.

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