Pas de moulin sans meunier : de l’importance de former la relève!

Par Emelie Bernier 5:55 PM - 10 septembre 2020
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Mardjane Amin, consultante en patrimoine, spécialisée dans les savoir faire artisans, Jacques Archambault, directeur général de Héritage canadien du Québec. Antoine Tanguay, directeur du Conseil québécois du patrimoine vivant et André Anglehart, directeur général du moulin de la Seigneurie des Aulnaies et président de l’Association des moulins du Québec.

 

Meunier au moulin banal des Éboulements, Jean-Guy Tremblay pourra éventuellement prendre une retraite méritée. Si Héritage canadien du Québec a cherché bien loin d’ici un apprenti pour prendre la relève de l’âme du moulin, c’est tout près que l’organisation a trouvé la perle rare, l’ambulancier et conseiller municipal des Éboulements Emmanuel Deschênes.

« Pour nous, c’est très réconfortant d’avoir déniché Emmanuel! On a fait des démarches en Europe, au Canada, au Québec et on l’a finalement trouvé juste à côté de nous. Il a fait une visite et il a eu une épiphanie, une étincelle : « c’est ce que je veux faire »! », indique Jacques Archambault, directeur général de Héritage canadien du Québec.

Le travail de l’apprenti est débuté et s’échelonnera sur plusieurs années. « Le métier de meunier ne s’apprend pas sur 2 ou 3 mois! On apprend la technique, mais le savoir faire, c’est sur quelques années qu’il s’acquière.  Le travail fait appel à tous les sens et même à un 6e sens », avance M. Archambault.

Une formation sur mesure pour les moulins artisanaux

De la poignée de moulins artisanaux toujours en activité au Québec, 2 se retrouvent sur le territoire de Charlevoix, dont le moulin banal des Éboulements. L’endroit était donc particulièrement bien choisi pour la tenue de la première formation en meunerie artisanale, une initiative de Héritage canadien du Québec.

Jacques Archambault est particulièrement ravi de constater qu’une dizaine de personnes ont été interpelées par la formation, à la fois technique et historique. « On pense que c’est une première au Québec. Ça fait suite à une démarche de 6 ans avec une étudiante à la maîtrise en patrimoine bâti Mardjane Amin, qui est venue documenter le travail de notre meunier Jean Guy Tremblay. 6 ans plus tard on arrive à une formation qui est transférable d’un moulin à l’autre, si on l’adapte aux besoins spécifiques de chacun », dit-il.

Le moulin des Éboulements est plutôt singulier, selon M. Archambault. « C’est le dernier moulin au Québec où le meunier est venu au monde, y habite et y travaille toujours.C’est aussi le dernier moulin qui fait de la farine à l’année longue entièrement avec le pouvoir de l’eau et avec le mécanisme originale. Trouver une relève à ce monsieur n’était pas évident! Il a restauré le moulin, l’a remis en production, il est là à temps plein depuis 1994 . Il fait production, visite, entretien, sécurité, il est toujours là ! Jean Guy est l’âme du moulin! », indique M. Archambault.

Jean-Guy Tremblay.

Le principal intéressé concède que le meunier doit avoir plusieurs cordes à son arc. « Si quelqu’un est débrouillard, ça s’apprend. Faire de la farine n’est pas compliqué! Une fois que c’est parti, c’est de surveiller, voir ce qui peut arriver, faire l’entretien avant,  c’est ça qui est compliqué. Moi je vois à tout, je fais la soudure, la maçonnerie, je répare la grande roue, est ce que le prochain fera la même chose? Je ne sais pas», indique M. Tremblay, qui accompagne Emmanuel Deschênes dans ses apprentissages.

Le moulin a recommencé à faire farine en 1994, mais M. Tremblay a débuté la restauration en 1985. Il envisage de prendre sa retraite d’ici 2 ou 3 ans, dès que son successeur sera prêt à relever le défi et devenir, à son tour, l’âme du moulin!

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