Les campings pris d’assaut

Par Emelie Bernier 7:00 AM - 29 juillet 2020
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Le Camping du Gouffre, à Baie-Saint-Paul. Photo archives

Si d’aucuns choisissent de planter leur tente ou de stationner leur VR à hue et à dia, la plupart des campeurs choisissent les entreprises de ce secteur pour s’installer quelques jours. Tour d’horizon d’un été « fou » pour les gestionnaires de terrains de campings charlevoisiens.

«Complètement débile! Il y a du monde en fou! Je n’ai jamais vu le terrain aussi plein », concède Christelle Manseau, gérante du Camping du Gouffre pour le groupe Union Camping. «On refuse beaucoup de monde, surtout pendant la construction, mais même avant ça! Depuis quelques semaines, on est à pleine capacité les fins de semaines », renchérit-elle.

Nicole Hovington, propriétaire du Camping de la Famille Morin de Saint-Siméon, soutient que «l’achalandage est impressionnant» et que la saison se porte bien, malgré la perte de clients saisonniers et les nombreuses règles sanitaires à gérer.

Le son de cloche est le même au Camping Sylvie à L’Isle-aux-Coudres. « Le mois de juin a été mieux cette année que l’an dernier. Et juillet, on est dedans, ce sera aussi meilleur. Il y beaucoup de monde sur l’île », commente Andréa Desmeules, un des propriétaires.

Les campeurs s’installent souvent pour plusieurs jours plutôt que de butiner d’un lieu à un autre.

Doris Néron, gestionnaire du Camping des Chutes Fraser, soutient qu’il s’agit d’un des étés les plus achalandés qu’ait connu le site de la Rivière-Malbaie. « Ça roule comme jamais, c’est complet tous les jours ! Nous avons un roulement exceptionnel. On travaille jusqu’à tard le soir, et tôt le matin. Un peu plus et on ne se couche pas, entame-t-elle à la blague.

Le camping des Chutes Fraser.

Rare bienfait de la COVID
La COVID-19 aura eu du bon pour les tenanciers de camping comme Mme Néron, qui, malgré les nouvelles mesures sanitaires ,se dit très satisfaite de l’engouement des Québécois pour leur province. «C’est exceptionnel cette année. Normalement, aux vacances de la construction, ça roule effectivement fort. Mais là, quand on dit que nous n’avons plus un arbre qui n’est pas occupé, c’est la folie dans nos quelque 350 terrains. C’est une excellente saison. C’est la même chose à la pourvoirie où la location d’hébergement et de chalets est complète».

Même son de cloche au Camping Le Genévrier, malgré un début de saison cahoteux. « On a perdu le mois de mai, mais ce n’est pas le plus gros mois. Il y a la fin de semaine de la Fête des Patriotes, celle de la course de vélo qui est un gros événement pour nous… Nous avons dû engager du personnel supplémentaire, parce qu’on ne peut pas avoir deux employés dans la cabane d’accueil, par exemple. Malgré tout ça, au final, ça se passe très bien, et on devrait avoir une augmentation », constate Yves Froment, gestionnaire du Camping Le Genévrier.

Les campings ont pour la plupart choisi d’annuler tous les événements. « On avait notre Noël du campeur, le party hot dog, l’épluchette… On a tout annulé parce que garder les deux mètres, c’est difficile à gérer. Juste le lavage des mains, c’est difficile », constate Christelle Manseau.

La plage du Camping Le Genévrier est bondée lors des journées ensoleillées.

En mode accommodement
S’ils peuvent vivre sans tous les services généralement offerts (eau, électricité…), les campeurs sont à peu près assurés de trouver un petit coin où s’installer. « On essaie de trouver des trous pour tout le monde. Il faut dire qu’avoir des gens, ça ne nous dérange pas, on aime ça les gens! On essaie de les accommoder le plus possible selon les places que nous avons! », dit Nicole Hovington.

Au Camping Sylvie, de nouvelles places ont été créées pour accommoder le plus de campeurs possible. « Ici, on a toujours de la place pour les sans services. Quand il n’y a pas de place, je n’ai pas le choix de refuser des roulottes. Les gens appellent trop tard », lance Andréa Desmeules. D’autant plus que le « camping sauvage » au Bout d’en bas n’est plus possible. « Pour nous, c’est une très bonne affaire. On voit qu’il y a beaucoup plus de personnes pour le camping sans service et ces gens-là étaient pour plusieurs des usagers du bout d’en bas », dit-elle.

Mme Desmeules croit cependant qu’une alternative devrait être offerte aux campeurs en VR lorsque toutes les infrastructures officielles sont pleines. « L’île est pas grande, il y a beauocup de monde. Il faudrait un stationnement quelque part, quand les campings sont pleins. On y va pas à pas avec l’été qu’on a. C’est sûr que c’est un été spécial…», conclut-elle.

 

Police des bonnes pratiques

L’application des mesures sanitaires n’est pas de tout repos dans les campings.
« La gestion du port du masque, de l’accès aux toilettes et aux douches, restreindre le nombre de personnes admises dans la piscine extérieure, c’est beaucoup de travail. On a hâte que ça soit fini, ces mesures, mais nous n’avons pas le choix», analyse sagement Mme Hovington.
Heureusement, l’association Camping Québec dont fait partie notamment le Camping Sylvie, décortique les mesures. «Ils nous tiennent bien informés, on a un bon suivi avec eux. Heureusement, parce que ça change tout le temps », lance-t-elle.

Certains, comme Doris Néron, saluent le bons comportements de campeurs, mais d’autres constatent un certain laxisme. «Les mesures de distanciation, ça se passe plus ou moins bien. Les gens sont écœurés et on dirait desfois qu’ils ne sont jamais sortir de leur vie. Franchement, on se fait malmener un peu, les gens ne sont pas toujours polis», lance Christelle Manseau du Camping du Gouffre. Au début de l’été, l’interdiction de faire des feux à ciel ouvert émise par la SOPFEU a particulièrement mal été accueillie. «On s’est fait ramasser, mais il faut faire avec. Nous, on n’a pas le choix d’appliquer les règles », conclut-elle.

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