COVID-19 : dépendances et confinement ne font pas bon ménage

Par Lisianne Tremblay 4:30 PM - 1 avril 2020
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L’anxiété provoquée par la pandémie peut engendrer un problème de dépendance. Photo archives

En cette ère de confinement à domicile pour la grande majorité d’entre nous, bien des choses peuvent sembler difficiles, comme l’absence de contacts avec nos proches et le reste de l’humanité. Ces durs moments sont toutefois encore plus ardus à vivre pour ceux et celles qui vivent une dépendance à l’alcool et aux drogues.

« Les gens qui ont des problèmes de dépendance, en temps normal, sont déjà souvent stigmatisés et ont moins de services. En étant isolés, ça peut évidemment augmenter les risques de consommation et de rechute », a indiqué Marie-Pier Marcotte, agente de relations humaines à la direction des programmes en santé mentale, dépendance et itinérance du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord.

Plusieurs personnes qui doivent vivre avec une dépendance comptent beaucoup sur les groupes de soutien, comme les Alcooliques anonymes, pour avoir de l’écoute, pour ventiler ou rencontrer des gens. Mais, crise de la COVID-19 oblige, ce type de rencontres n’est pas possible.

« Et pour les gens motivés à faire une démarche pour se libérer d’une dépendance, on ne peut pas les envoyer nulle part, tout est fermé. Leur anxiété doit évidemment être exacerbée », a ajouté Mme Marcotte.

Prendre des nouvelles

Cette dernière propose à tous ceux et celles qui connaissent des gens vivant avec des dépendances de s’intéresser particulièrement à elles par les temps qui courent. « D’emblée, on devrait changer l’expression distanciation sociale par distanciation physique. (La santé publique) ne demande pas de cesser de prendre des nouvelles, de s’intéresser à ce qui se passe chez nos proches, au contraire. »

Marie-Pier Marcotte se dit en accord avec la décision du gouvernement de garder ouvertes les succursales de la Société des alcools du Québec et de la Société québécoise du cannabis (SQDC), « pour une question de cohésion sociale », fait-elle valoir.

« Dans le contexte, couper l’accès aux produits à des gens qui ont des dépendances peut augmenter considérablement les risques de sevrage et ça encombrerait les urgences », a-t-elle soutenu en rappelant qu’un sevrage trop drastique peut entraîner la mort chez certains consommateurs.

Consommation occasionnelle

Le confinement durant plusieurs semaines, et tout ce qu’il entraîne, peut aussi créer une dépendance chez quelqu’un qui n’en avait pas au départ. Le lien entre stress traumatique et consommation est déjà bien établi.

« Pour certains, la consommation peut augmenter, comme une sorte d’automédication pour gérer le stress ou la solitude. On se dit : je vais prendre un autre verre, je ne travaille pas demain. Il faut être prudent là-dessus », affirme Marie-Pier Marcotte. Il ne faut donc pas tenter de canaliser ses émotions en buvant plus ou en consommant des stupéfiants.

L’agente de relations humaines invite en terminant toutes les personnes qui ont besoin de parler de problèmes de dépendance à rejoindre le programme de réadaptation en dépendance du CISSS, toujours en fonction malgré la crise.

« Les gens se confinent et n’essaient même pas d’appeler. On essaie de communiquer avec le plus de gens possible, mais on a une baisse des demandes. On offre pourtant des services par téléphone. Il faut que les gens sachent qu’on est ouverts », lance-t-elle en pensant particulièrement aux gens que n’ont pas Internet « et qui sont encore plus isolés et sans ressources ».

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