Réforme en éducation : les adieux de Pierre Girard

Par Karine Dufour-Cauchon 4:25 PM - 11 février 2020
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L’homme de Clermont avait une seule condition pour s’impliquer dans le conseil des commissaires en 1998: construire un gymnase pour l’école primaire de sa ville, Laure-Gaudreault. La fusion des deux commissions scolaires est une autre de ses grandes fiertés.

Le président de la défunte commission scolaire de Charlevoix Pierre Girard, qui s’est impliqué durant 22 ans pour les écoles de la région, se dit « profondément blessé » par la réforme de la gouvernance scolaire du gouvernement Legault.

« C’est une mauvaise journée pour le Québec », a commenté Pierre Girard, élu comme président de la Commission scolaire de Charlevoix, le jour où « l’arrêt de mort » de son mandat été signé.

Le gouvernement Legault a usé d’un bâillon législatif, limitant les débats entourant la loi. L’adoption de la réforme s’est donc faite dans la nuit de samedi le 8 février. Au moment de l’adoption officielle de la loi, vers 3 h du matin, les commissaires élus siégeant aux côtés de M. Girard ont vu leur mandat se terminer sur-le-champ. Désormais, ce sont des centres administratifs qui assureront la gestion des écoles du territoire, et non un conseil de gens élus au suffrage universel. Maintenant, les décideurs seront « nommés par leurs pairs ».

« Nous perdons une démocratie importante, même si ça ne paraissait pas toujours, estime-t-il. Je n’y crois sincèrement pas « aux nouveaux centres administratifs ». La plus grosse perte, selon moi, est celle d’un porte-parole politique qui va pouvoir débattre et gérer des conflits avec le gouvernement, ou pour collaborer avec eux. Ce contrepoids, lors des compressions budgétaires de 2014, par exemple, était essentiel », estime l’ancien président.

Il réitère que « sa plus grande déception » est de ne pas avoir eu la chance de témoigner de la bonne santé de la gouvernance scolaire charlevoisienne en commission parlementaire. « On avait plein de bonnes choses à y dire. C’est ma plus grande déception par rapport à notre députée. Mais j’ai toujours confiance en elle, puisqu’elle nous a aidés pour plusieurs dossiers, dont notre déficit et notre nouveau programme de formation professionnelle.

Mission accomplie

Il a toutefois atteint son objectif d’avoir une mention pour Charlevoix au salon bleu, alors que le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge annonçait qu’aucun délai n’allait être accordé pour que les commissaires terminent leur mandat. La veille de son congédiement, Pierre Girard est allé à la rencontre de Véronique Hivon, députée de Joliette pour le Parti québécois. Elle a témoigné au ministre la grande déception de M. Girard. « Il est venu me dire comment il avait aimé son travail et les différences qu’il a amenées. Ils sont à 4 % de décrochage. C’est une fierté énorme qu’ils ont. Qui va porter cette voix-là maintenant ? Pierre Girard avait une grande passion et le ministre et son gouvernement ne partagent pas cette vision. Les personnes qui ont consacré leur vie au réseau scolaire méritent un peu de respect », a-t-elle lancé à l’intention de M. Roberge.

Pierre Girard souligne finalement que malgré sa déception envers le gouvernement, il est satisfait du chemin parcouru avec ses homologues. «Bien sûr, je ne suis pas heureux de la façon dont cela s’est terminé. Par contre, je suis heureux du cheminement que nous avons fait en tant que conseil des commissaires et de nos beaux résultats. Je pars donc heureux », conclut le président déchu.

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