Chronique : Réconciliation travail-famille

Par Brigitte Lavoie 3:58 PM - 17 Décembre 2019
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La conciliation travail-famille apporte son lot de difficultés.

La version parfaite n’existe pas. Au bout du compte, c’est souvent le mode survie et chacun pour soi. Parfois, on réussit à passer en version équilibrée, mais toujours, c’est faire son possible. Juste son gros possible. Une réunion de conseil d’administration le jour de l’Halloween. Un 5 à 7. Tous les 5 à 7. Les vacances de garderie. Les horaires atypiques. Les rencontres de fins de journée. Les rencontres de fin de journée qui s’étirent. Les cours de loisir à 17 h 45. Le Guide alimentaire canadien. L’heure du bain. Le panier à linge. Les enfants fatigués. Les enfants qui bougent. Le concept « temps de qualité ».

Les principes d’une vie saine et ses 30 minutes d’activité physique par jour. La régulation du temps d’écran. Les courriels. Le cellulaire avec notifications chantantes. Les deadlines serrés. Les maladies en «ite». La gastro. La peur des poux. Les poux. Le télétravail. Les rendez-vous chez le dentiste à 14 h 45. Les difficultés d’apprentissage. Les complémentaires. Les grosses peines. Les petites peines. Les grandes joies. Les chicanes dans l’autobus. Les chicanes dans la fratrie.

Les courriels de la commission scolaire. Les courriels de la commission scolaire et du service de garde. Les courriels de la commission scolaire, du service de garde et des professeurs. Les petites nuits. Les grosses journées. Le multitâche. Les collations santé. Le nouveau Guide alimentaire canadien. S’interroger sur le concept « charge mentale ».

La vapoteuse. Les réseaux sociaux. Les chicanes de cour de récréation. Les manquements majeurs. Les voyages scolaires. Les clubs sportifs. Les campagnes de financement. Les heures supplémentaires. Les exigences non verbales patronales.

Les lunchs. Les sandwichs au jambon. Les enfants tannés des sandwichs au jambon. Les bons amis. Les amis inquiétants. Le panier à linge. Les sites internet de recettes en ligne. La mijoteuse. L’autocuiseur. Les patates pilées avec des mottons.

La Semaine de relâche. Les réunions de conseils d’administration pendant la Semaine de relâche. Les tempêtes de neige. L’ambition. La semaine de quatre jours, avec de l’ouvrage pour cinq. Les beaux défis. Les belles réalisations. La fierté professionnelle.

Le panier à linge. Toutes les tâches ménagères qui finissent en «age». La mèche courte. L’impatience. L’irritabilité. Les enfants avec la mèche courte. Les enfants tourmentés. Le sentiment d’impuissance. Les enfants et les parents tannés des patates pilées avec des mottons. Le cellulaire à table. La grosse chicane dans la cour d’école du réseau social. Être là sans être là. Avoir les bonnes idées et la compassion à rebours. Être un parent « poche ». Pleurer dans sa voiture. Aller à l’épicerie. Oublier des ingrédients. Faire des patates avec des mottons.

Voir des femmes avec une carrière se faire demander à la télé, dans le journal, à la radio, comment va leur conciliation travail-famille. Voir des hommes (avec des enfants) se faire demander comment va leur carrière. Entendre le major-général de l’Armée canadienne Jennie Carignan dire à Tout le monde en parle que la conciliation travail-famille, c’est «faire son possible ». Comprendre le concept « charge mentale». Comprendre que les filles ne sont pas des féministes frustrées, qu’elles sont juste fatiguées.

La culpabilité comme une ombre. Le calendrier multicolore sur le frigo. Les discussions difficiles devant le calendrier multicolore sur le frigo.

Pleurer dans sa douche. Le panier à linge. La grosse journée au boulot. Un enfant fiévreux avec une maladie en «ite». La grosse journée au boulot, dans une salle d’attente, avec un enfant fiévreux sur les genoux. Un médecin débordé comme un parent poche. Le cellulaire qui sonne. Le cellulaire qui sonne et qui tombe sur le plancher de céramique de la clinique. Le regarder exploser. Se surprendre d’être content. Passer la grosse journée au boulot à la maison avec l’enfant fiévreux. Faire son gros possible pour soulager, consoler. Être un bon parent, pour une fois.

Reconnaître et apprendre à déjouer la « charge mentale ». Faire son possible. Comprendre que c’est « un pour tous, et tous pour un ». Faire des choix. Devenir presque bon pour réconcilier travail et vie de famille. Être tanné d’en entendre parler. Demander aux femmes comment va leur carrière. Demander aux hommes comment vont leurs enfants. Voir ses bébés grandir, partir. Se dire que ça a passé vite.

Souhaiter que ça évolue encore un peu, pour les filles et les garçons. Faire des patates avec des mottons pour souper.

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