Fermeture du centre de services Desjardins: Baie-Sainte-Catherine frappé au cœur

Par Karine Dufour-Cauchon 3:57 PM - 15 octobre 2019
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Carmen Guérin et Jen Perron sont sorties déçues de la rencontre d’informations organisée par Desjardins.

Carmen Guérin de Baie-Sainte-Catherine en avait gros sur le cœur à la sortie d’une séance d’information avec les représentants de Desjardins. Elle soutient que son cri du cœur pour son village « en voie de disparition » a laissé insensibles les administrateurs, qui ont pris la décision irréversible de fermer leur comptoir bancaire.

Carmen Guérin , citoyenne de Baie-Sainte-Catherine et directrice générale le Motel le Vacancier s’est présentée, avec une quarantaine de concitoyens à une séance d’informations convoquée par les représentants de Desjardins, le 9 octobre. Le but : les informer sur la nouvelle décision « déchirante » de mettre fin à leur point de service Desjardins.

Mme Guérin en est ressortie « détruite ». Tout espoir de convaincre les administrateurs de maintenir leur comptoir ouvert était en vain. « Ce soir, on a donné nos revendications. On a le cœur lourd. Tout est déjà fait. C’est un terrible manque de respect envers nous. On paye nos cotisations, ils vivent avec notre argent. Ils veulent nos placements. Ils n’ont même pas pris la peine de nous consulter », a-t-elle d’abord commenté à la sortie de la rencontre.

« On s’est fait dire d’aller faire nos commissions à Saint-Siméon pour aller à leur caisse. Notre petite coopérative a déjà de la misère à vivre maudit ! Ils nous enlèvent notre service alors que notre village est en développement, qui se brasse des choses pour attirer des gens. En plus, on va maintenant demander à des personnes âgées de conduire 30 kilomètre dans la neige l’hiver pour aller à Saint-Siméon encaisser un chèque ? Ça n’a pas de bon sens. Ils viennent de tuer notre village. Je suis frustrée et ça me fait mal », a exprimé la citoyenne indignée.

La citoyenne raconte avoir présenté une revue de presse au directeur général Martin Tessier et à la présidente Diane Amyot, lors de la période de questions minutée. « Je me suis préparé. J’ai relevé entre autres les propos de l’ancienne présidente Aline Bouchard, qui, en 2017, affirmait que rien n’allait fermer et que, même si cela change, « Desjardins n’abandonnerait personne ». J’ai ensuite rafraîchi la mémoire à M. Tessier, sur ce qu’il avait dit en mai dernier. Il avait affirmé que le volume d’affaires de Desjardins n’a jamais été aussi bon. On se vantait de donner des ristournes aux membres et qu’on aidait dans les fonds de développement des milieux. Ils ont l’air d’avoir oublié les p’tites places comme nous », soutient-elle en guise de conclusion.

Desjardins peut accommoder, mais pas revitaliser 

Martin Tessier, directeur général de la Caisse Desjardins de Charlevoix-Est, et Danielle Amyot (présidente du conseil d’administration) ont, eux aussi, réagi à la sortie de la rencontre d’information. Mme Amyot dit d’abord comprendre l’émotion que Mme Guérin partage avec ces concitoyens. La décision est cependant irréversible : le centre de service de Baie-Sainte-Catherine, tout comme celui de Pointe-au-Pic, Notre-Dame-des-Monts et de Saint-Aimé-des-Lacs, fermeront leurs portes le 29 novembre.

« On comprend que les gens soient émotifs. Cependant, on ne peut renverser la décision du conseil d’administration. On est maintenant ici pour voir comment on peut accompagner ces clients dans leur adaptation. On a fait ce choix pour assurer la pérennité de la coopérative et la maintenir concurrentielle », soutient la présidente.

M. Tessier soutient à son tour que le regroupement Desjardins n’est pas responsable de la dévitalisation des villages. « Il faut s’élever au-dessus ce genre de situation. Chez Desjardins, nous ne sommes pas responsables de la dévitalisation des villages. On l’a subi nous aussi. Depuis le début de l’année, on a perdu 230 membres dans Charlevoix parce qu’ils sont décédés. On la subi, la dévitalisation. »

« Oui, on doit faire des choix déchirants. Mais en même temps, la responsabilité de faire vivre ces villages-là, ça incombe aux élus, à la MRC et aux différents paliers gouvernementaux. Desjardins est un acteur économique. Ce n’est pas de sa responsabilité », a-t-il argumenté.

Les administrateurs concluent l’entretien en soulignant qu’il est possible qu’une découverture de leurs services survienne sur les territoires concernés « le temps de recueillir toutes les recommandations de leurs membres sur les meilleurs moyens de les accompagner ».

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