Fuir les bombes, retrouver le fleuve

Par Karine Dufour-Cauchon 3:45 PM - 25 juin 2019
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Mohamed Al Mashhour, devant la terrasse de son restaurant en juin 2019.

Cet été, à Cap-à-l’Aigle, un commerçant hors du commun prendra place au Port le Refuge. Mohamed Al Mashhour, qui a fui sa Syrie natale désormais réduite à feu et à sang, s’investira corps et âme dans son nouveau bistro. Découvrez son histoire d’amour avec la paisible Charlevoix, qui lui fait voyager à nouveau dans la maison de son enfance, sans bombe, sans conflit.

Mohamed Al Mashhour, qui ne connaissait aucunement Charlevoix, a eu un le coup de foudre instantané lors du Sommet du G7, alors qu’il était chef cuisinier pour Fairmont Le Manoir Richelieu. « Je travaillais dans les tentes, où l’on servait les convives du G7. J’ai tout de suite été frappé par la beauté de la région, je savais que je voulais vivre ici maintenant », explique-t-il.

Il a alors décidé d’entretenir la flamme avec la belle Charlevoix en y investissant et en s’y installant définitivement avec sa famille. « Je cherchais à faire un investissement ici. Étape par étape, j’ai cherché, et j’ai fini par dénicher le Bistro Le Refuge. Ça a été le coup de foudre direct, et ça m’a permis d’avoir un pied à terre dans Charlevoix », raconte le chef cuisinier.

Cette nouvelle vie lui permettra, à lui et sa famille, de tourner la page sur un chapitre sombre de sa vie. « Je suis originaire de la Syrie. J’ai une maîtrise en gestion d’hôtellerie, ma carrière allait bien. Lorsque la guerre civile est arrivée, ils ont détruit ma maison, tout ce que j’avais, toutes mes affaires se sont envolées. En 2013, je suis venu ici au Canada avec ma femme et mes deux enfants pour fuir le conflit qui nous a tout enlevé », décrit M. Al Mashhour.

Bien que Charlevoix était une région encore inconnue pour Mohamed, celle-ci lui a donné une impression de déjà-vu. Le fleuve Saint-Laurent, lui, c’est avéré une source intarissable de réconfort. «Dans le temps, quand j’étais en Syrie, mon chez-moi était sur le bord de l’Euphrate. C’est un cours d’eau pareil au fleuve Saint-Laurent, mais en plus petit. Le Saint-Laurent me donne exactement la même émotion que quand j’étais petit, et me rappelle mon enfance, et ma maison », continue M. Al Mashhour, nostalgique d’une Syrie en paix.

Cap vers le futur

L’homme a fait de la cuisine sa nouvelle passion. Comme son diplôme supérieur n’est pas reconnu sur le territoire canadien, ce dernier s’est reconverti dans la restauration. Le chef cuisinier, diplômé du Collège LaSalle depuis 2015, entend adopter le plus de produits
charlevoisiens dans son restaurant, le Bistr’eau du Port.

« Les produits de Charlevoix sont incroyables. Le poisson de Daniel Girard et le fromage de Saint-Fidèle ont quelque chose de singulier. Je veux faire un menu 100 % charlevoisien », souligne le chef. «On veut qu’il y en ait dans toutes les assiettes, sans exception ».

« Je prévois changer le style de service. Nous allons ajouter un buffet, nous maintiendrons le menu « à la carte » et on développera des tables d’hôtes intéressantes », conclut-il.

Il espère que cette expérience facilitera son intégration comme néo-charlevoisien et prévoit investir dans d’autres projets
de la sorte dans la région dans le futur.

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