Chronique de Brigitte Lavoie: Ah oui, c'est vrai, c'est Noël…

Par Brigitte Lavoie 6:30 AM - 21 Décembre 2018
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Les enfants étaient très heureux de participer à la Virée nordique organisée pour eux.

Avez-vous vraiment le goût de fêter Noël? Je vous pose la question. Oui, oui, à vous. Et à toi! Et à tous ceux qui courent comme de jolies poules pas de tête entre le travail et la maison et toutes ces choses extraordinairement importantes qui garnissent nos vies de Nord-Américains choyés.
Vous n’aimez pas l’image de la poule? Comparons-nous alors à un mignon petit chien qui essaie d’attraper sa queue en tournant sur lui-même jusqu’à épuisement. Est-ce que le p’tit chien a l’énergie de fêter Noël? Ou peut-être préférez-vous l’image du cheval ayant pris le mors aux dents et qui s’arrêtera seulement de courir une fois devant la porte de l’écurie. Et qui, les narines frémissantes et la broue dans le toupet, embrassera la belle-sœur en déboulant en retard au réveillon.
Mais voilà, peu importe l’animal ou la basse-cour de ta jolie vie de fou, le temps des Fêtes québécois s’invite à la même date chaque année. C’est étonnant qu’on s’en étonne encore. Le 25 décembre, c’est Noël, le 1er janvier, c’est le jour de l’An. Prêts pas prêts, de force ou de gré, de bonne humeur ou mélancolique, le cœur bienveillant ou le cadeau en compétition.
Mais avez-vous vraiment le goût de fêter Noël? Je vous pose la question parce que j’ai le sentiment que désormais, le temps des Fêtes s’ajoute souvent à la liste des obligations plutôt qu’à un bon moment à passer avec des gens qu’on aime. Sans doute, la course à la fin d’année y est pour quelque chose. On sent venir la trêve, alors on prend les bouchées doubles pour tout finir à temps. Et chaque entreprise s’impose sa propre course. Noël attend son tour et finit par s’organiser « à la débarrasse ».
En 2018, c’est comme si décembre dévalait la côte des Éboulements sur les chapeaux de roues, sans touristes dans le chemin, confiant qu’au bas de la pente, le muret de béton le gardera dans le chemin coûte que coûte, quitte à perdre son miroir côté conducteur. À quelques jours, que dis-je, à quelques heures du réveillon, le fêtard 2018 reprend son souffle aussi vite qu’il l’a perdu afin d’exécuter le minimum de ce que le Noël contemporain exige: sapin aux tendances déco, cadeaux pour tous, pour tout et pour rien, repas traditionnel ainsi que photos du moment pour garnir le compte Facebook et Instagram.
Si vous êtes de ceux qui pellettent Noël par en avant ou sur le côté du chemin, peut-être êtes-vous aussi de ceux qui le délèguent aux autres. Parce que tant qu’il y aura quelqu’un pour faire des petits pâtés à la viande, magasiner les cadeaux et repasser des chemises, Noël survivra. Et peut-être aussi êtes-vous de ceux qui travaillent très fort pour garder les traditions intactes et dont le sapin brille dans la fenêtre du salon depuis la fin novembre. Peut-être êtes-vous de ceux qui frisent des rubans d’emballage avec amour et dextérité pour tous ceux qui n’emballent par leurs cadeaux, mais qui tout bas commencent à en avoir parfois un peu marre de faire briller Noël pour les autres.
L’ennui avec cette façon de débarquer dans le temps des Fêtes pressés et à la dernière minute, ou de le préparer pour ceux qui ne prennent pas le temps de le faire, c’est que bon nombre de poules et de coqs sont fatigués avant d’avoir veillé. Et que tout le monde finit un peu par tirer le bonheur par la manche de son manteau pour qu’il participe aux soirées.
J’imagine que le père Noël en a vu d’autres, même s’il doit trouver que les grands enfants d’aujourd’hui ne sont pas tellement sages et qu’ils brûlent leur vie et Noël par les deux bouts. Mais au fond, que pourrait-il bien dire pour nous ramener sur terre? « Prends ça cool ma poule? »
 

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