Chronique de Brigitte Lavoie: Petit vent frais à l’épicerie du village

Par Brigitte Lavoie 6:30 AM - 14 Décembre 2018
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La nouvelle épicerie de Saint-Siméon.

Elle est sur la route du quotidien, sur celle des vacances ou de la fin de semaine au chalet. On n’y trouve pas nécessairement de tout, mais l’essentiel est toujours là. La boîte de céréales y est parfois un peu chère, mais on est prêt à tout pour les saucisses, les cretons ou les petits pâtés maison. D’ailleurs souvent, grâce au boucher ou à la cuisinière attitrée, les souvenirs du voyage ont une saveur et valent l’arrêt.
Parfois, certaines adresses se couchent de bonne heure. Il faut prévoir le coup, ou manquer de lait au petit-déjeuner. Il arrive que le caissier ait la mine harassée, même si ce n’est pas la norme. Parfois, les légumes ont l’air fatigués et la dernière douzaine d’œufs s’est gelé les fesses sur la paroi du vieux frigo. Mais il y a du vin pour les belles soirées et des guimauves pour les feux d’été. Les sucreries et les chips y sont toujours légales alors que le fromage en grains de la laiterie locale trône sur le comptoir-caisse.
C’est parfois un propriétaire privé, ou encore une coopérative. Dans tous les cas, le service est essentiel et de proximité. Manger, que tu sois d’ailleurs ou de la place, c’est nécessaire. Petit ou grand panier, on finit toujours par trouver et acheter de quoi se sustenter.
Et parfois, les temps sont durs. La clientèle roule en voiture, étudie les circulaires, veut payer toujours moins cher, aime le choix, la quantité, la diversité, la petite virée en ville, les points accumulés et les étalages au goût du jour où les légumes sont aspergés d’eau aux deux minutes top chrono. Comme si les chances de survie d’une laitue détrempée s’amélioraient après huit jours de bateau et une semaine passée dans l’entrepôt de la grande chaîne… Mais je m’égare. Donc, parfois, les clients passent tout droit parce que le coffre est déjà plein de l’ailleurs.
Chose certaine, l’épicerie et le dépanneur de village donnent dans l’air du temps. Saint-Siméon voit la sienne complètement revampée. Wow, ce que j’ai hâte d’y retourner! Saint-Irénée réinvente le concept du dépanneur, Saint-Fidèle a ressuscité sa coop, Petite-Rivière-Saint-François rêve d’avoir une adresse où acheter du pain et de la garder ouverte, L’Isle-aux-Coudres et Saint-Urbain font partie des meubles, Baie-Sainte-Catherine maintient le cap. Même Clermont a la sienne, petite épicerie familiale entre l’école et la 138 alors que des dépanneurs de quartiers à La Malbaie créent des embouteillages avec leur pizza ou leurs plats du jour. D’autre part, il y a aussi des villages qui ont perdu la leur faute de relève, comme Notre-Dame-des-Monts. RIP les steaks à Hilaire.
À ce stade-ci, après la fête au sapin de Noël du dépanneur de Saint-Irénée et la nouvelle épicerie de Saint-Siméon, c’est juste un gros bravo pour les épiciers et les dépanneurs de village. Sans doute la vie de petit commerçant alimentaire a ses hauts et ses bas, mais l’imagination est une denrée pour les uns, le désir de se renouveler et la volonté de continuer sont une poussée pour les autres. Et pour le citoyen, ça donne le goût de pousser la porte. Inévitablement. Qu’on trouve ça puéril ou non, la nouveauté et l’étalage au goût du jour encouragent l’achalandage. Mais une fois l’effet de nouveauté passé, il faut se rappeler qu’acheter, c’est voter. C’est le cas pour tout ce qui nous fait sortir notre porte-monnaie, et c’est le cas aussi sur le chemin passant où un petit ou moyen tenancier nous attend avec le nécessaire pour nourrir notre vitalité et celle de notre coin de pays.

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