Chronique d'un travailleur social

Par Eric Maltais 10:08 AM - 29 Décembre 2016
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Après 29 ans passés dans Charlevoix à évoluer au fil de ses expériences de vie, Luc Fournier rêvait de partager cette richesse à travers l’écriture d’un livre, projet qu’il concrétise en publiant Chronique d’un travailleur social, paru à 200 exemplaires chez Essor-Livres, un éditeur de Lanoraie, dans la région de Lanaudière.

« C’était un projet de retraite mais je me suis retrouvé en arrêt de travail pour épuisement professionnel, vidé, épuisé, apeuré. Alors plutôt que de ne rien faire, je me suis retrouvé à écrire un peu tous les jours à partir de novembre pour finaliser le tout en janvier », lance d’entrée de jeu ce bachelier en service social, diplômé de l’Université Laval.
« Je voulais alors me libérer de certaines chaînes. Je me suis assis à ma table de cuisine en écoutant du Elton John et je mis suis laissé aller à l’écriture. Je me disais que la mort est quelque chose de cruel alors je voulais, en réalisant ce rêve, rester un peu éternel. Peut-être qu’un extra-terrestre va trouver ma littérature dans 200 ans », a-t-il lancé avec un humour décapant lors du lancement de cet ouvrage qui a eu lieu avec amis et membres de la famille, il y a deux semaines, au Bar Le Jazz de La Malbaie.
« Simple et court à lire, les lecteurs vont retrouver autant de choses agréables que les moins bons coups sur la pauvreté, l’alcool, ou les enfants handicapés. J’ai aidé à l’éclosion de beaucoup de gens avec des difficultés, mais ces gens m’ont autant aidé à devenir qui je suis. C’est pourquoi je me permets d’être si critique envers la réforme de la santé du ministre Gaétan Barrette. Le système est devenu mathématique et axé sur la performance. Les régions y ont perdu leur sens, défile-t-il d’un seul trait. Des gens de l’extérieur qui gèrent sans considération pour nous », dénonce-t-il.
L’auteur originaire de Clermont va plus loin. « Je suis en amour avec ma région. J’ai toujours travaillé ici. Mais nous vivons de grandes problématiques sociales, comme l’alcoolisme, le manque de confiance en nous, même si nous sommes bourrés de talent, et la faible implication des pères dans l’éducation des enfants. Les couples se défont comme n’importe où ailleurs, mais les enfants ont besoin du soutien de leurs pères près d’eux. J’ai eu des enfants avec des femmes différentes, mais je me suis toujours occupé des miens. C’est primordial dans le développement du jeune. Laissé à lui-même, il peut se décourager, laisser l’école, tomber dans la drogue ou l’alcoolisme », poursuit-il.
Il confirme avoir rencontré beaucoup de mères monoparentales qui auraient eu besoin de ce support. « On sent toujours cette entraide familiale toujours très présente dans Charlevoix, ce tissu familial très fort. Mais on vit des choses difficiles, on voit des affaires pas toujours agréables », énonce-t-il, tout en se remémorant la tragédie des Éboulements.
« J’ai vécu la tragédie des Éboulements et ces six heures ont marqué ma vie d’immense tristesse; j’ai traversé avec eux ce drame humain. Ce genre d’expérience nous marque pour la vie. C’est pourquoi j’y ai consacré un chapitre. J’invite les gens à découvrir mon livre en espérant que cela les servira bien », conclut-il, confirmant que la concrétisation de ce rêve le guidera vers un second, la rédaction d’un roman. Sans doute dans le fantastique, la fiction…
 

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