La mort d’une âme

Par Emelie Bernier 30 mars 2016
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La ChantEauFête est morte. Finie. Kaputt. On a beau avoir vu venir sa mort, c’est un choc. Un proche aux soins palliatifs qui s’éteint. Prévisible, mais bouleversant. Sans la gravité existentielle, évidemment.

Quel était le mal qui affligeait l’événement de Saint-Siméon? Le même qui gruge bien des petits et moyens événements… La « manqued’argentite » aigüe, symptomatique et incurable. Incurable, vraiment?

Tout ça, c’est une question de vision. Si les mélopées bien pensantes et un brin moralisatrices vous énervent, sautez le prochain paragraphe.

Quand une société prend le parti des arts et de la culture, en fait une priorité, une valeur fondamentale, y investit à long terme et plus que des miettes, elle est là, la cure.

La ChantEauFête était le « party de cuisine des amoureux de la chanson », selon l’expression qu’on avait repiqué dans un des nombreux articles signés de ma main au sujet du festival (avec mon consentement éclairé bien sûr!) Une joyeuse fête de la chanson, humble, mais foisonnante, à dimension humaine, sur mesure pour Saint-Siméon. Une bouffée d’air doux en août pour ce village qui ne l’a pas toujours facile, qui trimballe le fardeau de son étiquette, « dévitalisé », mais qui ne se laisse pas abattre par ce poids.

Je me rappelle des belles années de la ChantEauFête. Celles des spectacles thématiques uniques, qui donnaient au public l’impression de l’être aussi. Unique, privilégié, gâté! 

Celles de l’éclatement, des scènes nomades, des spectacles en bord de mer ou en nature. De l’audace.

Celles de La Voie d’Alphonse, le si chouette projet de mon amie Elise qui mettait de la vie et du trad dans la chapelle coquette de Baie-Sainte-Catherine.

Celles des soirées à l’hôtel qui finissaient tard et des feux qui s’éteignaient à l’aube.

La dernière année, on a senti venir la fin. On avait ramené l’événement à l’essentiel, mais ce faisant, on a perdu son essence. Ce n’est pas un reproche, mais un constat. La tentative de sauvetage a échoué, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé le bouche-à-bouche.

La ChantEauFête est morte, vive la ChantEauFête. Je n’ai jamais vraiment aimé le nom du festival, je m’en confesse. Mais franchement, ce n’est qu’un détail quand on regarde tout l’effort déployé au fil des ans par les organisateurs, les bénévoles, les petites madames qui faisaient la popote, les habitants qui ouvraient leur chambre d’amis, leur chalet ou même leur garage pour accueillir la visite! C’est ça, le plus triste. La belle visite qui ne viendra plus mettre le party dans la place. Et la musique qu’il faudra se contenter d’écouter inanimée.

Saint-Siméon a perdu une âme, mais parions que sous les gravats, la vie ne demande déjà qu’à éclore avec fracas. Bravo à tous ceux qui ont fait de la ChantEauFête ce qu’elle était. Et que cette mort annoncée soit un rappel de la fragile condition culturelle. Un rappel, certes, mais un électrochoc, peut-être?

***

So long, Marine

L’agenda de Marine Le Pen est resté blanc comme neige au Québec, c’est de saison. Entre les portes fermées et quelques face-à-face houleux avec des activistes dénonçant vertement ses idées, la fille de l’autre a quand même réussi à distiller ses idées où domine la peur de l’autre. La xénophobie, son motto, son leitmotiv, son argument massue contre l’immigration et l’ouverture, a ses adeptes, ses partis, ses fous. En cela, il n’est pas tellement différent de l’islam radical. So long, Marine. Ne te bâdre pas de revenir nous voir. Le Québec emmerde le Front national.

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