Démission du directeur incendie aux Éboulements: pas de fumée sans feu

Par Emelie Bernier 19 janvier 2016
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Grégoire Bouchard quittera le 12 février ses fonctions de directeur du service de sécurité incendie. S’il part à regret, le principal intéressé  n’a pas du tout apprécié la façon de faire du conseil municipal et souhaite mettre la situation au clair.

C’est lors d’une réunion à huis clos que le conseil municipal a décidé, sans consulter Grégoire Bouchard,   de couper les 5h hebdomadaires que celui-ci consacrait à l’administration du service, faisant fi de l’implication et des innombrables heures de garde qu’il accomplissait. «Je suis déçu d’avoir été mis devant le fait accompli, sans qu’on me consulte pour savoir c’est quoi l’ampleur du travail, c’est quoi ce 5h là!

Quand tu en donnes trop…voilà ce qui arrive », soutient M. Bouchard.

Celui qui occupe le poste de directeur travaux publics, pour lequel il a un contrat de travail,   a donc refusé de cumuler les deux tâches. «Je n’allais pas baisser mes heures de voirie pour les pompiers, où je n’ai pas de contrat! J’ai 55 ans. Ce que je voulais, c’est travailler encore 4 ou 5 ans et former ma relève à l’interne », explique-t-il. Suite à cette décision du conseil, il a remis sa démission comme chef pompier.

« Est-ce qu’ils se sont rendus compte que ça allait leur coûter très cher d’avoir quelqu’un à l’externe? Ils m’ont rappelé, mais moi, je suis un gars qui avance. Quand j’ai pris une décision, je ne recule jamais. Je pars le 12, point final », affirme-t-il.

Le plus difficile est de quitter sa brigade, « une famille », dont font notamment partie ses 2 fils. « Lâcher une brigade quand ça fait 27 ans que t’es dedans, c’est dur », lance-t-il, le cœur gros. Chef pompier depuis 17 ans, il a formé les 2/3 des 31 pompiers qui composent la brigade. «On a la plus grosse brigade à part Baie-Saint-Paul. On a une force de frappe, d’excellents pompiers. C’est sûr que ça va en déranger. Je ne souhaite pas qu’ils démissionnent, mais il y en a qui ont perdu de la motivation et qui me le disent », déplore-t-il.

Grégoire Bouchard était de garde 24/24, 7 jours sur 7. « Un directeur de l’extérieur ne viendra pas régler le problème de garde! Je prenais des vacances de la voirie, mais je restais de garde pour les pompiers. Je suis allé 4 fois à Baie-Saint-Paul l’an dernier! Quand j’y vais, faut que je me fasse remplacer! Mais ça, ils n’en ont pas tenu compte… », lance-t-il.  Selon lui, les coûts du service exploseront.  « Il ne faut pas se leurrer, il y en a de l’ouvrage, avec le schéma de couverture de risque, les rapports d’incendie, les formations… »

Il quitte sans avoir réglé certains dossiers qui l’interpellaient au chapitre des conditions de travail, dont le fait que le salaire n’ait pas changé depuis 1999. « Il n’y a eu aucun ajustement, ni indexation. Et ce n’est pas uniforme. C’est quelque chose qui me fatiguait.  Je trouve ça ridicule  d’appeler Baie-Saint-Paul en renfort et que les salaires ne soit pas équitables. Je n’ai rien à dire contre Alain Gravel et sa brigade. C’est comme ça, mais payer le double pour la même job, ça me fait mal au cœur.» L’équité salariale est un des prochains points sur lesquels la MRC se penchera.

Quant à savoir jusqu’à quand il assurera l’intérim, sa position est claire. Le 12 février,  Grégoire Bouchard accrochera sa casquette de chef. « J’ai un cœur, je ne laisserai pas la municipalité en danger, mais le 12, c’est fini pour moi.»

Baie-Saint-Paul en renfort?

(DK) La municipalité a lancé un concours pour trouver un nouveau chef pour son service incendie. L’option d’imiter Saint-Urbain et de faire appel à Baie-Saint-Paul n’a pas été considérée, mais n’est pas écartée. « On va au bout du processus. Si ce n’est pas concluant on verra », indique la mairesse suppléante.  Le coordonnateur en sécurité incendie de la MRC de Charlevoix a aidé le conseil municipal des Éboulements en lui exposant plusieurs scénarios.

Le maire de Baie-Saint-Paul n’a pas pris les devants et n’a pas tendu la main aux Éboulements pour lui offrir du renfort. « Si leur concours ne se termine pas comme le conseil le souhaite, je suis disposé à discuter », dit Jean Fortin

Afin de clarifier une fois pour toutes la situation, Grégoire Bouchard signe une lettre ouverte dans les pages de l’édition papier du mercredi 20 janvier.

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