2016, l’année des pompiers ?

Par Dave Kidd 13 janvier 2016
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Les médias sont passés maîtres dans l’art de consacrer une année à une thématique. Selon moi, dans Charlevoix, 2016 deviendra « l’année des pompiers ».

Non pas par le nombre d’interventions qu’ils feront, mais bien par l’importance du changement qu’ils pourraient vivre. Tous aiment les pompiers. Un pompier, c’est fort, c’est courageux, ça sauve des vies… un héros quoi! Un pompier se passionne pour son travail, il donne sans compter.

Jobboom a publié, sur son site Internet, les résultats d’un sondage d’Ipsos Reid. La firme voulait connaître le degré de confiance que les Canadiens entretenaient par rapport aux professionnels. Naturellement, les pompiers obtiennent la meilleure cote auprès du public avec un degré de confiance de 77%.  Les travailleurs de la santé suivent dans l’ordre : ambulanciers (74%), pharmaciens (70,5%), infirmières (69%) et docteurs (65%).

Les pompiers obtiennent la cote et ils l’ont toujours eue. Ils sont souvent critiqués parce qu’ils arrivent trop nombreux sur un feu de cheminée. Mais si les flammes se propagent dans la propriété, vous serez bien heureux d’avoir « la cavalerie » au complet sur place.

En région au cours des dernières semaines, des déclarations importantes ont été faites au sujet de la procédure régionale pour le sauvetage nautique, du départ du directeur des Éboulements et du service de Baie-Saint-Paul qui viendra en renfort à celui de Saint-Urbain. Bien avant cette dernière, la préfet Claudette Simard voulait regrouper tous les services de sa MRC. Autant de dossiers « chauds » qui fument devant plusieurs politiciens. Le cocktail politique, administration et incendie ne donne pas toujours les meilleures relations, car acheter du matériel pour le service incendie comme un appareil respiratoire n’offre pas toujours l’occasion de publier une belle photo dans le journal et de marquer des points auprès des électeurs.

L’introduction et le déploiement des schémas de couverture de risques en sécurité incendie ont aussi forcé la main des élus et de la population à acheter de nombreux camions à leurs frais. Le gouvernement du Québec a laissé les élus se démêler avec ces acquisitions et subir les protestations des payeurs de taxes, qui eux voyaient d’autres priorités pour leur municipalité.

Révolution du travail

Le travail des pompiers a subi une véritable révolution au fil des ans. Mis à part les incendies et les accidents de la route, ils interviennent dans toutes les situations relevant de la sécurité civile : glissements de terrain, inondations, routes endommagées, etc. Ils sont partout et prêts à tout.

Depuis quelques années, la tendance est au regroupement des forces des municipalités. Le principal obstacle « est souvent le gars qui porte le casque blanc », me disait Daniel Brazeau, président de l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec, lors du congrès de 2013 tenu au Fairmont Le Manoir Richelieu. Depuis, le mouvement s’accentue et atteindra bientôt Charlevoix.

Car avec la tragédie de l’Isle-Verte, la question de la formation est revenue sur le tapis. Québec a accordé de l’argent pour aider les municipalités à défrayer les coûts, mais les effectifs varient, selon la grosseur des municipalités. De plus, au fil des années, chaque municipalité a développé des spécialisations. Le service de La Malbaie possède celles sur les matières dangereuses et sauvetage en hauteur, Baie-Saint-Paul celle en espace clos, Clermont–Saint-Aimé-des-Lacs–Notre-Dame-des-Monts ont leur escouade pour les opérations de sauvetage sur les TNO; même chose dans l’Ouest avec des pompiers de Baie-Saint-Paul–Saint-Urbain et Saint-Hilarion.

Il est vrai de prétendre que pour le « chef », c’est « sa » ville, « son » territoire et « ses » pompiers. Passer de chef à chef de caserne devient une rétrogradation, ce qui signifie qu’un choc survient lorsque les mots fusion ou regroupement sont prononcés – réaction tout à fait normale et surtout humaine. Mais après avoir encaissé le coup, il faut foncer et analyser les avantages dans le but d’accroître l’efficacité. Si les élus veulent regrouper pour sauver de l’argent, c’est dangereux. La gestion du risque comporte ses limites et les compagnies d’assurance scrutent les interventions au peigne fin.

Pour qu’un regroupement fonctionne, il faut impliquer dès le départ les acteurs concernés. Parce qu’ils ont été nommés pour diriger, les chefs savent de quoi ils parlent et ont des idées. Leur enfoncer une stratégie dans la gorge en espérant qu’il la répète avec conviction devient un très mauvais calcul. Les politiciens peuvent demander aux chefs un projet. Mais de grâce, laissez les faire. Pas de « piccossages »  inutiles pour faire des économies de bouts de chandelle. Il s’agit de sauver des vies…

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