Pèche au saumon: la Zec des Martres défend son territoire

6 Décembre 2012
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L’ouverture attendue de la pêche au saumon en amont du barrage de Clermont sur la rivière Malbaie passera possiblement par la création d’une zec saumon. Un scénario dénoncé par la Zec des Martres qui craint de voir son territoire et ses revenus amputés.

Selon les estimés préliminaires, le secteur de la rivière Malbaie en amont du barrage de Clermont comprendraient une quarantaine de fosses à saumon. Une section de plus de 35 kilomètres traversant les territoires de la Zec des Martres et du parc des Hautes-Gorges et dont l’ouverture est très attendue par les pêcheurs. La gestion de ce secteur passerait par la création d’une « zec saumon » selon le scénario priorisé par la Corporation saumon rivière Malbaie et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

Territoire amputé

Un scénario dénoncé par la Zec des Martres parce qu’il traverse son territoire de 416 kilomètres  carrés. « Ils coupent notre territoire en deux. Ça touche une zone de 25 kilomètres de long. Ça représente environ 20 % de notre territoire », expose la directrice générale de la Zec des Martres, Linda Desrosiers.

Le président de la Zec des Martres, Jean Ménard affirme être « choqué par la façon de faire de la Corporation et du ministère. Alors que nous étions de bonne fois à faire une entente, on se fait imposer ça, sans possibilité de négocier. Est-ce que les dés étaient pipés d’avance? »

M. Ménard et Mme Desrosiers estiment que leur organisme a déjà « tout ce qu’il faut pour gérer la pêche au saumon, avec nos postes d’accueil et nos assistants de protection de la faune » et que la création d’une autre zec est inutile.

« Lors de la création du parc des Hautes-Gorges, nous avons perdu du territoire et 50 000 $ de revenu par année. Ça fait mal à un organisme comme le nôtre. Ça fait huit ans que nous travaillons fort pour nous refaire une santé financière et sauver notre zec. Maintenant qu’on commence à peine à s’en remettre et ils veulent encore de notre territoire », explique M. Ménard.

M. Ménard et Mme Desrosiers entendent informer leur quelque 600 membres de la situation et notamment ceux touchés directement par ces nouvelles frontières qui pourraient être tracé au cœur de territoires de pêche, de chasse et de villégiature. « Nous travaillons en collaboration avec tous nos partenaires. Nous sommes toujours ouvert à discuter, mais nous ne sommes pas un buffet à volonté et nous protègerons nos membres », conclu M. Ménard.

Garantir les investissements

La création d’une zec saumon est privilégiée par la Corporation saumon rivière Malbaie (CSRM), qui gère déjà la pêche au saumon en aval du barrage de Clermont et qui est l’organisme privilégié par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

« Une zec saumon, c’est le meilleur véhicule qui peut exister. La Corporation doit être le seul gestionnaire de la pêche au saumon afin de garantir les investissements régionaux fait depuis 20 ans et les autres à venir », plaide le président de la CSRM, Ronald Desbiens, rappelant la promesse de 2001 du ministre Guy Chevrette. « Nous sommes prêts à faire une entente avec la Zec des Martres afin qu’elle puisse poursuivre ses activités dans ce secteur », ajoute M. Desbiens.

« Depuis 20 ans, ce sont près de 7 millions $ qui ont été investit sur cette rivière », rappelle pour sa part le président de la Fédération des gestionnaires des rivières à saumon du Québec, Michel Damphousse. S’il « comprend la réaction de la Zec des Martres », M. Damphousse constate « un consensus social et économique derrière ce projet appuyé aussi par le gouvernement. Si on parle aujourd’hui d’ouvrir la pêche au saumon en amont, c’est à cause de l’implication et du bénévolat de la Corporation. »

Le président de l’Association des zecs du Québec, Mathias Dufour, appuie pour sa part la position de la Zec des Martres. « Aujourd’hui, on ne modifie plus le territoire, à moins qu’il y ait consentement de tous les partis, ce qui n’est pas le cas ici. Nous sommes sur nos gardes afin que tous les partis concernés soient consultés dans cette affaire. La position de la Zec des Martres est logique. Qu’on s’assoit et qu’on les écoute.»

Des consultations publiques seront menées auprès des organismes concernés par la création de la zec saumon à savoir la Zec des Martres, la CSRM, le parc des Hautes-Georges, la Conférence régionale des élus et la MRC-E.

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