Journée internationale de lutte contre l’homophobie:Bienvenue à Gaie-Saint-Paul

Par Emelie Bernier 18 mai 2012
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Quand David Mancini a décidé d’annoncer à ses parents qu’il était gay, ça été la catastrophe. Pourtant, il ne s’est jamais senti plus libre et plus léger qu’après ce qu’on appelle communément son « coming out».

 

Plusieurs années plus tard, c’est avec beaucoup d’humour qu’il témoigne de la découverte de son orientation sexuelle, de sa sortie du garde-robe, « un terrible désastre »,  puis de sa vie d’immigrant américain homosexuel dans la petite ville de Baie-Saint-Paul. Son témoignage, c’est à l’occasion de la journée internationale de lutte contre l’homophobie qu’il l’a rendu, devant quelques dizaines de personnes présentes au Musée d’art contemporain et à l’invitation du Comité R.A.D.O.S (Respect et acceptation de la différence liée à l’orientation sexuelle), initié il y a 10 ans par le centre de prévention du suicide de Charlevoix.

 

Renée-Claude Laroche, directrice du CPS, explique l’intention derrière cet événement modeste. « L’idée est de mettre l’emphase sur un modèle positif. On a réalisé que c’est souvent le manque d’espoir de trouver l’amour et de le vivre au grand jour, la peur d’être seul,  qui fait que les jeunes gais, surtout en région, vont penser au suicide», explique-t-elle.

 

David Mancini pourrait les rassurer. Depuis, ses parents l’ont accepté et apprécient son conjoint.  Lui qui a trouvé l’amour à Montréal et qui a emménagé à Baie-Saint-Paul avec son amoureux craignait aussi d’être isolé, voir ostracisé dans la petite bourgade. «À Montréal, tout le monde est gai, c’est facile! J’avais peur d’être seul ici, mais Baie-Saint-Paul, c’est gay-Saint-Paul! C’est plein de gais », a-t-il finalement constaté, faisant rigoler l’assistance.

L’événement a aussi permis d’entendre Chantal Pothier du CSSSC. Celle-ci a mis l’emphase sur les actions positives d’intégration et d’acceptation mise en place par son employeur et les retombées positives de celles-ci chez les travailleurs gais et lesbiennes qui représentent, selon la statistiques, 10% de la population. «Il y a un impact réel! Les gens qui ont fait leur coming out professionnel n’ont aucun problème, ils ne sont pas du tout mal perçus et ils me disent « si je n’avais pas été accepté, j’aurais été ailleurs » », explique Mme Pothier. Selon elle, l’acceptation permet de garder des gens de qualité dans les rangs des organisations. « Cependant, quand je leur ai demandé de venir témoigner publiquement, personne n’a voulu. Ce qui prouve qu’on a encore un bout de chemin à faire », at-elle conclu.

 

La tenue de l’événement au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul n’est pas fortuite. L’exposition Paragraphe 175, de l’artiste Louis Cummins, est en cours et relate un chapitre particulièrement pénible de la 2e guerre mondiale, soit la répression à l’égard des homosexuels. « Ça prend un certain courage pour diffuser cette exposition, une volonté de s’inscrire dans la communauté. Faire une œuvre comme ça n’est pas désintéressé. C’est s’engager dans un contexte qui peut créer de la polémique », a soutenu l’artiste. Le MAC est la première et à ce jour la seule institution à avoir dit oui à l’artiste.

 

Gaicharlevoix.com

Avec des amis, David Mancini a décidé de créer le site gaicharlevoix.com et un premier événement est annoncé pour le 9 juin à midi au Quai de Baie-Saint-Paul. «C’est une petite « fierté gai made in Baie-Saint-Paul », image-t-il, conviant les LGBT (Lesbiennes, Gais, Bisexuels, Transgenres), les curieux et tous leurs amis, finalement. Un événement inclusif et convivial où chacun amène un petit quelque chose à partager. « C’est un premier événement public, juste pour dire que c’est correct d’être, pour être ensemble. Ça s’appelle Gais au Quai! », lance-t-il avec un sourire.    

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