Ondes de choc: des impacts sur tous les fronts

Par Emelie Bernier 18 mai 2011
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Chantal Pothier, psychologue sur l’équipe de santé mentale jeunesse (0-18 ans) du Centre de Santé et de Services Sociaux de Charlevoix, travaille de plus en plus avec des jeunes victimes d’intimidation. Elle ne peut que constater l’ampleur des ravages chez les victimes, mais aussi chez les témoins et… chez les agresseurs! Tour d’horizon de l’étendue possible des dommages.

 

La victime

« Chez la victime, on retrouve un sentiment d’humiliation, une image de soi négative. L’intimidation attaque l’estime de soi. « Je ne suis pas beau, je ne suis pas gentil, je ne vaux rien », se disent souvent les enfants qui se font intimidés, verbalement ou physiquement. Ils vont avoir tendance à s’isoler, à faire de l’évitement comme refuser d’aller à l’école ou de prendre l’autobus, si c’est là que l’intimidation se manifeste», explique la psychologue.

Il n’est pas rare que des symptômes physiques apparaissent. « Certains enfants vont somatiser. Ils vont éprouver des maux de ventre,  des maux de tête. La peur peut se transformer en symptômes anxieux : de l’insomnie, des vomissements.» Les impacts peuvent aller jusqu’à la baisse de concentration et des résultats scolaire. L’incidence de décrochage scolaire est aussi plus élevée. « Quand tu penses sans cesse que tu vas te faire écoeurer à la récré, c’est dur de rester concentrer. L’école devient l’endroit à éviter », illustre-t-elle. Les filles sont quant à elles particulièrement susceptibles de développer des troubles alimentaires, parce qu’elles reçoivent des critiques sur leur corps.  La dépression, les idées, voire même les actes, suicidaires, ne sont pas loin. « Les enfants se disent qu’ils ne valent pas la peine de vivre! » Des recherches ont prouvé qu’une personne sur deux ayant subi de l’intimidation jonglera avec l’idée de s’enlever la vie à un moment ou un autre.

 

Les témoins

Ce sont les « grands oubliés » de la problématique, croit Mme Pothier. « Des témoins, il y en a nécessairement. Souvent, ils évitent de se tenir avec l’enfant intimidé, même si c’est leur meilleur ami parce qu’ils ont peur d’être agressé eux aussi. Ça brise des amitiés. Un jeune a perdu son meilleur ami parce que celui-ci était gai et qu’il avait peur du regard de l’autre. Il a ressenti de la culpabilité de laisser l’ami en proie aux intimidateurs, de ne pas le défendre », image Mme Pothier. L’autre type de réaction, c’est celle de se ranger du côté de l’intimidateur. « Les jeunes ont des comportements qu’ils n’auraient pas normalement et ils ne se sentent pas en paix avec eux-mêmes », constate l’intervenante.

 

L’intimidateur

« Dans une gang, ça va bien pour l’agresseur, mais l’intimidateur aussi peut se retrouver isolé. Il peut perdre ses amis s’ils ne sont pas d’accord avec ses comportements. Quand tu intimides, il y a souvent aussi une baisse au niveau des notes. Sans parler des risques légaux! Quand tu es intimidateur, tu peux te retrouver devant la justice si tu blesses quelqu’un ou même que tu le menaces et que celui-ci porte plainte », de conclure Chantal Pothier.

 

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