La chimie du cerveau modifiée par l’intimidation

Par Emelie Bernier 18 mai 2011
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 Les preuves sont là, accablantes. L’intimidation affecte le cerveau et modifie la mémoire en plus d’affecter le traitement de données. Ce constat, résultat d’une recherche de l’Université Rockfeller, amène à conclure que l’intimidation a des effets aussi graves sur le cerveau des enfants que la violence familiale.

« Il y a des impacts chimiques prouvés. Quand tu subis un stress, il y a une décharge d’adrénaline et de cortisol et si tu ne bouges pas physiquement pour compenser, ces taux-là restent élevés et ont un impact au niveau du développement du cerveau, au niveau du centre du plaisir. C’est ce qui explique les symptômes dépressifs qui peuvent se manifester plusieurs années après le traumatisme», explique la psychologue Chantal Pothier qui ajoute que «chez les touts-petits, les dommages peuvent être irréversibles, car le cerveau est encore en plein développement.» Aux États-Unis, le chercheur en neurologie Martin Teicher a fait subir des IRM  à des enfants victimes d’intimidation récurrente. Les IRM ont démontré sans l’ombre d’un doute l’impact neurologique de ce stress indu. 

Jasmin Roy a vécu les contrecoups de plusieurs années d’intimidation alors qu’il avait 27 ans et que sa vie semblait au beau fixe. « Je me suis mis à faire des crises d’angoisse, je me réveillais la nuit en tremblant! Pourtant, tout allait bien. J’avais un conjoint, une maison, une job que j’aimais. 4 ans de psychiatrie ont été nécessaires pour me défaire des stigmates de mon passé d’intimidé. »

Aujourd’hui, il n’hésite pas à se servir de cet argument dans sa cabale pour doter les écoles de ressources compétentes en matière d’homophobie et d’intimidation. « C’est prouvé qu’un enfant qui se fait intimidé, c’est la même conséquence qu’un enfant battu, ça laisse des traces permanentes sur le cerveau! On n’a plus de raisons de ne pas se mobiliser. Tu ne peux pas évoluer normalement dans un milieu hostile. »

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