Québec blâmé pour un acte de pollution

12 mai 2011
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 L’environnementaliste Daniel Green affirme que le ministère de l’Environnement du Québec a fait «preuve d’incompétence ou d’aveuglement volontaire» dans le dossier de Sani-Charlevoix, à Saint-Irénée. Mais le comité de Bassin Versant de la Rivière Jean-Noël condamne le ton alarmiste de celui-ci.

Le toxicologue, qui copréside la Société pour vaincre la pollution (SVP), a publié les résultats d’une enquête menée en décembre 2009 sur l’entreprise Sani-Charlevoix, gestionnaire de boues d’épuration. Comme l’avait exposé l’émission La Facture en février dernier, la SVP conclut à «un acte de pollution».

Il estime que l’entreprise a notamment déversé dans un affluent de la rivière Jean-Noël plus de 750 000 litres d’eau sale et d’excréments en 10 ans, résultats de débordements de bassins. Mais plus grave encore, il croit que le gouvernement a fermé les yeux : «Soit il est incompétent parce qu’il ne comprend pas, soit il est incompétent parce qu’il ne vérifie pas, mais dans les deux cas, c’est de l’incompétence», argue le coloré enquêteur environnemental.

Ce dernier dit craindre pour la gestion des autres gestionnaires privés de boues provenant des fosses septiques. Il dit mener une enquête sur 14 d’entre eux. «Les pollueurs pourront polluer tant et aussi longtemps que le ministère ne les arrêtera pas. Dans le cas de Sani-Charlevoix, il a pollué parce que le ministère ne l’a pas suivi», dit-il.

Les échantillons de M. Green montrent notamment des taux d’azote et de nitrite 4,4 et 3,9 fois plus élevés que la norme prescrite. Des taux anormalement élevés de cuivre ont aussi été détectés sur les dépôts de boues. «Il fallait vraiment faire exprès pour ne rien voir, ajoute-t-il. Essentiellement, c’est le SVP qui a fait la job du ministère.»

Une vingtaine de résidants de Saint-Irénée ont écouté l’exposé de M. Green mardi dernier à Saint-Irénée, dont des membres du Comité du bassin versant de la rivière Jean-Noël. Ils reprochent à l’homme d’être alarmiste.

«J’avais l’impression d’être revenu 20 ans en arrière quand les environnementalistes dénonçaient, mais n’apportaient pas de solutions. Il présente certes des faits, mais aussi beaucoup d’allusions», disait le président, Claude Letarte.

Ce dernier préfère parler d’une étude du MAPAQ, sur six mois, avec plus d’un prélèvement, qui montre que la rivière est en quasi parfaite santé. Cette étude devrait être rendue publique d’ici quelques semaines. M. Letarte ne nie pas les gestes reprochés à Sani-Charlevoix, mais rappelle que la compagnie investit 100 000 $ pour la mise aux normes d’un site vieux de 20 ans.

Mais s’il y a un point sur lequel il est d’accord avec M. Green, c’est la timidité du ministère de l’Environnement. «Je ne comprends pas que le ministère ne soit pas plus rigoureux dans ce dossier.»

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