Comme dans le temps

1 février 2011
Temps de lecture :

-22 °C. Saint-Urbain, Charlevoix. Une douzaine de fumettes blanches trahissent l’effort de ces hockeyeurs. Sur les bancs de neige entourant la patinoire du village, les parents, chaudement emmitouflés, encouragent chaque coup de patin. Parfois c’est le talent, d’autre fois l’argent, qui éloignent ces jeunes des ligues chapeautées par Hockey Québec. Histoire d’une ligue extérieure plus grande que nature!

 «Aimez-vous ça jouer au hockey dehors au fret?» La réponse ne se fait pas attendre. En chœur, les «gars» de Saint-Urbain crient un oui bien senti. «Ce qui est beau dans tout ça, c’est que les jeunes s’amusent. Ils jouent contre des petits gars qu’ils connaissent parce qu’ils se côtoient à l’école et il se crée une saine rivalité», ajoute l’entraîneur, Marc Archambault.

Depuis trois ans, des jeunes de 10 à 16 ans rivalisent sur les glaces extérieures : Saint-Urbain, Notre-Dame-des-Monts, Saint-Hilarion, Saint-Siméon, Petite-Rivière et La Malbaie. L’initiative gagne en popularité : jouer au hockey comme dans le temps, pour le plaisir! Entre les périodes, on sert même du chocolat chaud aux spectateurs pendant que les hockeyeurs se réchauffent les mains.

Gaétan Sirois est le président fondateur de cette ligue : «Je faisais des ateliers de hockey et je voyais que ça intéressait les jeunes. Alors on a créé la ligue. Il y avait trois équipes la première année, puis six l’hiver dernier et cette année il y en a huit, pour une centaine de jeunes de six villages différents. Ils sont divisés en deux sections : 10 à 13 ans et 14 à 16 ans», raconte-t-il.

Ils jouent six parties durant la courte saison, avec une journée dédiée aux rondes finales. «Ça crée un sentiment d’appartenance à sa municipalité. Ça permet à des jeunes qui ne pourraient pas le faire sans cela de jouer au hockey, sans compter la promotion de l’activité physique chez les jeunes», ajoute M. Sirois.

Spectatrice attentive lors de cette partie, la mairesse de Saint-Urbain, Claudette Simard, jubile de voir cette toute simple infrastructure municipale si utilisée : «Je suis épatée de voir tous ces jeunes sur la patinoire. Ça me rappelle des souvenirs parce qu’à mon époque, avant les arénas, le hockey, c’était dehors. C’était partout dans les municipalités», dit-elle.

«Mon fils est heureux de jouer au hockey», dit Georges Cloutier, qui croit que Hockey Québec devrait prendre acte de ce genre d’initiatives. «La fédération de hockey sur glace a des règles qui favorisent l’élitisme. Pour eux, cette ligue, ça devrait être un drame. Dans Charlevoix, il y a une seule équipe midget et elle doit être de double lettre (CC); pour tous les autres, qui ont moins de talent, sans notre ligue, c’est la fin du hockey», explique-t-il.

«Il y a des jeunes qui, la première année, n’avaient jamais joué un match de hockey de leur vie. Aujourd’hui, ils sont encore là», ajoute M. Sirois, en suivant les dernières minutes du match entre Saint-Urbain et Notre-Dame-des-Monts. Et voilà un autre but : des jeunes filles lancent leur bonnet sur la glace. On comprend alors qu’il s’agit d’un tour du chapeau. Comme dans le temps. Et pour ceux que ça intéresse, les journées éliminatoires se tiendront le 12 février pour les 10-13 ans (à Notre-Dame-des-Monts) et le 19 février pour les 14 à 16 ans (à Saint-Urbain).

Partager cet article