«Je ne m'en vais pas dans un camp de vacances»—Guillaume Perron

5 novembre 2010
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À l’aube de son départ pour une première mission en Afghanistan, l’ingénieur sapeur Guillaume Perron, militaire spécialisé dans les explosifs et le déminage, se dit pleinement conscient du danger qui le guette dans ce pays confronté à une menace terroriste redoutable.

 

Guillaume, âgé de 23 ans, est le fils de Raymond Perron et de Carole Dufour, domiciliés à La Malbaie. Il fera partie du dernier contingent de 1900 soldats de la base de Valcartier qui s’envolent petit à petit à Kandahar pour une ultime mission de contre-insurrection.

 

Le sapeur Perron figure au sein du 5e Régiment en génie de combat qui est spécialisé, entre autres, dans la construction de routes, de pontage et de fortification de base :

 

«Quand je sortirai des murs du campement, je serai alors en plein cœur du danger, en plein cœur de la guerre, confie le jeune homme. Ma mission consistera à effectuer des patrouilles de reconnaissance, à pied ou à bord d’un véhicule blindé, afin de sécuriser les routes ou les voies d’accès, en dénichant des mines ou des bombes artisanales qui ont été camouflées par les talibans ».

 

M. Perron ne s’en cache pas outre mesure. Il avoue avoir peur et que ses craintes grandiront lorsqu’il foulera le sol de Kandahar : «Je ne m’en vais pas dans un camp de vacances, mais à la guerre, dit-il sans ambages. Je suis conscient que je peux revenir blessé ou ne pas revenir du tout. C’est comme un coup de dés. En revanche, je me suis conditionné avec cette idée. J’ai choisi une carrière dans les Forces armées canadiennes en sachant qu’un jour, ça sera mon tour pour l’Afghanistan. Mon travail consistera à dénicher les mines et si je réussis à ce moment-là à sauver une famille afghane ou quelques-uns de mes compagnons d’armes, ma mission là-bas n’aura pas été vaine.»

 

Le militaire ne peut pas dévoiler les techniques utilisées lors du déminage d’une route ou celles employées pour découvrir les mines, secret militaire oblige : «Ma mission à Kandahar est avant tout l’aboutissement de mon entraînement et de ma formation qui ont exigé un long processus de douze mois. C’est la seule façon qui s’offre à moi pour exercer mon métier. Je me suis entraîné au Québec et ailleurs pour en arriver là», confesse-t-il.

 

Guillaume Perron a joint les Forces armées en 2007 pour embrasser une carrière bien remplie et enivrante : «Les conditions de vie, le salaire et les avantages sociaux sont plus qu’intéressants pour un jeune de mon âge. Les militaires ne connaissent pas la routine. Il n’y a pas une journée pareille», lance-t-il tout de go.

 

Le dernier contingent canadien restera à Kandahar pour une période de 7 à 9 mois avant de plier définitivement bagages. Guillaume espère durant son séjour de ne pas revenir à la maison affecté mentalement en raison des scènes de guerre qui peuvent se produire en tout temps :

 

«Ma plus grande crainte finalement, conclut-il, c’est de voir un mes camarades sauter sur une mine ou tuer par une balle. Je ne sais pas si je suis fait pour survivre face à un tel drame. Je pars à la mi-novembre en me disant que c’est correct d’être animé par la peur, car c’est à ce moment-là qu’on est toujours aux aguets. Le contraire pourrait s’avérer dangereux.»

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