La catharsis de Marvin

Par Emelie Bernier 6 mai 2010
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Dans un décor minimaliste où trônent en bonne place une baignoire et une toilette, une batterie de personnages tous plus déjantés les uns que les autres évoluent, ou régressent, c’est selon. Bienvenue dans l’univers de Marvin, un pauvre bougre en quête d’équilibre dans un monde qui en manque cruellement.

 

« Flush ta crotte, Marvin », clament en choeur les protagonistes de la pièce. Difficile de résumer l’action de la dernière création collective des étudiants du centre d’études collégiales en Charlevoix, écrite et dirigée sous l’égide des metteurs en scène et co-auteurs Patrice Gagnon et Isabelle-Anne Messier.

Ici, une psychologue lousse sur les prescriptions distribue les caplets à tout vent pendant que là, un fonctionnaire drillé au quart de tour répète machinalement des instructions tirées d’un manuel improbable,  traduction simultanée et envolées lyriques surréalistes incluses. Tour à tour, une femme de ménage héroïque analyse la cuvette multi-tons, un pote de Dieu pique une jasette avec son ami « le gros », une intense amante de la nature massacre des fourmis… Les personnages sont tout sauf homogènes. Et l’histoire, tout, sauf linéaire.

 

Marvin (Christopher-Charles Dallaire) et Sam (Cédric Perron) en pleine quête existentielle.

 

La performance des comédiens amateurs est souvent à couper le souffle. Le texte, riche et littéraire, semble couler de source et le jeu, dynamique, confère au tout des allures de comédie musicale tonique. On sent parfois l’influence de Boris Vian dans quelques répliques loufoques. Les références aux existentialistes et autres philosophes foisonnent. Freud n’est jamais bien loin…

L’assistance réagit étonnamment bien à ce foisonnement qui frise parfois le délire. Les rires fusent de toutes parts, comme propulsés par une bonbonne de sent-bon. Il faut dire que les histoires de m…, c’est toujours drôle!

Mais attention! Le music-hall des cuvettes: Marvin ou comment nettoyer son soi et foncer proprement, n’est pas qu’une fable joyeusement scato. Le mal-être s’y faufile et au-delà du rire, une réflexion s’impose sur les rapports entre les êtres, les faux-semblants, les pilules porte-bonheur et… l’hygiène des cabinets!

Dans le rôle d’Ernest, Yannick Tremblay livre une performance remarquable.

 

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