Les dessous fascinants de la justice

Par Emelie Bernier 7 avril 2009
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305 personnes ont franchi les portes du Palais de justice ce dimanche dans le cadre des Rendez-vous avec la Justice.  Entre les simulations d’enquête, le mariage bidon et les conférences tous azimuts, les visiteurs ont eu droit à un aperçu de la vie au Palais de justice. Coup de coeur du public? Les quartiers cellulaires!

Les cellules sont exiguës et d’une sobriété extrême. Une petite banquette compose le mobilier. La lumière s’y fait rare et les lourdes portes de métal quadrillé, fermés avec d’énormes cadenas, semblent impossibles à franchir, sauf pour les passe-muraille. Au bout de la rangée de portes grillagées, la toilette rudimentaire et sans porte laisse peu de place à l’intimité. Un endroit où on préfèrerait ne jamais aller, mais qui, en ce dimanche de portes ouvertes, a attiré une foule curieuse.

« Ici, les détenus ne font que passer en attendant de comparaître et on ne les boucle pas tous à clé dans les cellules », explique Robin XXX, guide aujourd’hui, mais policier dans la vraie vie. «Ceux qui passent par ici ont commis des délits sur le territoire de Charlevoix, mais s’ils sont détenus, ils le sont à Québec, d’où on les emmène pour leur procès. S’ils n’ont pas le temps de comparaître, ils retournent dormir à Québec et reviennent le lendemain », explique-t-il aux enfants et aux adultes visiblement fascinés.

Le greffier Daniel Martineau est surpris de l’achalandage monstre de la journée. « Ce matin, je me disais que si nous avions 70 personnes, ce serait un succès. 305, c’est étonnant et ça prouve que les gens s’intéressent beaucoup aux procédures judiciaires et à ce qui se passe ici en général », admet maître Martineau.

Parmi les activités les plus courues, notons la simulation d’enquête en matière de protection de la jeunesse. Une mère (très convaincante avocate Véronique Martel Simard) tente de ravoir la garde de son enfant avec l’aide de son avocat, tandis que l’avocat de l’enfant et le procureur du DPJ exposent à la juge Lucie Rondeau les arguments suggèrant que ceci exposerait l’enfant à un risque. Pour cette simulation, le public a été appelé à se prononcer, une démarche intéressante, selon la juge Rondeau. « Nous traitons des cas comme celui-là tous les jours, dont une cinquantaine dans Charlevoix et je pense que c’est important que les gens comprennent que l’enfant est toujours représenté par un avocat, quelque soit son âge. Le jugement est posé dans l’intérêt de l’enfant d’abord », confie la juge, admettant que l’émotivité est toujours au rendez-vous lors des plaidoieries et qu’il n’est pas toujours facile d’annoncer les jugements devant les parents contrits.

Me Martineau a quant à lui officié au mariage factice de deux adolescents qui se sont prêtés au jeu.

Pour Me Chantale Couturier, directrice régionale des services judiciaires pour la région de la Capitale-nationale, cette journée portes ouvertes a principalement pour but de « permettre au citoyens d’en apprendre plus sur leurs droits et sur le système qui les défend. »

« Nous tenons à ce que l’accès à la justice soit connu et démystifié. Lorsque le citoyen connaît les services, il a moins peur d’entrer au palais de justice », estime l’avocate qui se réjouit que des juges se soient prêté au jeu de rencontrer le public. « Nous avons  la chance d’accueillir aujourd’hui l’honorable Danielle Blondin, juge de la cour supérieure. Elle discute avec les gens, car pour elle comme pour les autres membres de la cour, c’est très important d’être en interaction avec les citoyens », conclut Me Couturier. 

Il s’agit de la deuxième journée portes ouvertes du Palais de justice de La Malbaie. La première avait eu lieu il y a plus de 15 ans.

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